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Critique de nadejda


Tout va bien pour Fiodor Zavalichine, appelé Théo par ses amis. Exilé russe il a fui la Révolution et s'est installé à Paris où il s'est bien intégré. Il est devenu photographe et gagne très bien sa vie :
« Cela faisait cinq ans qu'il était le locataire de madame Tanguy rue Caulaincourt, sur les hauteurs de Montmartre. C'était une maison convenable : il n'y avait pas de papier peint aux murs. Fiodor avait installé son atelier et son laboratoire au rez-de-chaussée, et son appartement se trouvait au premier. Madame Tanguy, elle habitait au second.
(…) le soir, « Fiodor Ivanovitch fabriquait des cartes postales pornographiques de grande qualité qui étaient extrêmement demandées sur le marché clandestin. Dans la journée, il recevait des clients ordinaires…» p 68 69

Mais son passé resurgit et sa vie va basculer quand il se rend au 86 avenue Emile-Zola, au Casino de Grenelle, cinéma où était alors projeté « Le cuirassé Potemkine ».
Théo, originaire d'Odessa avait fait son service militaire en 1905 et son régiment avait été envoyé écraser les manifestations d'ouvriers et d'étudiants qui avaient suivi l'insurrection des matelots du cuirassé.
En revoyant la scène où des insurgés se font massacrer sur le grand escalier qui descend vers le port d'Odessa, il lui revient qu'il a tiré sur des gens se trouvant le long de l'escalier. Persuadé d'avoir tué, il se sent alors envahi par la culpabilité et se présente au commissariat du XVe arrondissement où il a une crise accompagnée de convulsions, diagnostiquée comme étant une crise d'épilepsie.
A partir de ce crime dont il s'accuse et dont il doit porter le poids car il n'y a pas de motifs de condamnation, les évènements se précipitent et d'autres crimes auxquels Théo participe, volontairement ou non, s'enchaînent en cascade. Théo ne sait plus où il en est mais il est persuadé qu'un autre coeur énorme est en train de pousser en lui, un coeur plein d'amour quels que soient les crimes commis.

Dès le début on ne peut s'empêcher de penser à Crime et Châtiment de Dostoievski.
La suite de « Potemkine ou le troisième coeur » confirme cette impression et l'on y croise les Frères Karamazov et le moine Zossime mais aussi le Comte de Monte-Christo de Dumas, Le Marquis de Sade, Zola, Rilke…. Interrogation sur Dieu qualifié de « marchand de honte » (« La liberté est l'apanage de ceux qui ne connaissent pas la honte, Fiodor ! » lui dit son ami Domani), sur la culpabilité et l'innocence, sur la rédemption, c'est un livre burlesque, fantastique et tragique, qui m'a désarçonnée mais qui n'arrête pas de me questionner depuis que je l'ai refermer. Et j'aime cela. J'ai aimé aussi l''évocation réussie du Paris des années 20.
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