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3,83

sur 316 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans les Récits d'un jeune médecin, on découvrait un jeune praticien envoyé en 1917 dans un petit hôpital de campagne de la Croix-Rouge, à Mourievo, province de Smolensk, où il pratiquait, sans expérience et livré à lui-même, toute la médecine, se déplaçant dans la boue et le froid pour consulter ses malades au plus profond d'une Russie arriérée, superstitieuse et fataliste. Ce médecin dans Morphine s'est épanoui car il a quitté son hôpital reculé pour un autre en ville. Mais bientôt une lettre de son successeur, devenu toxicomane, le ramène à son point de départ.

Comme toujours avec Boulgakov, dans ces pages largement autobiographiques, sa vision d'une Russie souvent grotesque et pathétique est passionnante et… dérangeante.

Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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Ce n'est pas tant la quantité, mais la qualité qui compte.
Ce lieu commun, il m'est venu immédiatement à l'esprit après avoir lu ce très court récit d'un de mes auteurs préférés, Mikhaïl Boulgakov, lecture faisant suite à la très longue, trop longue, biographie de Kessel et Druon, Les partisans.
Récit de Boulgakov tiré de son recueil de nouvelles La garde blanche.

En une quarantaine de pages, le drame de l'addiction à la drogue.

Probablement une histoire tirée de l'expérience personnelle de Boulgakov, qui connut une période de morphinomanie.
On ne peut être qu'impressionné par la capacité de l'auteur à mettre à distance par la fiction cette expérience terrible, et d'en tirer un récit saisissant, si bien construit. Tout le génie de Boulgakov dans ce diamant noir.

Le narrateur, le Docteur Bomgard, un jeune médecin, est très content d'avoir pu quitter son lieu d'exercice où il a exercé pendant plusieurs mois dans un village isolé du monde, et d'y avoir été remplacé par un collègue qu'il a connu durant ses études, le Docteur Poliakov.
Il est maintenant dans une grande ville, dans un hôpital dont il se plaît à décrire tous les équipements et toutes les facilités d'exercer son métier.
Ayant reçu un message étrange de Poliakov, qui lui demande venir à son aide, car il est atteint d'un mal mystérieux, il met du temps à se mettre en route pour, arrivé sur les lieux, apprendre brutalement que Poliakov vient de se tirer une balle dans la poitrine.
A côté de son collègue mourant, il découvre un cahier qui lui est destiné.
C'est le journal de Poliakov, qui décrit dans le détail sa descente aux enfers. C'est précis, réaliste, poignant, terrible. Tous les sentiments, l'euphorie, la lâcheté, l'impossibilité de suivre un traitement de désintoxication à l'hôpital où il a tenté de faire une cure, les hallucinations, la déchéance physique, tout cela raconté dans un style haché, frénétique.
C'est absolument bouleversant.

L'épilogue de la nouvelle, une simple page.
Le Docteur Bomgard, dix ans plus tard, relit le journal de Poliakov.
Suit cette réflexion, qui est probablement celle de l'auteur, à propos de ces pages :
« Je ne suis pas psychiatre, et ne puis dire avec certitude si elles seront édifiantes, utiles..Je les crois utiles. »
Et, un peu plus loin, les dernières lignes « signées » dont on sent la tonalité cathartique (on comprend qu'on peut y remplacer Bomgard par Boulgakov):
«Puis-je publier ce journal qui m'a été donné? Je peux. Je le publie.
Docteur Bomgard »

A vrai dire, je ne sais s'il y a d'autres récits dans lesquels la narratrice ou le narrateur raconte son expérience de la drogue, je suppose qu'il y en a, mais je n'ai pas de point de comparaison.
Néanmoins, ici, c'est la transformation d'une expérience terrible en un bijou littéraire.
La littérature c'est cela aussi, je crois.
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Cette nouvelle bouleversante (semi-auto-biographique) raconte comment la solitude d'un médecin généraliste de campagne, en Russie en 1919, l'a poussé à la morphinomanie.
Il faut savoir qu'à l'époque, être médecin généraliste de campagne signifiait plusieurs choses:
1° Etre capable de faire toute la médecine à soi tout seul. Non , il n'était pas inexpérimenté mais c'est la lourdeur des responsabilités qui pesait sur le médecin. Il n'avait personne pour l'aider (a part 2 auxilliaires...) mais aucun autre médecin pour lui donner de l'aide. Il devait faire des opérations, des accouchements... TOUT seul !! et en tant que généraliste.
2° Couvrir une zone très vaste: la campagne. Il avait un traineau pour se déplaçer en cas d'urgence.
3° Il était appelé à n'importe quelle heure de la nuit par n'importe qui.
4° L'isolement total: il était affecté seul à son poste, dans un endroit perdu de la civilisation, la disponibilité 24h/24 dont il devait faire bénéficier les paysans contribuait à son isolement et repli sur lui-même car il n'avait pas de vie! Il était épuisé !
5° Il n'avait pas le droit d'être malade ni épuisé puisqu'il devait être en permanence disponible... et la morphine étant fréquemment utilisée à cette époque, un peu trop facilement, ceci expliquant cela, tout a contribué à sa perte.
Magnifique et terrifiant: c'est du Boulgakov !!!
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"Morphine est un texte glaçant et limpide ; il montre sans aucune complaisance la détresse de la condition humaine, la solitude des personnages dans ce contexte de révolution triomphante en Russie, de promesse de bonheur universel. Boulgakov fut lui-même médecin avant de devenir écrivain. Quand il composa Morphine en 1927, il avait déjà une longue pratique d'écrivain. Il dut cependant vivre de la rédaction d'articles et d'un petit travail au théâtre de Moscou, obtenu par l'intermédiaire de Staline, qu'il supplia de le laisser créer librement ou d'émigrer. Cet écrivain passionné de théâtre, ennemi de la bureaucratie, fut écrasé par le pouvoir soviétique, il dut survivre d'emplois subalternes sans jamais prêter allégeance. Son théâtre fut interdit de son vivant et encore aujourd'hui trop peu monté. En France, deux magnifiques mises en scène de ses pièces ont été présentées, le Maître et Marguerite par Simon Mc Burney à Avignon en 2012 et La Fuite par Macha Makeïeff à Marseille en 2017, l'histoire des Russes blancs chassés par les rouges bolcheviks, qui fuient vers la Crimée, Constantinople et Paris à l'aube des années 20. Ses oeuvres complètes furent publiées dans leur version intégrale lors de la perestroïka. Il est devenu l'un des écrivains les plus lus de Russie."
Sylvie Boursier (Extrait de la critique parue dans DM)
Lien : https://doublemarge.com/morp..
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Breve petit ecrit relatant da facon romancer l'addiction d'un medecin pour la morphine. Selon les biographes, il semblerait que l'auteur lui-meme s'est épris de la morphine à une certaine époque de sa vie, ce qui rend d'autant plus intéressant cet écrit ''confidence''.
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4.25/5.
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