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Citations sur Chronique japonaise (67)

En quinze ans de persécutions massives, la chrétienté japonaise est détruite. On renie Dieu ou on meurt sur la croix, dans l'huile bouillante, dans la lave des volcans du Kyushu… cela avec un empressement, un courage, un mépris de ce bas monde qui édifient et médusent l'Occident. C'est que, dans l'éthique japonaise, mourir pour son seigneur est dans l'ordre des choses : même un vaurien connaît cette règle-là. À plus forte raison quand le Seigneur est déjà mort pour vous.
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Je commençais à savoir manger à la japonaise, il m'a donc fallu apprendre à ne plus manger du tout. Dans les deux mois qui ont suivi la guerre, quand on prenait d'assaut les trains dans la campagne pour aller échanger les dernières reliques familiales contre deux navets ou trois œufs, tous mes voisins d'Arakicho ont dû passer par là. Un apprentissage complète d'ailleurs heureusement l'autre et, pour le voyageur, c'est le meilleur moyen de vaincre les dernières réticences qu'inspire une cuisine étrangère. Au bout d'une semaine de diète, les fumets et saveurs qui me paraissaient suspects il n'y a pas si longtemps encore, me vont droit à l'estomac. Sitôt qu'il en sera de nouveau question, je mangerai de tout : du daïcon, du renkon, gros navets jaunes obscènes au goût fort et suri que l'on fait macérer dans la saumure, du bouillon d'algues, de la limule crue (tabiebi) débitée en rondelles, de ces gros coquillages noirâtres (sasae) dont le saké n'enlève pas l'amertume, même le misoshiro, la soupe aux fèves rouges du petit déjeuner dont le fumet aigre et brûlé m'a si souvent soulevé le cœur, je l'aime à distance. Je suis acclimaté.
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Quelques années plus tard, les Japonais envoient une autre ambassade de huit lettrés, choisis avec un soin extrême pour leur caractère, leur zèle à l'étude… et surtout leur vertu, car la mer est mauvaise et on a cette idée très belle qu'un vaisseau chargé de "justes" a de meilleures chances d'arriver à bon port. On rêve aux contacts que l'Europe aurait pu établir avec l'Ancien et le Nouveau Monde si les navigateurs du XVIe siècle avaient été choisis ainsi. Il est vrai qu'ils ne s'en allaient pas pour apprendre, mais pour piller.
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Je m'en souviens comme d'hier : chaude pluie de juin, de hautes frondaisons vert pâle bougeaient contre un ciel lumineux et gris. Ces mêmes arbres aujourd'hui dessinés par la neige. Dans l'intervalle qui sépare ces deux trajets j'ai l'impression d'avoir été d'une certaine façon absent de ma vie. Je suis curieux de voir qui du pays ou de moi aura le plus changé.
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En revenant de voyage nous sommes comme des galions pleins de poivre et de muscade et d’autres épices précieuses, mais une fois revenu au port, nous ne savons jamais que faire de notre cargaison.
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Je n'ai pas été bien studieux : ce que je sais du Zen aujourd'hui me permet tout juste de mesure à quel point j'en manque, et combien ce manque est douloureux. Je me console en me disant que, dans le vieux Zen chinois, c'était la tradition de préférer, pour succéder au maître, le jardinier qui ne savait rien au prieur qui en savait trop.
J'ai conservé mes chances intactes.
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