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Citations sur Le Chemin des âmes (173)

Je vivais ma quatorzième année, cet âge où la vérité du monde commence à se dévoiler, mais où l'on n'a encore que les mots de l'enfance, qui sont impuissants à la décrire. J’avais donc décidé de me taire, et de rester à regarder.
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Moi, j'imaginais qu'il tressait des histoires tout l'été, formant avec ses mots d'invisibles filets qu'il jetterait sur nous les longues nuits d'hiver, pour nous attraper, nous rassembler au fond de cette nasse, où l'on se tiendrait chaud.
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Encore une fois, Neveu, tu dois comprendre qu'en ce monde de peine, il faut les saisir à pleines mains, ces rares moments de bonheur qui nous sont concédés. Mon Français et moi, nous étions voraces ; nous nous repaissions l'un de l'autre et nous en trouvions meurtris, mais de bonnes meurtrissures. Nous parlions peu, même si, durant cet été, chacun apprit quelques mots dans la langue de l'autre. Notre langage à nous passait par la chair. Nous nous aimions contre les arbres, au bord des rivières et même dans l'eau, quand la chaleur retourna. Ce fut un bon été. Quand j'allais voir ma mère, elle me trouvait changée ; elle savait ce que j'étais en train de découvrir. Elle me faisait boire un thé amer pour m'empêcher de tomber enceinte. Ses yeux m'avertissaient de me méfier de lui, qu'on ne pouvait pas faire confiance aux wemistikoshiw, mais je ne voulais pas entendre. J'étais trop pleine de lui, j'en débordais presque.
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« Chacun se bat sur deux fronts à la fois, l’un contre l’ennemi, l’autre contre ce que nous faisons à l’ennemi »
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C'est vers ce moment, devais-je découvrir bien après, que les rumeurs commencèrent à mon propos, de ces discours qu'on tient le ventre plein, de ces demi-vérités qui, à peine murmurées, déploient leurs ailes et tournoient comme une volée de moineaux, pour se poser où bon leur semble...
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Le matin du départ, j'ai noué à votre cou un petit sac - médecine - je vois que tu l'as encore, Neveu. J'en avais choisi les ingrédients avec soin : une pincée de toutes les herbes de conjuration en ma possession, avec la dent du lynx qui vous procurerait la vitesse, l'invisibilité, la vue perçante. Plus tard, je suis allée marcher longtemps dans les bois ; j'ai pleuré. À mon retour, je suis entrée dans la tente tremblante. J'ai invoqué le lynx, le suppliant de vous suivre et de veiller sur vous. Le lynx n'a pas répondu.
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L’endroit s’appelle la crête de Vimy : un paysage vallonné autour d’une ville en ruines, Arras. On devine que c’était autrefois une belle campagne ; il n’en reste que de la terre retournée. Je regarde les décombres autour de moi ; je me demande si ces lieux guériront jamais. J’essaie d’imaginer le paysage d’ici à dix ans, cinquante, ou cent ; mais je ne vois que des hommes qui vont et viennent entre la plaine et les galeries creusées dans les collines, comme des fourmis lasses et furieuses, inventant sans cesse de nouvelles façons de s’entre-tuer.
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On nous faisait coucher dans de longues salles, sur des rangées de paillasses; et comme j'étais la plus grande et que je ne parlais qu'à peine leur langue, les soeurs me surveillaient de très près. Elles me tenaient à l'écart de ma soeur; elles ne voulaient pas que je touche à ce qu'elles avaient inculqué à Rabbit, que désormais elles appelaient Anne.
Elles me tiraient du lit en pleine nuit pour me traîner dans une pièce aux lumières aveuglantes, où l'on me faisait répéter sans cesse les mêmes paroles jusqu'à les prononcer comme il falllait. Si j'étais surprise à parler ma langue, elles me frottaient l'intérieur de la bouche au savon et ne me donnaient rien à manger pendant des jours.
Les petits, elles les corrigeaient à coups de verge, ou bien elles les forçaient à manger par terre, comme des chiens; mais quelque chose, dans mon regard, les retenait de s'y risquer avec moi.
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Mais le rhum est une arme aussi rusée que puissante : j'ai passé ma vie à la regarder noyer mon peuple
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Je dus me faire violence pour ne pas me jeter sur elle ; mais j'avais appris à choisir mes batailles.
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