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EAN : 9782352045083
270 pages
Les Arènes (11/05/2016)
4.35/5   10 notes
Résumé :


Un témoignage sur le syndrome d’aliénation parentale.

Le mari de l’auteur, Julian, cherche à obtenir la garde exclusive de sa fille pour se venger d’une séparation qu’il ne supporte pas.

Véritable pervers narcissique, connaissant parfaitement le système judiciaire américain, il réussit le tour de force de semer le doute sur l’état mental de son ex-femme. Il est même sur le point de la faire arrêter !

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Très bon témoignage.
On est très vite embarqué dans l'histoire terrible de cette maman, Caroline et de sa fille Gwendolyn. Etant moi-même séparée du père de ma fille aînée, je peux comprendre certains sentiments mais je n'aurais aucunement voulu vivre les années douloureuses qu'elles ont dû traverser.
L'auteur, le personnage principal, a réussi malgré tout à nous écrire ce livre avec beaucoup d'optimisme, de réalisme, à aucun moment, elle nous fait penser qu'elle en rajoute. Dans sa façon d'écrire, on ressent la sincérité et les faits véridiques.
En conclusion, je conseille ce livre à toutes les mamans lectrices car malheureusement, cela arrive plus souvent qu'on ne le pense.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Séparation

– Il arrive maman ! Je le vois ! Il traverse la route ! Oh non, maman, je ne veux pas aller avec daddy ! Sa voix est comme un gémissement, elle me serre la main à la broyer. Je tente de rester aussi calme que possible – mais au fond de moi, c’est la panique.

– Oui, moi aussi, je le vois. Respire bien fort, lentement : inspire et expire. Par le ventre. La peur va partir si tu respires bien par le…

Gwendolyn m’interrompt, et je sens la terreur qui lui brise la voix m’envahir à mon tour.

– Non, je ne peux pas… respirer par le ventre. J’ai trop peur… J’y arrive pas…

– Ça va aller, mon trésor. Calme-toi surtout.

Mon cœur se serre en voyant Julian traverser avec allégresse la 30e Avenue à Astoria. Il porte des lunettes de soleil à verres miroir, ses joues ne sont pas rasées et il se dirige vers nous d’un pas allant sous un soleil de plomb. Sa peau mate, ses cheveux bouclés et son sourire d’acteur hollywoodien attirent les regards féminins, mais à moi, ils inspirent le malaise. Je détourne les yeux, réprimant à peine une grimace. Gwendolyn comprime ma main encore plus fort et murmure d’une voix quasiment inaudible : « Non, maman, non, maman, je ne veux pas y aller… » Son angoisse me transperce le ventre.

– Ça va aller, mon petit trésor. Pense à toutes les choses géniales qu’on va faire quand les vacances avec daddy seront finies. Sois forte. Sois courageuse.

Terrorisée, elle détourne la tête pour ne pas le voir. Se peut-il qu’il ne se rende pas compte de l’effet qu’il produit sur son enfant ?

Oui, c’est possible.
Julian regarde Gwendolyn en souriant comme si de rien n’était. Ce type est soit un robot, soit un acteur de grand talent doublé d’un sadique.

– Hey Boubou !

Il a l’air totalement décontracté. Gwendolyn hésite à aller vers lui, elle ne sourit pas. Elle se décide finalement à avancer.

– Hi dad ! répond-elle d’une voix faussement gaie.

Elle avance lentement vers lui et pose la tête sur son ventre quelques secondes en guise de « bonjour » sans me lâcher la main. Elle me regarde d’un air triste et résigné, et mon cœur se tord, comme essoré par l’angoisse.

Je le fixe intensément et, comme à chaque fois que je le regarde maintenant, je le trouve d’une laideur repoussante. Je me demande comment tant de femmes peuvent lui attribuer un « charme dévastateur ». Son nez aquilin et ses yeux rapprochés lui donnent un air féroce.

Chaque fois qu’elle doit retrouver son père, Gwendolyn a peur. Elle veut maîtriser l’imprévisible et connaître son emploi du temps.

– Est-ce que je vais voir ma copine Irene cet après-midi ?

– Je ne sais pas. Il fait une chaleur torride. On va certainement aller à la piscine.

Il a l’air ravi d’un enfant qui se voit déjà en train de barboter dans l’eau fraîche. J’ai la nausée.

– Super, tu vas retourner à la piscine aujourd’hui.

J’ai parlé d’une voix aussi enjouée que possible. Gwendolyn ne sourit pas. Elle me broie toujours la main. Machinalement, je serre un peu plus fort sa petite main potelée.

– Le chlore va rendre ses cheveux tout blonds…, murmure-t-il d’une voix caressante en regardant Gwendolyn d’un air émerveillé.

Sa réflexion me prend de court. Les yeux de Gwendolyn sont rivés au sol et le malaise m’envahit. Je le regarde toujours fixement, intensément, bien décidée à lui montrer la haine et l’écœurement qu’il m’inspire. Il doit le sentir car il semble vouloir déguerpir.

– OK, let’s go, Boubou, dit-il d’une voix trop forte qui nous fait sursauter et me donne la chair de poule.
Julian avance vers sa fille. Le corps de Gwendolyn se décolle du mien, elle fait elle aussi deux petits pas vers son père, dénoue sa main de la mienne, et je remarque que ses yeux sont humides. Elle s’éloigne, étouffe un sanglot, se retourne, revient vers moi, et m’étreint de nouveau avec toute la force de ses petits bras fluets.

– Non, maman, non ! Ne me laisse pas partir ! Je ne veux pas y aller ! Je t’en supplie !

Je me penche vers elle. Que dire ? Comment la rassurer ? Je lui embrasse les cheveux, je prends son petit visage inquiet dans mes mains et je sens bientôt ses larmes chatouiller mes paumes. Ses dents se mettent à claquer et quelque chose au fond de mon estomac me cisaille les entrailles. Je chavire, et les mots qui me viennent à l’esprit sont toujours les mêmes.

– Calme-toi, mon petit trésor… Calme-toi… Oh, calme-toi…

J’embrasse ses yeux mouillés, je lui caresse les cheveux. Je m’agenouille près d’elle, je la prends dans mes bras, je la câline, je la cajole. Toujours les mêmes mots, les seuls qui parviennent encore à mon cerveau bouleversé.
– Ça va aller… Je te le jure… Je te le jure… ça va aller… ça va bien se passer…

Elle me serre plus fort encore, enfonce sa tête dans mon ventre comme si elle voulait y retourner. Elle appuie trop fort, et j’ai mal. Je me rends compte que je tremble comme une feuille. Je murmure : « Je t’aime plus que tout au monde… » Et elle répond d’une voix soudain audible, infiniment douce : « Je sais, maman. » Alors je recommence à l’embrasser, lui caresse les cheveux, la serre un peu plus fort contre moi. Je voudrais ne jamais la lâcher, la cacher tout au fond de moi. Je l’embrasse encore. Ses joues. Ses yeux. Ses cheveux. Je bois ses larmes. Je voudrais avaler sa souffrance. Les mots se heurtent les uns aux autres dans ma tête, mais aucun ne semble sonner juste. Tant bien que mal, je réussis à en rassembler quelques-uns que je susurre maladroitement à son oreille : « Tu… tu es la petite fille douée… pour le bonheur… tu te souviens ? » Ses yeux mouillés se plongent dans les miens, elle hésite, puis elle semble se ressaisir – où trouve-t-elle la force ? « … Je sais, maman… »

elle pousse un long soupir, respire profondément en posant la main sur son estomac, mais elle est reprise de pleurs convulsifs. Mon affirmation m’apparaît alors dans toute sa cruelle absurdité, et je me déteste. Je déteste ce rôle que je suis forcée de jouer. Comment peut-on demander à un enfant de faire semblant d’être heureux alors qu’il est terrorisé ? Comment peut-on forcer une mère à croire que son enfant est heureux alors qu’il est désespéré ? Je l’embrasse de nouveau, éperdument, – comme pour lui forger une armure qui la protégerait de la souffrance : « Ça va… ça va passer vite, mon ange… Je te le promets… » Des phrases absurdes auxquelles je ne crois pas un instant.

Soudain, je pense à lui. Comment réagit-il à ce spectacle ? Je pressens qu’il est encore en train de sourire. Mon regard embué se tourne vers lui. Et je n’y crois pas. Je cligne des yeux car je n’en reviens pas. Imperturbable, Julian nous observe en souriant ! Je le fixe, incrédule. Il détourne finalement le regard, mais il sourit toujours, impassible, les yeux tournés vers l’horizon. Et soudain, je sais exactement ce qu’il pense, il le répète tout le temps à Gwendolyn : « Tout cela, c’est de la comédie. C’est ta mère qui te dit de jouer la comédie. Tu n’es pas vraiment triste. Tu ne peux pas être triste puisque tu vas avec ton père. Tu adores ton père. Je le sais. Ne dis pas le contraire. »

Je sens la rage gronder, et, bientôt, je ne peux plus contenir cette tornade. Cela fait trop d’années que je me tais. Les mots jaillissent de ma bouche par rafales.

– Tu souris ? Tu n’es même pas un peu triste en voyant ta fille dans cet état ? Tu n’as donc aucune empathie ? Tu n’as pas accès à cette émotion-là, hein ? Tu n’es pas un père normal !

Il lève le bras, fait un pas vers moi, mais je l’arrête aussitôt d’une voix tonitruante que je ne me connais pas : « Ne t’approche pas de moi ! Recule immédiatement ! »

Il recule instantanément, et je crois lire une expression de crainte infantile sur son visage. Mais Gwendolyn prend peur. Pas pour elle, pour moi. Lentement, difficilement, son corps se détache à nouveau du mien et j’ai l’impression que nos chairs se déchirent. Elle murmure d’une voix blanche que je ne lui connais pas :
« J’y vais, maman… J’y vais. » Il lui tend la main, elle s’approche d’un air craintif, lui donne lentement la sienne et me regarde en hoquetant, elle fait quelques pas, puis se retourne vers moi, et j’aperçois son petit visage bouffi par les larmes.

Le compte à rebours a commencé. Trente et un jours de « vacances » avec daddy. Trente et un jours de terreur et de résistance mentale pour une enfant de 7 ans, face à un père déterminé à effacer sa mère de son cœur et de son esprit, coûte que coûte. Gwendolyn s’écrie : « Maman, je t’aime ! Ne sois pas tris… » Le reste de sa phrase se perd dans un sanglot.
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On se remet d’un mauvais père. On peut même devenir un adulte heureux. Mais que dire des Génitrix, Folcoche, Médée des temps modernes, qui hantent la littérature et le cinéma classiques. Être une mauvaise mère, c’est une sentence sans appel, angoissante, qui désigne une mère non maternante, non sécurisante, contre-nature, l’antithèse de la fontaine de douceur et d’amour mise à l’honneur par notre société. Une mère tellement pathogène qu’elle peut rendre son enfant fou. Une mère aliénante. Ce serait moi bientôt cette mère. Julian m’accuserait d’être la variante moderne de cette mère-là, une mère tellement emplie de haine à l’égard du père de son enfant qu’elle est capable de l’inculquer à son enfant sans se soucier de la souffrance qu’elle lui inflige.
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Rupture

Je me souviens de tout, avant la coupure du cordon. De l’hôpital Columbia-Presbyterian de New York. De l’équipement high-tech autour de moi. De la sage-femme, une blonde joufflue d’une soixantaine d’années, qui vient d’arracher mon bébé de mes entrailles dans une coulée de sang. De mon extase quand j’ai vu pour la première fois ma fille, Gwendolyn. Endolorie, je me soulève avec difficulté et m’accoude pour contempler la figurine violacée et fripée qui s’époumone.

– Elle a du coffre. Elle aura du caractère, murmure la sage-femme en souriant avec bienveillance.

Julian est en pleurs. « Oh my God ! Oh my God ! », répète-t-il sans cesse. Il se tourne vers la sage-femme et claironne en français, avec un fort accent américain :

– Elle est magnifique ! Ma fille est magnifique !!!

Il tend les bras pour accueillir le bébé vagissant, mais l’accoucheuse le gronde gentiment :

– Allez, allez, poussez-vous de là. Vous nous encombrez.

L’assistante essuie l’enfant. Elle saisit une paire de ciseaux et la donne à la sage-femme pour qu’elle coupe le cordon ombilical, mais Julian tend la main et interrompt son geste.

– Je peux le faire ?

La sage-femme le regarde, dubitative pendant quelques secondes. Avec sa mâchoire carrée et son sourire conquérant, un brin carnassier, Julian affiche une assurance inébranlable, et, sans plus tarder, la sage-femme lui tend les ciseaux.

– Vous n’êtes pas un gringalet ! Beaucoup seraient déjà à terre à l’heure qu’il est, dit-elle en me prenant à témoin.

Il y a de l’admiration dans ses yeux.

Je l’ai vu faire – il l’a d’ailleurs assez répété à qui voulait bien l’entendre –, mais je ne me souviens de rien, comme si cette image m’était devenue insupportable après coup. Comme si ce geste avait rompu la magie de la naissance de Gwendolyn et propulsé ma vie dans l’interminable cauchemar qui allait suivre. Le combat acharné et sans merci que j’allais devoir livrer pendant huit années aux États-Unis, puis en France, pour empêcher Julian de m’enlever Gwendolyn, devenue pour lui, par un processus monstrueux et affolant, une sorte de prolongement de lui-même. Et une arme de destruction de la mère de son enfant.
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Comment accepter que l’homme dont j’étais tombée amoureuse, le père de mon enfant, se livre à un combat mortel contre moi, aveuglé par la haine au point d’anéantir sa propre enfant ? Comment accepter que la vie se retire déjà à 8 ans ? À 8 ans seulement ?
La vérité, c’est que je n’osais penser à un départ définitif. Je n’avais pris aucune décision mais caressais l’espoir secret que quelque chose m’inciterait à ne pas repartir…
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Nous avons fui la terreur. La terreur des séjours de Gwendolyn chez son père et sa belle-mère. Les calendriers et leur pouvoir terrifiant : les jours avec maman, des cœurs roses fluo dessinés par Gwendolyn sur les cases du calendrier. Les jours avec daddy, des croix noires. Une obligation qui résonnait comme un commandement : savourer chaque infime seconde du temps passé avec elle – en priant pour qu’il ne s’arrête jamais. Notre angoisse en voyant s’égrener les heures et les « jours-cœurs » se consumer. Les échanges pleins de larmes pendant lesquels elle refusait de me lâcher la main et hurlait en s’éloignant « MAMAMAN ! »
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Video de Caroline Brehat (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Caroline Brehat
Dans le cadre du colloque du 8 Octobre 2016 à Toulouse, "Danger en protection de l'enfance, dénis et instrumentalisation perverse", Caroline Bréhat, autrice du livre "Mauvais père", témoigne de son parcours socio-judiciaire entre les USA et la France où elle a été accusée de S.A.P. (Syndrome d'Aliénation Parentale) en cherchant à protéger sa fille.
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