Pour le maître de l’histoire, l’ennui de l’élève provient plutôt d’une certaine mollesse d’esprit, qui l’empêche de fournir les efforts nécessaires à l’accomplissement de sa tâche. Aussi choisit il le « saisissement », technique pédagogique habituelle du zen, comme moyen de faire vivre et comprendre à l’élève son propre problème. À travers cette confrontation au réel, revigoré par cette expérience surprenante, ce dernier prendra conscience de lui-même et du monde, il émergera des fantasmes de sa subjectivité auxquels il finit par croire.
L’ennui est à la fois une absence d’intérêt, liée à un apprentissage qui semble dépourvu d’utilité ou monotone, mais c’est aussi un état d’esprit, qui indique une certaine lassitude ou un abattement, psychologique ou existentiel. Certes, une activité ennuyeuse à répétition peut engendrer morosité ou tristesse de l’esprit, de même qu’un esprit chagrin trouvera toute activité ennuyeuse. Le fait de s’ennuyer nous fait ressentir de la fatigue et de l’impatience, tout comme la fatigue et l’impatience, en nous empêchant de nous concentrer et de nous intéresser, provoquent en retour de l’ennui.
Oscar Brenifier | Quatre enfants philosophent