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EAN : 9782072737077
288 pages
Verticales (12/10/2017)
3.5/5   13 notes
Résumé :
«Comme un prêtre défroqué, j’ai vécu pendant six ans un sacerdoce non prémédité dans des boutiques qui vendaient des objets dédiés à l’épanouissement sexuel. Recueillant les confessions de milliers de personnes, les angoisses amoureuses, l'effroi de la solitude et l'intimité qui débloque, j’ai vite compris que nous avions en charge non seulement un commerce, mais aussi une mission d’utilité publique.»

Dans ce récit documentaire, Fleur Breteau nous fai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Livre d'utilité publique !

Fleur Breteau a pris du recul sur ses 6 années passées à travailler dans un lovestore afin de nous livrer un récit documentaire vif et bienveillant, sous une plume ironique, impudique et juste. Un rappel à l'essentiel dont nous avons grandement besoin.

Aujourd'hui, le sexe est partout. Il déborde et dégouline comme un trop-plein de crème fraîche sur une tarte Tatin. Pourtant, le sexe est toujours tabou, incompris, voire méconnu ou encore craint.

Ce n'est pas juste une activité ou un divertissement. C'est surtout un rapport humain. Et qu'il soit tantôt tendre ou brutal, il est souvent maladroit. Il pose question, il fait peur, il passionne et procure des émotions, beaucoup d'émotions... Il est imparfait par définition.

À travers ses anecdotes, l'auteur raconte l'envie, la gêne, la peur, le plaisir du jeu, mais aussi la solitude, les a priori, les clichés, comme les sourires, la tendresse, les fous-rires et les malaises... qui entourent la sexualité.

Elle rappelle que le sexe est avant tout une affaire de consentement entre les partenaires, peu importe le genre qu'ils aient ou le nombre qu'ils soient.

Et aussi l'importance d'apprendre son corps et celui de l'autre, en prenant son temps, sans pression, avec désir.

Elle s'insurge sur le refus encore trop récurrent du plaisir féminin. Non, les hommes ne sont pas les seuls à pouvoir jouir.

Oui, le sexe s'avère parfois le meilleur des antidépresseurs.

On apprend des choses, et pas seulement sur les dernières tendances sextoy, sans phtalate si possible. Par exemple, le nom de Magnus Hirschfeld qui, en 1919, fonde le premier Institut de sexologie de l'Histoire. Ou encore la découverte des coulisses commerciales, reflet du capitalisme dans toute sa splendeur... Sans oublier le pouvoir dévastateur du porno.

C'est un livre intelligent qui soulève de vrais problèmes de société - et dénonce même un certain totalitarisme sexuel -, problèmes dont nous n'avons pas forcément conscience puisque complètement sous influence de notre époque et de ses normes. Comme le culte de l'orgasme, au détriment du voyage qui y mène, c'est-à-dire au détriment des actes d'amour et du désir...

Et l'important dans tout ça ? Voyager seul ou à deux (ou à plusieurs), en parlant le langage du corps, prendre le temps de se découvrir soi-même et l'autre, de parcourir nos peaux, de tester, de sourire, de s'aimer...
Cela a l'air cul-cul dit comme ça, mais rappelez-vous qu'il s'agit de la base...

Bref, foncez ! Tant de choses à dire mais l'auteur en parle beaucoup mieux que moi ;-)
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«Comme un prêtre défroqué, j'ai vécu pendant six ans un sacerdoce non prémédité dans des boutiques qui vendaient des objets dédiés à l'épanouissement sexuel. Recueillant les confessions de milliers de personnes, les angoisses amoureuses, l'effroi de la solitude et l'intimité qui débloque, j'ai vite compris que nous avions en charge non seulement un commerce, mais aussi une mission d'utilité publique.»

Cette intro en 4e de couverture m'a intriguée, et hop, j'ai plongé dedans. Sans douleur, et sans retenue, car ce récit n'est ni impudique, ni glauque, ni provocateur, ici le porno n'existe pas.
Fleur raconte comment, alors qu'elle cherchait du boulot, après que son auto-entreprise l'ait laissée sur le carreau et sans le sou, un ami lui a proposé de rencontrer Hervé, qui avait besoin de quelqu'un. Ce type montait un projet. Mais sérieux, le projet.
"Le type est fortiche, une détermination de chameau, une volonté en carbone-kevlar. Ah, oui... c'est pour vendre des sextoys, mais de façon postmoderne."
Et c'est là qu'on rentre dans le sujet, plutôt dans le projet, qui va devenir un "Love Store" à Paris, quartier du Marais, et qui aura quelques magasins franchisés dans l'hexagone. Et lorsque son projet est accepté par sa banque, Hervé et son employée Fleur vont devoir installer leur magasin, et surtout remplir les étagères. Avec des produits déjà choisis par Hervé : des bougies de massage aux sextoys, sans aucune nudité sur les emballages, ça fait partie du concept, rien de vulgaire, pas de DVD pornos, mais quelques livres bien choisis.. et aussi en faisant les courses dans un hyper spécialisé, un fournisseur, pour garnir le restant des étagères, c'est la folie... on trouve de tout. Et de n'importe quoi. le coin SM avec son "odeur de pneu", vu le faux cuir, les milliers de sortes de préservatifs et mille sortes de sextoys de formes et matières différentes. Mais c'est une bataille entre Fleur et Hervé :" ok c'est cool, mais il y a des phtalates dans la composition, alors c'est non"...
Et il faut penser aux vitrines, surtout pour la Saint-Valentin, jour de grosse affluence. Mais chic, la vitrine. Et Fleur étonne toujours les nouveaux clients : ils s'attendaient à une fille vulgaire, habillée d'une façon provocante, mâchant son chewing-gum et le faisant claquer, sans un regard pour les clients. Or, c'est le contraire. Fleur est une trentenaire normale, habillée normalement. Et ce qu'elle aime faire, c'est, avec son regard acéré mais bienveillant, observer et aider, faire parler pour conseiller. Elle connait ses produits sur le bout des doigts, les clients n'auront pas envie de lire une notice de trente pages. Alors, elle explique, compare. le canard vibreur, par exemple, est peu efficace et il fait mal, au niveau de la jointure. En plus il consomme des piles comme pas possible. Elle voit les clients hésitants, les couples, les timides, les embarrassés, et les fait parler pour comprendre ce qui leur irait. Fleur va même jusqu'à refuser de vendre, en conseillant un mari épuisé, n'ayant plus le temps de faire l'amour avec sa femme, qui est très fatiguée avec les quatre enfants en bas âge. Et non, ils n'ont jamais de temps seuls pour eux. Alors Fleur lui conseille plutôt de prendre plusieurs jours à deux, de refiler les enfants aux grands-parents, et de partir tranquilles.
C'est là toute la façon dont cette équipe du magasin travaille : pour le bien des gens. Pour la durabilité des couples. Dans l'écologie le plus possible. Dans la gentillesse envers les autres. Des portraits de clients, tendres ou énervés, des maris violents, des histoires à mourir de rire, et c'est la découverte d'un monde inconnu dans lequel on peut parler de relations, de couple, d'amour. C'est de l'ethnologie. Et on est étonné de tout ça. Sans la moindre gêne, sans malaise, sans aucune vulgarité, sans se sentir agressé, le lecteur, même un peu prude (comme moi) y découvrira tout un pan de ce commerce plutôt pas connu. Et l'écriture de Fleur Breteau est vive, claire, très agréable. Et c'est un tour de force, pour parler de ce sujet.
J'ai vraiment beaucoup aimé.
L'amour, accessoires - Fleur Breteau, ed Verticales, 270 pages, sorti en 2017


Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Sous couvert d'un témoignage de son expérience en tant que co-fondatrice d'un Love Store, SexShop d'un nouveau genre, Fleur Breteau nous parle des gens, de leurs relations, leurs incompréhensions mutuelles, et aussi de leur solitude. Au détour d'une présentation de Sextoy, elle devient confidente, parfois conseillère. Elle nous montre à voir un sexe qui pourrait être joyeux, et qui est parfois complexée, ou mal vu.
J'ai été à la fois touchée par ces confessions au détour d'un rayonnage, de l'amour qui bat de l'aile ou de mauvaises images de la sexualité (je pense à la demande de ces petits jeunes à peine majeur, qui baisent comme dans un porno et ne comprennent pas pourquoi finalement, aucun des deux n'y prend plaisir "Pourtant dans le film, eux ils ont l'air d'aimer !")
J'ai été révolté par ces gens "bien-pensant", qui l'attaque, l'insulte, qui luttent contre l'épanouissement sexuel, car aimer le sexe, bouh, c'est mal, c'est être pornocrate, déviant, et que sais-je encore.
Fleur Breteau a dû avoir les épaules solides, pour gérer ces hauts et ces bas ! Et puis au détour d'anecdotes, elle nous parle un peu d'elle. Si ses tranches de vie, trop déconnectés du reste, m'ont assez peu touchés, en revanche ses interrogations sur le sens de tout ça (sa vie, son métier, la volonté de choisir des sextoys "ecolo"... Mais finalement s'ils ne sont pas utilisés, est-ce que ce n'est pas une production de déchets en plus ?!) qui lui provoquent de vertigineuses angoisses, m'ont bouleversés.
Peut-être bien que ces "bien-pensant" qui voient le sexe comme une déviance, devraient lire ce livre, moderne et plein de sensibilité. Car il donne à réfléchir beaucoup plus loin que ce qu'on aurait pu croire à première vue... Si du moins on l'aborde en étant ouvert d'esprit.
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Formidable document sur les lovestores (les nouveaux sexshop tendances). Ce récit est souvent drôle, l'analyse de la sexualité à travers les différents clients est très intéressantes. L'ensemble m'a beaucoup intéressé (même si quelques passages m'ont paru sans intérêt : le rêve mythologique, l'aventure avec l'homme qui part souvent en Syrie) et je recommande cette lecture à tous les potentiels clients et à tous ceux que ce phénomène (et la sexualité contemporaine de manière plus générale) intéresse.
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Un peu déçue l'histoire est trop banale. Pas top. Tout un foin pour pas grand chose !
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critiques presse (2)
LePoint
22 décembre 2017
Ce texte drôle et touchant va bien au-delà d'une radioscopie des petites et grandes misères sexuelles contemporaines. Car au fil de fragments cocasses, combatifs ou doux-amers se dessine le portrait d'une jeune femme d'aujourd'hui.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeMonde
01 décembre 2017
Avec « L’amour, accessoires », Fleur Breteau compose un récit enlevé, entre ironie et émotion, à partir de son expérience dans la vente de jouets sexuels.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Des designers de sextoys, j’en ai rencontré des grands, des petits, des drôles ou des timides – ou les deux, jeunes beaux gosses, inventeurs un peu dingues, doués et impliqués, ignares ou de passage dans le métier. Et un jour comme un autre que l’on me présentait le dix-septième designer de sextoys de ma vie, agréable et plein d’idées, eh bien en ce jour-là, paf ! une révélation me tombe dessus. C’est encore… un homme. Imaginez découvrir que les concepteurs de berlines allemandes ou d’avions Airbus sont quasiment uniquement des femmes. Vous le remarqueriez, n’est-ce pas ? Sans dire que vous trouveriez cela insensé, mais ce serait un fait remarquable.
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C’est important pour lui d’être dans ce magasin d’objets pour l’épanouissement sexuel, cette quincaillerie célèbre pour vendre des rustines pour couples qui se dégonflent. J’imagine que depuis plusieurs jours, son cœur balance, il pense à cet instant, à cet endroit, à ce qu’il y trouverait. Il a fait l’effort de venir. Il voulait dire « j’aimerais un sextoy pour ma femme » comme on dit « je prendrai un chèvre et un camembert bien fait » dans une crèmerie, mais sans réfléchir, il me raconte sa vie intime, en quelques phrases brutes, toutes simples. Il n’est pas étonné par sa confession, il s’est allégé, n’ayant jamais partagé ces mots avec personne, sans tourner autour du pot.
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Le type a pris de mauvaises habitudes, il casque pour se garantir une vie cotonneuse, des œillères tout-terrain, un confort annuel, un train-train loin d’être mirifique, mais il ne se plaindra pas tant que c’est calme. Il paye pour arriver à destination plus vite sans prendre le temps de se réjouir : perdre sa bedaine, choper une bonne mine, diplômer ses gosses, se détendre pour éviter les maladies cardiaques, recevoir une promotion, éviter le divorce, rire et éjaculer régulièrement pour bien dormir, ne pas avoir peur de mourir, faire comme tout le monde.
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Et pour certains, l’intervention muette d’un sextoy ne peut être que bienfaisante, parce qu’il va créer un léger chaos qui brisera les non-dits. Un sextoy s’offre et va dire à leur place « on ne fait plus l’amour, ça me manque. Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu ne veux plus de moi ? ». C’est un petit explosif enrobé de papier cadeau pour dynamiter le mur du silence. Mais il arrive qu’il y ait un problème de dosage et le sextoy explose à la figure du couple – le mur du silence était trop épais.
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L’amour existe généalogiquement, dans la famille, entre des générations – grands-parents, parents, enfants, petits et arrière-petits-enfants. Mais l’amour qui inspire le désir – hormis quand il est historique, disons entre Louis XIV et Madame de Maintenon –, cet amour-là, Nonna prouve qu’il n’existe pas en n’en parlant jamais ou en le niant intensément. « Ces deux-là, s’ils s’aiment ? des bêtises. Ça change quoi, de toute façon ? »
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