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Georges Marie Lory (Autre)Bernard Noël (Autre)
EAN : 9782267000481
124 pages
Christian Bourgois Editeur (30/05/1983)
5/5   1 notes
Résumé :
Cher lecteur, ce pays au fond du tiroir de l'histoire dont je vous ai parlé, ce pays qui n'existe plus ou qui n'a jamais existé, a laissé bien des marques. Quand j'y ai séjourné, je savais que jamais je n'ai été aussi démuni de vie et pourtant jamais je n'ai vécu aussi intensément. Qui sait, c'est peut-être ça la mort ? Sentir sa vie jusque dans la dernière cellule ? Un jour, je ferai pour vous l'inventaire de toutes les blessures, tous les écroulements laissés par ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Breyten Breytenbach, né le 16 septembre 1939 à Bonnievale, province du Cap, est un poète, écrivain, dramaturge, peintre et aquarelliste sud-africain d'origine et citoyen français, qui écrit tant dans sa langue maternelle (l'afrikaans) qu'en anglais.
« Feu froid » (j'ignorais que « les flammes dites froides se stabilisent autour de 500 °C, contre plus de 3 000 °C pour les feux classiques »), traduit de afrikaans, est un recueil de poèmes, suivi d'une « Lettre inédite de l'auteur à ses lecteurs français (1er mars 1983) ».
J'avais choisi ce livre pour continuer à découvrir l'oeuvre de cet homme qui a connu la prison (politique), de ce rebelle pas très connu et aussi parce qu'il est édité par une maison que j'admire tout particulièrement.
C'est une poésie à la fois simple et engagée, labourant l'âme que nous découvrons ici. Comme l'écrit Bernard Noël dans sa préface de 1976 (« B. comme légalité ») « l'importance de la poésie de Breyten Breytenbach est, me semble-t-il, dans cette volonté d'être au monde. D'être présent. […] Écrire est ainsi sous la loi d'un jeu double, non pour servir la duplicité mais pour défaire son propre pouvoir en le questionnant de l'intérieur, car écrire consiste à représenter assez vivement pour qu'on oublie sa vue, puis à faire que cet oubli soit un manque assez vif pour nous pousser à retrouver la vue ».
Dans le tout premier poème (« Menace des malades »), dédié à lui-même, l'auteur nous propose un autoportrait où il nous exhorte d'être indulgents, car il est « inoffensif » :
« Mesdames et Messieurs, permettez-moi de vous présenter à Breyten Breytenbach l'homme maigre au chandail vert ; il est pieux et presse et martèle sa tête oblongue pour vous fabriquer un poème comme par exemple : [...] ».
Il y aurait beaucoup à dire sur B. B , mais le mieux est encore de le lire. Un auteur à découvrir, sans aucun doute !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Testament d’un rebelle
 
donne-moi une plume
que je puisse chanter
que la vie n’est pas vaine
 
donne-moi une saison
pour regarder l'air dans les yeux
lorsque le pêcher vomit sa plénitude blanche
une tyrannie s'écroule

laisse pleurer les mères
laissent les seins dessécher
tarir les girons
lorsque l'échafaud sèvre pour la dernière fois

donne-moi un amour
qui ne pourrisse jamais entre les doigts
donne-moi un amour
comme celui que je veux te donner
 
donne-moi un cœur
qui batte sans arrêt
batte batte plus fort que le battement blanc
d’un pigeon craintif dans la nuit
battra plus sec que les plombs amers

donne-moi un cœur, une petite fabrique de sang
qui peut cracher
des fleurs de joie
car le sang est doux est beau
jamais vrai ou faux

je veux mourir avant d'être mort
lorsque mon sang est encore fertile
et rouge
avant que ne tombe la lie noire du doute
 
donne-moi deux lèvres
et de l’encre claire pour ma langue
qui couvrira de lait
une grande lettre d’amour pour la terre

qui sera de jour en jour plus douce
exorcisera toute l'amertume
qui brûlera plus doux comme l'été

laisse alors venir l'été
sans bandeau ni corbeau
laisse le pilori le pêcher
donner ses fruits rouges en paix

et offre-moi un lai
de colombes de satisfaction
que je puisse chanter de mon pis
que la vie n'est pas vaine

car comme je meurs les yeux ouverts
ma chanson rouge ne périra pas

22.2.66

(pp. 36-37)
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[...]
tu apprends à mendier
à donner en pâture aux bureaucrates insatiables
le remords cru de ton peuple
à tous les Fonctionnaires de la Conscience du Monde
tu regarde dans leur trou-du-cœur : à l'intérieur du miroir

de sorte que tu es encore éveillé le matin
avec un grommellement gris dans la bouche
les mots essaiment
comme des parasites sur ta langue
tes mots bâtissent des nids dans ta gorge

en foule tu es un réfugié professionnel
tu ne bois ni ne fumes
car ta vie est une arme
tu crèves d'un poison nommé désespoir
tu es battu dans un cul-de-sac comme un chien
[...]

(extrait du poème « Exilé, porte-parole », p. 59)
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si tu lèches le sable d'un pays étranger
quand tu arrives là-bas en visite
tu repousse ses mauvais génies et tourments
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Videos de Breyten Breytenbach (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Breyten Breytenbach
Bruno Doucey lit un texte de Breyten Breytenbach, extrait du recueil "La main qui chante" ! Traduit de l'afrikaans par Georges-Marie Lory et paru en octobre 2020.
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