Nous sommes tous des africains: A la recherche du premier homme

En tant que chercheur au Collège de France, Michel Brunet affirme ce que la science sait à ce moment de notre histoire, mais les certitudes peuvent toujours être remises en cause après la découverte possible de fossiles humains plus anciens. Une chose est sûre : nous, les Sapiens, et avant nous les Neandertaliens, émigrés en Europe, et les Denisoviens, émigrés en Asie, sommes tous nés en Afrique. On peut admettre, dit il , que notre histoire compte 8 millions d'années, et que le genre Homo , resté 5 millions d'années en Afrique, a voyagé hors du continent originel, entre 3 et 2 millions d'années. Nous parlons des hominidés, dont l'évolution est buissonnante et pas linéaire, et pas encore des Sapiens, dont on peut dater l'apparition à 165 000 ans et serait sortie d'Afrique autour de 60 000 ans .
Lucy, découverte en 1974 en Ethiopie date de 3,2 millions d'années : c'est une jeune fille australopithèque, pas encore « homo ». Elle est considérée cependant comme la grand mère de l'humanité et plus proche de nous que nos ancêtres de 7 ou 8 millions d'années. Les chimpanzés dont la différence génétique avec nous les Sapiens couvre moins de 1 % , se divisent en 2 groupes : les chimpanzés communs, avec une organisation sociale de type patriarcal, et les bonobos, de type matriarcal. Les premiers sont violents, les second règlent leurs problèmes par des relations sexuelles.
Michel Brunet pose donc la question : sachant que les Neandertaliens occupaient l'Europe depuis 300 000 ans( bien que nés en Afrique, Michel Brunet insiste) et que les Sapiens y sont arrivés environ il y a 40 000 ans, les deux espèces vont coexister assez longtemps, puis les premiers disparaisent il y a environ 30 000 ans, et les Dénisoviens il y a 40 000 ans.
La question posée est : les Sapiens sont ils des héritiers directs des chimpanzés, violents, conquistadors, et auraient ils exterminé les Neandertaliens et les Dénisoviens? ou bien ces derniers, après avoir été séduits par les belles sapiens, puisque nous avons quelques gênes néandertaliens, ont été éradiqués parce que moins compétitifs et moins enclins aux changements ?
Comment se fait il que ce livre parlant de l'origine des hommes, de paléontologie, avec toute sa complexité, soit (paraisse) si facilement compréhensible ? Non seulement Michel Brunet est un grand chercheur , mais de plus il se met à la portée d'une béotienne comme moi. Bravissimo.
La conclusion est que nous ne savons pas tout, sauf certitude absolue : Notre origine est unique, tropicale et africaine.

Il y a plusieurs semaines, le hasard a fait que je me suis retrouvée à dialoguer avec Mr Brunet, célèbre paléoanthropologue et découvreur de Toumaï, le plus ancien de nos ancêtres connu à ce jour (7 millions d'années) .C'est avec un plaisir non dissimulé que quelques jours plus tard, je recevais son ouvrage « Nous sommes tous des africains » (gentiment dédicacé ^_^) ainsi qu'un DVD de ses travaux.
C'est avec une certaine appréhension que je me suis plongée dans ce livre, ayant peur de n'avoir pas la culture nécessaire à la parfaite compréhension de ce fantastique travail, mais l'auteur, non content de savoir partager sa passion avec enthousiasme, arrive à vulgariser cette tâche scientifique d'envergure qu'est la découverte de l'hominisation et donc du tout premier de nos ancêtres.
Si parfois, je dois avouer que je me suis un peu perdue dans les classifications des différentes branches nous concernant directement nous, les hommes ou nos cousins, les chimpanzés, je dois aussi reconnaître que les explications purement scientifiques sont très courtes et suffisamment étayées pour qu'avec un peu d'attention, on arrive à suivre la logique des découvertes successives et la nature de chacune d'entre elles.
Pour faire simple, s'il s'avère que les fossiles des plus anciens singes se situent en Asie, ceux qui démarrent la longue chaîne des hominidés se situent en Afrique. Ce que Darwin avait déjà avancé en 1871. Les recherches s'étendent jusqu'en Antarctique avec, à chaque changement de continent, la question de la façon de se déplacer des anthropoïdes.
Je suis très admirative du travail de fourmi de ces passionnés qui tentent de remonter jusqu'au premier maillon « l'arbre généalogique » de l'espèce humaine, quand on sait le peu de matériau disponible pour leurs recherches (fossiles trop rares ou très altérés, environnements de travail très compliqués géographiquement ou politiquement).
On en sait, en tout cas, suffisamment pour pouvoir avancer que des déplacements ont été forcés par des chamboulements climatiques, sujet actuel ô combien épineux, et que, quoique disent certains de nos pairs, nous sommes tous issus d'une même communauté.
Lorsque nous discutions avec Mr Brunet, il me disait que ce type de découverte devrait amener l'humanité à plus de tolérance et de fraternité puisqu'elle suppose que nous sommes tous membres d'une seule et même famille, j'ai aimé ce commentaire .
Il reste, malgré tout, énormément de travail pour remonter au premier maillon de la chaîne et, puis il y aura toujours les sceptiques et les néo créationnistes à convaincre, mais c'est un bien beau métier que j'ai découvert grâce à une non moins belle personne.
Merci Mr Brunet .

Une synthèse des connaissances actuelles sur l'origine de l'espèce humaine que la découverte de Toumaï, daté de 7 milions d'années, vient chambouler... Lucy n'est pas notre grand-mère, australopithèque n'est pas notre grand-père et comme dirait Henri Salvador, ton père n'est pas ton père et ta mère ne le sait pas. Pour simplifier, ce que l'on sait surtout, c'est qu'on ignore beaucoup. C'est ce qui en fait un livre agréable par l'effet stimulant qu'il opère sur l'imagination. Et comme c'est bien raconté, on aurait tort de se priver.