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Citations sur Je n'oublierai jamais (25)

Je me laissai tomber sur le talus couvert d’herbe, et j’écoutai. Les cris cessèrent, remplacés par des éclats de voix et des rires. C’était donc un garçon ! Une nouvelle vie ! Je m’étendis sur l’herbe et restai longtemps le regard fixai sur le ciel. On ne voyait pas d’étoiles, la lune brillait et je la fixai si longtemps qu’il me sembla la voir bouger. Une immense lassitude s’infiltrait en moi, la lassitude que donne l’acceptation de l’inévitable, la certitude de l’immuable. Désormais, je devais me résigner à ne partager avec personne les moments importants de mon existence, et pourtant j’en connaîtrais encore. Nous savourions toujours en commun l’exaltation de la beauté ou de l’accomplissement, nous partagions tout, lui et moi, aussi instinctivement, que l’air que nous respirions. Eh bien, c’était fini… Comment peut-on croire que la créature ne parcourt pas seule le chemin de la vie ? Au contraire, le chemin sans fin se déroule devant elle, dans une solitude éternelle.

154 – [Le Livre de poche n° 3885, p. 221]
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Pour un japonais plus un sentiment est profond, moins il faut en parler. (...)
Les mots « je vous aime » n'existent pas dans la langue nippone.
« Comment dites-vous à votre mari que vous l'aimez, demandai-je une fois à une amie japonaise. »
Elle parut légèrement choquée. « Un sentiment aussi profond que l'amour conjugal ne peut s'exprimer en paroles, mais seulement dans les attitudes ou les actes. »
Les japonais ne possèdent donc aucun mot d'amour « mon cher, mon chéri, mon amour », etc. Les jeunes se servent de paroles anglaises, mais peut-être ne les prennent-ils pas au sérieux. D'ailleurs, prenons-nous tellement au sérieux, en Occident, ces termes qu'on emploie à tort et à travers ? En tant qu’écrivain pour qui chaque parole a son sens et sa valeur, je n'aime pas voir galvauder ces mots, qui représentent pour moi des trésors. La langue anglaise est particulièrement riche en mots d'amour, d'origine anglo-saxonne. Dans les studios de cinéma, les « gros bonnets » appellent les secrétaires, les vedettes de cinéma ou n'importe quelle jeune fille dont le nom leur échappe, de ce nom précieux de « ma chérie » ou « mon amour », ce qui me met toujours en colère. C'est un profanation du sentiment véritable, le plus profond qui existe dans le cœur humain. Pour moi, rien dans la vie n'approche, ou même ne ressemble, à l'amour sans prix qui peut exister entre un homme et une femme et à tout ce qu'il implique. Les paroles que nous utilisons depuis des siècles pour exprimer cet amour ne doivent pas être gaspillées, sinon comment exprimerons-nous l'amour véritable ? Nous risquons de nous laisser dépouiller d'un bien irremplaçable. Toute femme qui s'est entendu appeler « mon amour, ma chérie, mon trésor », par l'homme qu'elle aime, ne peut que se formaliser d'entendre répéter ces mots à la légère.

150 – [Le livre de poche n° 3885, p. 97-98]
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Les Chinois croient que l'être humain possède trois âmes et sept esprits terrestres. Lorsque les âmes quittent le corps, il ne reste que les esprits humains et l'on devient méchant, capricieux, cruel même.

149 – [Le livre de poche n° 3885, p. 59]
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Ce ne fut rien de plus qu'un frémissement et, l'espace d'une seconde à peine, mon bureau bougea sur le sol. Cette secousse ne troubla même pas le sommeil de la population, mais le lendemain le journal signalait un léger séisme. Ces phénomènes sont fréquents au Japon ; ils se reproduisent des centaines et des milliers de fois par an, en moyenne quatre fois par jour, et chaque secousse rappelle à un peuple courageux qu'il vit dans des îles dangereuses. Le caractère japonais, portant la marque de cette tension continuelle, est livré aux extrêmes : une gaieté exagérée et une mélancolie profonde et parfois frénétique. Le masque impassible du sourire et du calme cache, pour ainsi dire sans exception, une obscure tristesse que portent en eux tous les japonais, enfants ou adultes, persuadés que la catastrophe est toujours possible en dépit de la beauté des montagnes et de la mer, en dépit des joies de la vie. Cette appréhension permanente engendre en eux le culte des égards et de la courtoisie qui semble dire : puisque la fin du monde menace à tout instant, profitons-en pour être bons les uns envers les autres.

138 – [Le Livre de poche n° 3885, p. 108]
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L'exclusion est toujours dangereuse. Dans l'inclusion réside la sécurité pour ceux qui désirent un monde en paix, l'inclusion dans une communauté nationale et dans un concert international des nations. D'après moi, toute nation devrait s'intégrer aux Nations Unies, de façon aussi absolue et irrévocable qu'un enfant est intégré à sa famille. Tout retrait devrait être impossible. Qu'un enfant, dans un accès de colère, se retire ou même s'enfuie, il n'en reste pas moins pour autant membre de la famille. Cette forme de relations s'applique sur une échelle mondiale à la famille des nations. C'est simple et absolu et seul ce qui est simple peut être assez vaste pour inclure tous les désordres.

151 – [Le livre de poche n° 3885, p. 19]
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Poussés au désordre, les Japonais sont capables de tuer, je le répète, non par haine, mais tout simplement pour rétablir l'ordre.

140 – [Le livre de poche n° 3885, p. 105]
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Au quart environ du tournage du film, nous guettait ce désert où s'égare momentanément toute création de l'esprit. La panne sèche se produit en général au moment où l'œuvre est trop engagée pour qu'on songe à y renoncer, mais si loin de sa conclusion que la fin paraît imprévisible et que seule une foi chancelante permet de l'envisager. Comme je connais bien ce moment de détresse intellectuelle ! Il me guette dans chacun de mes livres. J'écris le premier quart aussi facilement que souffle la brise marine : travailler est alors une joie pure, je suis persuadée chaque fois que j'écris le meilleur de mes livres. C'est alors que je commence la deuxième moitié du livre, et toute joie s'évapore, les personnages refusent de bouger, de parler, de rire, ou de pleurer, ils sont pétrifiés comme des statues de sel. Pourquoi, oh pourquoi ai-je commencé ce livre ? J'ai déjà trop travaillé pour le rejeter, et pourtant la conclusion est aussi loin de moi qu'un arc-en-ciel. Il ne me reste plus alors qu'à piétiner lourdement, à essayer d'avancer en poussant les personnages sur leur chemin, en soufflant sur eux pour tenter de leur rendre la vie, bref, en pratiquant des moyens de respiration artificielle. Un jour – bien que cela me paraisse incroyable, pendant des semaines, des mois, ou même parfois des années – un jour donc, ils recommencent à respirer. Quel soulagement ! Le désert est franchi, le dernier quart du livre file comme le vent.

44 – [Le Livre de poche n° 3885, p. 230]
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Je trouvais (l'acteur) grimé en femme, pour jouer le Serpent Blanc. Son maquillage était d'une sinistre perfection mais très gracieux. Il portait un kimono blanc...sa coiffure était également blanche, son visage, son cou et ses mains recouverts d'une crème blanche. Quant à ses lèvres, blanches, elles étaient soulignées en leur milieu d'une ligne écarlate.
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En Chine, l'époque nouvelle quelle qu'elle fût – et nous en avons eu toute une succession rapide et étonnante – était toujours annoncée par un soulèvement d'étudiants. Le peuple respectait ces jeunes, parce qu'ils représentaient sinon la connaissance, du moins la recherche de la connaissance, et qu'ils possédaient de meilleures sources d'information que les analphabètes. Pour les Asiatiques, les livres sont des sources précieuses de sagesse humaine, et, comme seuls les étudiants ont accès à ces trésors, ces derniers jouissent en Asie d'un prestige disproportionné souvent avec leur âge et leur classe sociale.

141 – [Le livre de poche n° 3885, p.105-106]
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Ils entraient les uns après les autres et tous multipliaient les courbettes, grâce à ce muscle supplémentaire qui semble avoir été ajouté au dos des japonais. En effet, la courbette japonaise est unique au monde. Les Chinois agitent joyeusement la tête en guise de salut ou d'adieu ; les Coréens l'inclinent orgueilleusement ; quant aux Japonais, ils saluent très bas mais avec fierté.

139 – [Le Livre de poche n° 3885, p. 100]
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