Citations sur Vent d'Est, vent d'Ouest (120)
Même à présent, je lis clairement dans le coeur de ma mère, et si j'étais seule, je trouverais qu'elle a raison, selon les traditions de notre peuple.
C'est mon mari qui a opéré en moi ce changement (...)
Savez-vous, lui dis-je, que la terre est ronde, et que notre grand pays n'est pas au milieu, après tout ? Il n'occupe, avec les autres contrées, qu'une parcelle de terre et d'eau sur la surface du monde.
Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi on employait tellement de blanc ! C'était la couleur du deuil et de la mort.
Je puis vous raconter ces choses, à vous, ma soeur. Je ne saurais en parler à l'un des miens, car il ne se ferait aucune idée de ces contrées lointaines où mon mari a passé douze ans, et je ne me sentirais pas libre non plus auprès de ces étrangères qui ne connaissent ni mon peuple ni notre manière de vivre depuis l'Ancien Empire. Mais vous? Vous avez passé votre existence entière parmi nous. Même si vous appartenez aux pays où mon mari a étudié dans ses livres occidentaux, vous comprendrez; je ne vous cacherai rien. Je vous ai appelée ma soeur, je vous dirai tout.
Auparavant, dans mon pays, je lui avait dit que je me ferais pour lui Chinoise, Hottentote ou n‘importe quoi. Maintenant je ne peux plus ! Je resterai Américaine à jamais !
Sous toutes nos vies, derrière le voile, les dieux complotent.
Lorsqu'une femme s'est faufilée dans le coeur d'un homme, les yeux de cet homme sont tournés en dedans et ne voient qu'elle, en sorte qu'il est aveugle à tout le reste pendant un temps.
Je ne me souviens pas d'avoir jamais entendu ma mère prononcer un aussi long discours.En réalité, elle parlait rarement, si ce n'est pour gronder ou commander. Et c'était son rôle, car dans l'appartement de nos femmes, nulle ne l'égalait; elle était la Première Épouse, supérieure par la position et l'intelligence.
( p.28)
Tout enfants nous apprenions dans les Edits Sacrés qu'un homme ne doit pas aimer sa femme plus qu'il n'aime ses parents. Ce serait un péché devant les tablettes ancestrales et les dieux. Mais quel est le faible cœur humain qui sait résister à l'afflux de l'amour ? Que ce cœur le veuille ou non, l'amour le remplit. Comment se fait-il que les Anciens, dans toute leur sagesse, aient ignoré cela ?
p.296
Ce soir là, je déposait tristement les ornements de jade dans leur cassette d'argent et rangeai mes vêtements de satin. On m'avait tout appris de travers. Je commençais à m'en apercevoir. Mon mari n'était pas un de ces hommes pour qui la femme en appelle aux sens aussi nettement qu'une fleur parfumée ou une pipe d'opium.Le raffinement de la beauté du corps ne lui suffit pas. Il faut que je m'étudie à lui plaire par d'autres moyens. Je me souvenais de ma mère, le visage tourné au mur qui disait de sa voix lasse : " les temps sont changés".