Salles fumeurs

J'avais vu et aimé le film de Jason Reitman (qui réalisa ensuite l'excellent "In the Air")
Il est d'une délicieuse incorrection politique : son héros est le porte-parole du tabac américain qui, à longueurs d'interviews, s'échine à minorer la dangerosité de la cigarette.
Le livre est assez jubilatoire durant les 100 premières pages mais tourne ensuite un peu en rond.
Il se perd dans une vague intrigue policière dont on a tôt fait de démêler l'écheveau.
Et la conclusion est d'une bien-pensance qui décrédibilise l'humour corrosif de l'ensemble.

Très cynique, ce roman dépeint le quotidien de Nick Naylor, un lobbyiste du tabac prêt à débattre "n'importe où, n'importe quand" pour défendre l'indéfendable avec une légèreté et une immoralité sans faille.
Avec ses amis Bobby Jay Bliss (qui promeut les armes à feu) et Polly Bailey (qui représente les industries nationales des boissons alcoolisées), ils forment la MDM ("Marchands de Mort") et sont fiers des défis présentés par leur travail. Entre eux, pas de faux semblants. Alors qu'ils peaufinent leurs discours de défense, on assiste à un étalage d'hypocrisie et de discours manipulatoires. le tout dans un humour corrosif.
La satire est toujours présente et, malgré son discours largement discutable, on s'attache au protagoniste et on suit avec plaisir son parcours rocambolesque (quelques surprises au programme).
Ce roman offre un regard sarcastique et plein de dérision sur la société américaine, les industries du tabac, de l'alcool, des armes mais aussi sur les médias.
S'il reprend certaines des meilleures répliques du livre, le film "Thank you for smoking" prend beaucoup de libertés avec le roman, n'en gardant que les principaux axes et se concentrant sur la relation entre Nick et son fils, moins présente dans le livre.
J'ai beaucoup aimé cette lecture, à la fois amusante et instructive.

Autant le dire de suite, je fais partie des fans ce cet auteur, même si je ne connais pas parfaitement la société américaine, ce qui permettrait d'apprécier pleinement les satires qu'en fait Christopher Buckley.

Cette fois-ci c'est l'industrie du tabac qui est dans son viseur, comme d'habitude nul n'est épargné par son humour féroce. A savourer sans modération !