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Le capitaine est parti déjeuner, c'est-à-dire que le vieux Bukowski (c'est-à-dire le jeune dans le sens anti-chronologique de mes découvertes) n'existe plus qu'à moitié dans le dernier Bukowski (c'est-à-dire le plus récent). Dire que lui et moi avons passé trois ans à respirer le même air sur cette planète sans que je n'en sache rien.


Le Bukowski du capitaine qui est parti déjeuner est plus vieux que les autres Buko que je connaissais. Il picole toujours mais un peu moins, surtout du rouge, l'alcool de la sagesse, et surtout devant sa machine à écrire. D'ailleurs, il n'a plus de machine à écrire mais un ordinateur. Il a une femme et des chats, il ne voit plus de putes, il ne parle plus de baises fantastiques ou dégueulasses. Malgré tout, Bukowski reste le même et quand bien même nous l'observons consacrer sa verve à des sujets plus classiques qu'antan, il continue de les aborder de biais, les détroussant au dernier moment pour nous en faire voir l'envers. Contrairement à ces vieux groupes de rock qui n'ont plus rien à composer mais qui suivent des thérapies de groupe et se pressent l'écorce comme de vieux citrons séchés, Bukowski ne se force pas tellement. Pour tout dire, c'est la preuve que l'apaisement peut finir par survenir.
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Le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau.
Point final de l'oeuvre complet de Bukowski, ce petit livre condensé se présente comme un journal intime, résultat d'un défi -assez peu apprécié par l'auteur- qu'un de ses amis lui aurait lancé. Assez peu apprécié et pourtant: le jeu respire l'amusement et la sincérité. On y retrouve un bukowski qui, à 72 ans, n'a rien perdu de sa vivacité d'esprit, de ses inventions linguistiques pleines de colorations, de sa capacité à aligner sur le papier ses émotions et sa vision des choses, aussi brutales que profondément sensibles. Car c'est aussi avec grâce et mélancolie que l'auteur se met à nu. Et même dans ses plus anciens textes.
Se mettre à nu, le terme est juste pour définir l'empreinte littéraire de bukowski. Si dans ce roman précisément, on le découvre plus posé, plus assagi, il n'en reste pas moins que la virulence de sa plume reste intacte. Toujours fraîche, pétillante, dépourvue de toute amertume et aiguisée sur le ton d'un humour très subtil. Certains vont y aller de la même critique : celle du sujet répétitif. Vrai, sauf que l'essentiel demeure dans ce qu'il ne raconte JAMAIS de la même façon ses points d'attrait. le turf, le dégoût de l'humanité ou de « la figure humaine », de ses contemporains, la grande Faucheuse qu'il traite avec dérision tout en laissant goutter quelques traces de réflexions craintives en arrière plan... le sexe est évoqué de manière plus que fugace, cette fois ci. Et les moments d'alcool sont désormais davantage des rappels de mémoire. Car il nous engage aussi dans ses souvenirs, dans une nostalgie toute personnelle de ses moments intenses de crève la faim, de bagarres nocturnes(« les corridas de comptoir »), et de saouleries sans fin qu'il ne peut plus tellement assumer à l'heure actuelle.
Le journal est jonché d'anecdotes intimes qui respirent le véritable vécu, ce sont là des moments qui s'entrechoquent sans que la continuité de la lecture s'en trouve meurtrie. Des pépites. Des souvenirs. Des drôleries. Des lignes de pensées plus abouties les unes que les autres et dépassant pour ma part la voix des grands philosophes. Car il y'a de la veine chaude qui coulent dans ses mots. Un livre qui se boit, dont on se délecte. On en prend aussi plein la figure, nous, pauvres lecteurs assaillis de noms d'oiseaux quand il le faut. Une nouveauté ici: l'histoire (quasi) amoureuse de bukowski et de son jacuzzi. Ho! Et le livre est aussi illustré de temps à autres, par l'excellent Robert Crumb dont le coup de crayon a su pour ma part cerner le personnage dans toute sa splendeur. Je vous laisse entre de bonnes pages. Et merci l'artiste !
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Charles Bukowski se résigne à tenir un journal sur le conseil de son éditeur. Il est à la fin de sa vie (71 et 72 ans), il occupe ses journées aux champs de courses et la nuit à l'écriture. Il occupe enfin une belle maison en compagnie de sa femme et de ses neuf chats. Rien à voir avec ses frasques du passé même si l'alcool est toujours présent. Il s'agit d'un petit recueil de réflexions sur son quotidien, sur la mort qui approche et sur les relations difficiles avec ses contemporains. de beaux passages sur la société , mais un peu trop sombres à mon goût.
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Un journal touchant, on y retrouve l'auteur assagi, entouré de sa femme et de ses neuf chats. de belles répliques, beaucoup d'humour et d'auto-dérision. Il parle de l'écriture, de la mort, des courses de chevaux... du beau Bukowski !
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Bukowski en romantique iconoclaste, alcoolique repenti (ou presque), arbitre littéraire (Dos 1 Tolstoï 0). Bukowski en vieux même pas con malgré les 70 balaies passés, le succès, la reconnaissance et Linda. Bukowski en bon époux (ou presque) à l'aise dans son jacuzzi. Bukowski aux champs de course pour rester vivant et voir le monde s'écrouler. Bukowski et sa prose divine qui fonctionne encore et toujours. Bukowski, l'inégalé chirurgien esthétique du prolétariat, le dernier maître de l'obscénité utile.

(Désolé Hank pour ce beurrage de raie en bonne et due forme mais on t'aime tellement avec les copains qu'on en devient des vraies fiottes quand on pense à toi. Surtout quand on se dit qu'on est tes contemporains (ou presque) et que t'es mort alors qu'on était minot. Bisou. Tu nous manques)
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Le Vieux dégueulasse, alors âgé de 71 ans, écrit son journal intime. 1991... 1992... Buko y raconte ses journées passées à l'hippodrome et ses nuits à taper sur son Macintoch. Il y a aussi sa femme Linda, ses chats et ses ongles de pieds trop longs...

On découvre le Buko écrivain, alcoolique et malade (la Grande Faucheuse n'est pas loin), mais surtout le Buko philosophe. Il s'interroge sur la mort, l'immortalité, le temps qui passe et sa perte : "L'horreur, ce n'est pas la mort mais la vie que mènent les gens avant de rendre leur dernier soupir." Son mot d'ordre : l'action. Sa devise : le Carpe Diem. "Il n'est de gloire que dans l'action et le défi. La mort n'est qu'un épouvantail. Ne compte que le moment présent. le présent. le présent. Pardi."
Il fuit les mondanités et pourrit les faux-semblants. Bukowski ne triche pas. Et il aura été toute sa vie, un homme libre.

NB : Cette édition contient les illustrations de Robert Crumb.
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Bukowski nous livre ses dernières lignes...écrites au traitement de texte.
C'est différent, comme apaisé.
C'est comme une eau devenue calme, après les rapides et les canyons.
Un lac?
By, hank.
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Je pensais avoir lu tous les livres traduits en français de Charles Bukowski et je m'étais (par chance) trompé, car il me restait à découvrir son dernier livre : « le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau ». J'aime ce titre long et énigmatique, mais qu'en est-il du roman ?

Lire la suite sur mon blog : https://deslivresetdesfilms.com/2016/10/14/772/
Lien : https://deslivresetdesfilms...
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J'ai découvert Charles Bukowski et son style brut, vif, corrosif dernièrement et en trois romans, le bonhomme s'est d'un coup imposé comme l'un de mes écrivains favoris. Même, mettons depuis le premier que j'ai lu et que je conseille comme beaucoup de gens pour débuter, le culte Contes de la folie ordinaire. Ce dernier, composé d'une multitude de nouvelles (écrites à la fin des 60's) toutes différentes mais complètement déjantées vous fourniront déjà une porte ouverte sur l'univers du bonhomme assez fortement composé d'alcool (beaucoup), de sexe (beaucoup aussi), et parfois d'une tendresse étrange qui sourde de toutes les situations. Cela pourrait être glauque, c'est juste cru, le bonhomme disposant d'un sens de l'humour qui ne se dispense pas d'être parfois assez noir quand ce n'est pas l'autodérision pure.

Car au fond, Bukowski ne parle que de lui et mêle alors constamment ses frasques dans la vie réelle avec tout ce qui peut venir de son imagination (sans limite comme on le découvre parfois). le roman dont je tiens à coeur de vous parler va d'ailleurs droit à l'essentiel puisque le bonhomme ne parle que de lui dans un étrange journal de bord qui zigzague entre 91 et 93, peu de temps avant sa mort (en 1994 mais même âgé alors de 71 ans au moment où il rédige ce Capitaine..., je peux vous dire qu'il est assez lucide sur le fait que la Grande Faucheuse lui tourne de plus en plus autour). N'y voyez pas là, les réflexions d'un vieillard sénile en manque de reconnaissance puisque jusqu'au bout le bonhomme reste fidèle à lui même. Et pour le coup, on a même demandé à Robert Crumb de faire des illustrations pour plusieurs "journées" (en fait il écrit généralement le soir). Crumb qui illustre du Bukowski, c'est ze cerise sur le gâteau, ici très bienvenue.

Respectivement, le livre s'avère moins cru que d'habitude. On est loin des passages les plus salés (et croustillants mais c'est un avis perso. Quoique...) des Contes de la folie ordinaire ou Woman (plus dur d'accès celui-là). D'ailleurs Buko' ne parle quasiment pas de sexe (sauf à une page, nostalgique, pour à peine 2,3 lignes) mais diverge sur son quotidien (les courses hippiques en grandes parties. Il donnerait presque envie de s'y mettre) en prenant le tout avec beaucoup de recul et de sérénité. Même tout croûton comme il se dit, ses analyses sur ses contemporains (voire lui-même) restent des plus pertinentes, voire jouissives par moments.

Un bon Bukowski pour débuter, même si je conseillerais de le lire juste après Contes de la folie ordinaire.

(A noter un extrait et une illustration sur le blog ! cf lien dessous)
Lien : http://dvdtator.canalblog.co..
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Les fans aimeront ce livre-terminus de Bukowski. Il s'y montre lucide, sans fard, touchant, et -c'est peut-être inquiétant pour moi- mais je m'y retrouve bien souvent, dans cette analyse bukowskienne de (sa fin de) vie.
Un type bien, un type intéressant. Et, dans le fond, comme il y en a peu.
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