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Le capitaine est parti déjeuner, c'est-à-dire que le vieux Bukowski (c'est-à-dire le jeune dans le sens anti-chronologique de mes découvertes) n'existe plus qu'à moitié dans le dernier Bukowski (c'est-à-dire le plus récent). Dire que lui et moi avons passé trois ans à respirer le même air sur cette planète sans que je n'en sache rien.


Le Bukowski du capitaine qui est parti déjeuner est plus vieux que les autres Buko que je connaissais. Il picole toujours mais un peu moins, surtout du rouge, l'alcool de la sagesse, et surtout devant sa machine à écrire. D'ailleurs, il n'a plus de machine à écrire mais un ordinateur. Il a une femme et des chats, il ne voit plus de putes, il ne parle plus de baises fantastiques ou dégueulasses. Malgré tout, Bukowski reste le même et quand bien même nous l'observons consacrer sa verve à des sujets plus classiques qu'antan, il continue de les aborder de biais, les détroussant au dernier moment pour nous en faire voir l'envers. Contrairement à ces vieux groupes de rock qui n'ont plus rien à composer mais qui suivent des thérapies de groupe et se pressent l'écorce comme de vieux citrons séchés, Bukowski ne se force pas tellement. Pour tout dire, c'est la preuve que l'apaisement peut finir par survenir.
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Bukowski nous livre ses dernières lignes...écrites au traitement de texte.
C'est différent, comme apaisé.
C'est comme une eau devenue calme, après les rapides et les canyons.
Un lac?
By, hank.
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Bukowski ne boit (presque) plus, il vit avec sa femme et ses neufs chats dans une charmante petite maison avec piscine et jacuzzi. Heureusement, il écrit toujours, mais il le fait maintenant dans la tranquillité de son bureau, devant l'écran de son mac (qu'il a tout de même un certain mal à dompter).
Légitimement, on peut se poser la question, Bukowski est-il toujours Bukowski ?? Lui même pose la question lors d'une de ces réflexions dans ce journal, écrit sur une période de trois ans, peu de temps avant son ultime rendez-vous avec la grande faucheuse : Suis-je toujours le même qui s'écroulait et s'endormait sur un tas de poubelle ??
Et bien, incontestablement oui.
En effet, Bukowski n'est pas dupe, Il a beau s'être embourgeoisé quelque peu, il n'en oublie pas qui il est ni d'où il vient, et n'est guère plus optimiste sur l'avenir de notre société. Il nous livre ici ses dernières constatations sur le monde et l'humanité (qu'il observe inlassablement, et non sans un certain dégoût, quotidiennement sur les champs de courses), mais également sur lui même : l'évolution de son style, son rapport avec autrui, et aussi avec la mort, qu'il attend patiemment et presque sans appréhension, avec un cancer de la peau qui le ronge et la certitude qu'il ne devrait plus être de ce monde depuis un moment déjà.
Tout cela, comme à son habitude, d'une plume acerbe, sans langue de bois, ni aucune intention de plaire à son lecteur.
Brut, franc et sans concession, non Bukowski n'a pas changé, il est resté le même... jusqu'au bout !
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Charles Bukowski (1920-1994) est un écrivain américain d'origine allemande. Après avoir fait mille métiers, de postier à employé de bureau, connu la misère et la prison, il se lance dans l'écriture de poèmes puis de romans et nouvelles. Buveur et coureur de filles, les téléspectateurs se souviennent de sa sortie du plateau de télévision où il était l'invité de Bernard Pivot en 1978.
Bukowski et moi c'est une vieille histoire, puisque j'ai encore dans ma bibliothèque son premier bouquin paru en France, Mémoires d'un vieux dégueulasse sorti en 1977 dans la collection Speed 17 et traduit par Philippe Garnier. Je l'ai beaucoup lu par la suite (à l'exception de ses poésies, genre que je ne prise guère) et durant de nombreuses années, mais il y a aussi longtemps que je ne pensais plus à lui, jusqu'à ce que je tombe un peu par hasard sur ce petit bouquin au titre bien trop long, le Capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau paru chez nous en 1999.
Il s'agit d'un journal – auquel il ne s'est résolu que « sous la pression d'un tiers » - couvrant la période d'août 1991 à février 1993. le vieux Buk est presque arrivé au bout de la route, « la mort s'approche, je sens déjà son souffle », il a soixante et onze ans, sa santé n'est guère florissante, il a triomphé de la tuberculose, subi une opération de la cornée, souffert l'enfer avec sa jambe droite et un cancer de la peau le ronge. Néanmoins, en tant qu'ancien lecteur je le reconnais aisément, même s'il est moins fringant qu'avant.
Son journal en atteste, ses journées consistent à jouer aux courses et passer du temps sur les hippodromes, puis il rentre chez lui et retrouve ses neufs chats et sa femme avant de s'installer devant son ordinateur et écrire. Il fume toujours, boit nettement moins et le tagada n'est plus guère évoqué comme jadis, sinon comme un souvenir. Si le corps est un peu à la ramasse, l'esprit frondeur et indépendant est toujours là. « Je n'ai jamais placé mes espoirs dans la raison ou dans la justice », les flics ne sont pas ses amis, les gens en général et la connerie humaine l'agacent et il ne supporte pas la promiscuité, seule la musique classique trouve encore grâce à ses yeux aujourd'hui.
Lu superficiellement le bouquin n'est guère palpitant et Bukowski écrit un peu comme on parle, ce qui donne une littérature paraissant quelconque. Si l'auteur m'était inconnu, il est fort probable d'ailleurs que mon jugement en soit resté là, mais je l'ai dit Bukowski est un compagnon de jeunesse, alors j'ai lu derrière les lignes. J'y ai trouvé un homme vieillissant, qui se pose les questions existentielles qu'on se pose à son âge et qui n'aura eu qu'un seul but dans la vie, écrire, toujours écrire.
Il faut néanmoins admettre que le père Buk n'échappe pas aux travers de la vieillesse, il bougonne, regrette les temps anciens, « il m'est impossible de vous dire pourquoi mais tout était différent par le passé », bref, du poivrot macho des jeunes années il est devenu sur le tard un vieux schnock comme on en croise dans les bureaux de tabac ou les troquets de quartier. Une trajectoire logique en somme, mais qui ne m'interdit pas de lui conserver toute ma tendresse.
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On retrouve Bukowski en septuagénaire, sa vie oscillant entre son ordinateur capricieux, les embouteillages sur l'autoroute et les champs de courses. Il s'est assagi, il ne boit plus, et vit avec sa femme Linda et ses neufs chats. Dans ce journal rédigé à la demande de l'éditeur entre août 91 et février 93, Hank pense à la mort qui approche, et livre ses derniers regards sur le monde, avec par moments, des visions quasi prophétiques sur son évolution (crise, société, avancées technologiques). Sa plume, toujours aussi cinglante, et plus vraie que jamais, nous entraîne dans sa vie en inertie, pour mieux nous offrir de véritables instants de réflexion, de philosophie, mais à la Bukowski ! Il fait tomber les masques, c'est le moment où Hank se retourne sur sa vie, sur l'existence en général, plus authentique que jamais, et se dit prêt à affronter la mort.
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Bukowski en romantique iconoclaste, alcoolique repenti (ou presque), arbitre littéraire (Dos 1 Tolstoï 0). Bukowski en vieux même pas con malgré les 70 balaies passés, le succès, la reconnaissance et Linda. Bukowski en bon époux (ou presque) à l'aise dans son jacuzzi. Bukowski aux champs de course pour rester vivant et voir le monde s'écrouler. Bukowski et sa prose divine qui fonctionne encore et toujours. Bukowski, l'inégalé chirurgien esthétique du prolétariat, le dernier maître de l'obscénité utile.

(Désolé Hank pour ce beurrage de raie en bonne et due forme mais on t'aime tellement avec les copains qu'on en devient des vraies fiottes quand on pense à toi. Surtout quand on se dit qu'on est tes contemporains (ou presque) et que t'es mort alors qu'on était minot. Bisou. Tu nous manques)
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J'ai découvert Charles Bukowski et son style brut, vif, corrosif dernièrement et en trois romans, le bonhomme s'est d'un coup imposé comme l'un de mes écrivains favoris. Même, mettons depuis le premier que j'ai lu et que je conseille comme beaucoup de gens pour débuter, le culte Contes de la folie ordinaire. Ce dernier, composé d'une multitude de nouvelles (écrites à la fin des 60's) toutes différentes mais complètement déjantées vous fourniront déjà une porte ouverte sur l'univers du bonhomme assez fortement composé d'alcool (beaucoup), de sexe (beaucoup aussi), et parfois d'une tendresse étrange qui sourde de toutes les situations. Cela pourrait être glauque, c'est juste cru, le bonhomme disposant d'un sens de l'humour qui ne se dispense pas d'être parfois assez noir quand ce n'est pas l'autodérision pure.

Car au fond, Bukowski ne parle que de lui et mêle alors constamment ses frasques dans la vie réelle avec tout ce qui peut venir de son imagination (sans limite comme on le découvre parfois). le roman dont je tiens à coeur de vous parler va d'ailleurs droit à l'essentiel puisque le bonhomme ne parle que de lui dans un étrange journal de bord qui zigzague entre 91 et 93, peu de temps avant sa mort (en 1994 mais même âgé alors de 71 ans au moment où il rédige ce Capitaine..., je peux vous dire qu'il est assez lucide sur le fait que la Grande Faucheuse lui tourne de plus en plus autour). N'y voyez pas là, les réflexions d'un vieillard sénile en manque de reconnaissance puisque jusqu'au bout le bonhomme reste fidèle à lui même. Et pour le coup, on a même demandé à Robert Crumb de faire des illustrations pour plusieurs "journées" (en fait il écrit généralement le soir). Crumb qui illustre du Bukowski, c'est ze cerise sur le gâteau, ici très bienvenue.

Respectivement, le livre s'avère moins cru que d'habitude. On est loin des passages les plus salés (et croustillants mais c'est un avis perso. Quoique...) des Contes de la folie ordinaire ou Woman (plus dur d'accès celui-là). D'ailleurs Buko' ne parle quasiment pas de sexe (sauf à une page, nostalgique, pour à peine 2,3 lignes) mais diverge sur son quotidien (les courses hippiques en grandes parties. Il donnerait presque envie de s'y mettre) en prenant le tout avec beaucoup de recul et de sérénité. Même tout croûton comme il se dit, ses analyses sur ses contemporains (voire lui-même) restent des plus pertinentes, voire jouissives par moments.

Un bon Bukowski pour débuter, même si je conseillerais de le lire juste après Contes de la folie ordinaire.

(A noter un extrait et une illustration sur le blog ! cf lien dessous)
Lien : http://dvdtator.canalblog.co..
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Les fans aimeront ce livre-terminus de Bukowski. Il s'y montre lucide, sans fard, touchant, et -c'est peut-être inquiétant pour moi- mais je m'y retrouve bien souvent, dans cette analyse bukowskienne de (sa fin de) vie.
Un type bien, un type intéressant. Et, dans le fond, comme il y en a peu.
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Le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau.
Point final de l'oeuvre complet de Bukowski, ce petit livre condensé se présente comme un journal intime, résultat d'un défi -assez peu apprécié par l'auteur- qu'un de ses amis lui aurait lancé. Assez peu apprécié et pourtant: le jeu respire l'amusement et la sincérité. On y retrouve un bukowski qui, à 72 ans, n'a rien perdu de sa vivacité d'esprit, de ses inventions linguistiques pleines de colorations, de sa capacité à aligner sur le papier ses émotions et sa vision des choses, aussi brutales que profondément sensibles. Car c'est aussi avec grâce et mélancolie que l'auteur se met à nu. Et même dans ses plus anciens textes.
Se mettre à nu, le terme est juste pour définir l'empreinte littéraire de bukowski. Si dans ce roman précisément, on le découvre plus posé, plus assagi, il n'en reste pas moins que la virulence de sa plume reste intacte. Toujours fraîche, pétillante, dépourvue de toute amertume et aiguisée sur le ton d'un humour très subtil. Certains vont y aller de la même critique : celle du sujet répétitif. Vrai, sauf que l'essentiel demeure dans ce qu'il ne raconte JAMAIS de la même façon ses points d'attrait. le turf, le dégoût de l'humanité ou de « la figure humaine », de ses contemporains, la grande Faucheuse qu'il traite avec dérision tout en laissant goutter quelques traces de réflexions craintives en arrière plan... le sexe est évoqué de manière plus que fugace, cette fois ci. Et les moments d'alcool sont désormais davantage des rappels de mémoire. Car il nous engage aussi dans ses souvenirs, dans une nostalgie toute personnelle de ses moments intenses de crève la faim, de bagarres nocturnes(« les corridas de comptoir »), et de saouleries sans fin qu'il ne peut plus tellement assumer à l'heure actuelle.
Le journal est jonché d'anecdotes intimes qui respirent le véritable vécu, ce sont là des moments qui s'entrechoquent sans que la continuité de la lecture s'en trouve meurtrie. Des pépites. Des souvenirs. Des drôleries. Des lignes de pensées plus abouties les unes que les autres et dépassant pour ma part la voix des grands philosophes. Car il y'a de la veine chaude qui coulent dans ses mots. Un livre qui se boit, dont on se délecte. On en prend aussi plein la figure, nous, pauvres lecteurs assaillis de noms d'oiseaux quand il le faut. Une nouveauté ici: l'histoire (quasi) amoureuse de bukowski et de son jacuzzi. Ho! Et le livre est aussi illustré de temps à autres, par l'excellent Robert Crumb dont le coup de crayon a su pour ma part cerner le personnage dans toute sa splendeur. Je vous laisse entre de bonnes pages. Et merci l'artiste !
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Charles Bukowski se résigne à tenir un journal sur le conseil de son éditeur. Il est à la fin de sa vie (71 et 72 ans), il occupe ses journées aux champs de courses et la nuit à l'écriture. Il occupe enfin une belle maison en compagnie de sa femme et de ses neuf chats. Rien à voir avec ses frasques du passé même si l'alcool est toujours présent. Il s'agit d'un petit recueil de réflexions sur son quotidien, sur la mort qui approche et sur les relations difficiles avec ses contemporains. de beaux passages sur la société , mais un peu trop sombres à mon goût.
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