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EAN : 9782330098650
269 pages
Actes Sud (07/02/2018)
3.39/5   23 notes
Résumé :
Tandis que leur père est hospitalisé et vit certainement ses derniers jours, deux frères revisitent leur passé. Quarante-sept ans plus tôt, la guerre du Vietnam les a séparés – l’un s’est engagé, l’autre a fui au Canada. Mais l’heure des retrouvailles (et des comptes) a peut-être enfin sonné. Un roman magistral et poignant, par l’une des plus grandes voix de la littérature américaine.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Acquis en février 2018- Lu le 30 avril 2020...

-La loi inflexible d'un Père !

"Les hommes sont les hommes. Ils ont leur façon de communiquer entre eux, de créer des liens. Mon mari et le vôtre,par exemple. Une relation père-fils très intense. Bien sûr, ils ont été soldats , l'un et l'autre. Est-ce pour cette raison que les hommes font des guerres ? Pour partager ce genre d'expérience ? N'ont-ils que ce moyen-là pour vraiment se sentir proches ? "(p. 211)

Un grand coup de coeur sur un sujet, qui, au demeurant n'est pas dans mes
thématiques de prédilection, habituelles : Pourquoi les guerres ? que deviennent les hommes qui ont assumé, vécu des conflits, devant ensuite se réadapter à la vie civile, à la"vie ordinaire" ?
Quels liens peuvent subsister quand les convictions vous séparent ? ...

Cet ouvrage me fait songer à une autre lecture lointaine, sur des thèmes très proches, écrit par Heinrich Bôll... "Rentrez chez vous,Bogner" ! Lecture m'ayant fortement marquée, qui analysait très finement les ravages de la guerre et de l'inaptitude du personnage central, à réintégrer sa vie d'avant !!...
Dans ce roman, l'auteur américain, Robert Olen Butler, que je découvre pour la toute première fois... est très marqué par la guerre du Vietnam
[ sujet que l'on trouve présent dans d'autres de ses textes ]

Une lecture passionnante, qui nous bouscule, avec de nombreux questionnements sur le POURQUOI des guerres...qui jalonnent l'histoire des hommes...

Deux frères qui ne se sont pas vus depuis 50 ans... après des dissensions et des valeurs rigides induites par le père, pour qui la guerre "fait l'homme"...qu'être antimilitariste reste inconcevable !!!.

L'aîné, pour plaire au Père acceptera de partir au Vietnam, alors que le cadet refusera, s'affrontera à son père, en voudra à son aîné de sa passive obéissance... partira loin, au Canada... coupera tous les ponts.

Des décennies passent et le Patriarche est au plus mal... les frères se retrouveront finalement aux obsèques paternelles... il n'y aura qu'un gâchis désolant à constater, causé par un père psychorigide, dont la loi est quasi divine...impossible à contourner, si ce n'est qu' au prix d'un bannissement sans retour !

Un trésor que ce roman d'une rare intensité dramatique et d'une acuité psychologique ,incroyable...décortiquant magistralement ces "valeurs viriles" qui mettent tout en haut des prestiges, celui "du guerrier" ! ... alors que les véritables "Héros" sont sûrement autres. ...

"Les vrais héros, dans tout ça, ce sont les hommes et les femmes qui disent non à leur pays. A cette guerre illégale, au sang versé, ils préfèrent la prison ou l'exil. Ce sont eux, les vrais héros." (p. 96)

Un immense bonheur que la plume de cet écrivain américain, ainsi que la profonde humanité se dégageant de ses personnages, engoncés dans des certitudes, provoquant "gâchis humains, familiaux, amicaux"...au nom d'un esprit guerrier survalorisé depuis la nuit des temps !!!

Un ouvrage qui fait réfléchir très loin... dans L Histoire des Hommes et de leurs éternels conflits...Pourquoi cette sacralisation de la Guerre, alors que les hommes en reviennent abîmés, hantés, brisés, en marge durable (à l'intérieur d'eux-mêmes) par les violences subies ou imposées aux autres ??

"D'une façon ou d'une autre, tant d'hommes encore (...) ces vétérans, plus ou moins heureux, qui mènent semble-t-il une vie ordinaire, une vie respectueuse des valeurs (...) se sont dit que leurs meurtres constituaient des exceptions, des actes dissociés de ce qu'ils sont vraiment, puis ils ont réussi à poursuivre leur existence en tant qu'individus totalement
étrangers à la moindre violence." (p. 82)

Publication enrichie d'une splendide couverture , aussi flamboyante que l'écriture de Robert Olen Butler... !

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Deux frères ont suivi des voies différentes lors de la guerre du Vietnam. L'aîné finit ses études puis s'engage, mais pas dans une unité de combat. Il croit ainsi plaire à son père qui ne cesse de parler de “sa guerre”, la seconde. le cadet s'enfuie au Canada avec la femme qu'il aime. Il ne donne pas de nouvelles et ne doit plus être évoqué.
Des décennies passent, Robert a du mal à oublier la guerre. Lui et son épouse Darna sont professeurs d'université et ont une relation de qualité bien même à elle, il ne révèle rien de ce qu'il a vécu au Vietnam.
Lorsque le père est à l'agonie, Jimmy après hésitation revient.
Un livre sur le poids de la guerre pour cette génération du Vietnam. J'ai beaucoup aimé le personnage De Robert et sa relation avec son épouse, mais pas vraiment le livre en entier.
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Cela aurait pu s'appeler aussi l'Appel de la guerre. Sur 5 générations, c'est une histoire du genre "Tu seras un homme mon fils!", mais ça ne marche pas.

Robert 70 ans est marié à Darna dans une relation toute de silences, de non dits, de  respect, de partage intellectuel, de courtes phrase qui se suffisent à elles-même. Pendant les quelques jours qui entourent la mort de son père, les vieux démons qu'il a ramenés de la guerre du Vietnam et gardés secrets au fil des décennies l'envahissent. le grand-père a fait la Grande Guerre, le père a combattu Hitler. Lui a voulu gagner l'amour de son père (bel échec) en s'engageant, alors que son frère a fui au Canada, tranchant définitivement dans l'amour des siens. Ceux qui sont partis ont ramené des secrets terribles que leur femmes ont respectés, les soutenant chacune à sa manière. Un SDF  psychotique traîne par là, son père vétéran du Viet-Nam lui soufflant sa conduite dans son cerveau malade.

C'est donc un thème qu'on a déjà vu et revu, la guerre, le Vietnam, les traumatismes, les secrets, les enfants , les femmes, tout l'entourage qui en souffre.

J'ai assez aimé la façon de faire De Robert (tiens, il s'appelle Robert et je n'ai pas trouvé de biographie qui dise s'il a fait le Viet Nam) Olen Butler. D'abord j'aime bien les enterrements et tout ce qui tourne autour, en littérature du moins : c'est le moment de réunir tout le monde, de catalyser les sentiments, de dire les choses inavouées etc... Et là il s'en sort plutôt bien, c'est puissamment mené, sans débordements, dans cette réserve sentimentale qui semble affecter 'presque) tous les membres de la famille, cachant leur détresse derrière un mot, un geste, un silence.

Robert, cet homme vieillissant qui devient du jour au lendemain l'aîné de cette  famille déchirée, n'est pas la brute qu'ont pu donner les guerres aux générations précédentes; c'est un homme éduqué, intelligent, brillant même , attachant,  qui cache, tout enfoui,  un tout jeune garçon traumatisé et est autant déchiré par le traumatisme que par le secret. J'ai beaucoup aimé ce couple qu'il forme avec sa femme (et d'une façon générale la place des femmes dans ce roman), ce que l'amour est devenu en 50 ans, qui n'a plus besoin des mêmes enthousiasmes et artifices, qui trouve une certaine paix, laquelle peut sembler terne, mais cache en fait une énergie et une tendresse qui n'a même plus besoin de se dire.

Et puis, si au début les réminiscences m'ont un peu irritée, comme des flashbacks hollywoodiens, elles  se sont peu à peu mêlées au quotidien, aux espoirs, aux pensées, aux rêves, aux délires, elles ont pris leur place et tout le récit  fonctionne  sur cela, le passé, toujours présent, c'est assez prenant.
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Robert Olen Butler, assez peu connu en France, est un aueur célèbre poute-Atlantique. Pulitzer 1993 pour Un doux parfum d'exil. C'est la première fois que je l'aborde, ne sachant rien d'autre. Chez Actes Sud vient de sortir L'appel du fleuve. Un vieillard vient de mourir, vétéran de la World War II. Ses deux fils, quasi septuagénaires sont fâchés entre eux depuis le Vietnam. le cadet Jimmy est en plus fâché avec son père depuis le Vietnam, qu'il a refusé en filant au Canada. L'aîné Robert lui, y est allé au Vietnam, mais très protégé et loin du front. Ses rapports avec son père ont été pour le moins distants. Robert est professeur d'université en Floride. Jimmy crée de la maroquinerie. Plus rien en commun, sauf un père décédé, des souvenirs d'altercations triangulaires. La famille dans toute sa splendeur, des épouses... épouses avec ce que cela implique. Un minimum de retrouvailles est-il envisageable, au moins au funérarium?

C'est un roman que l'on n'oublie pas, creusant encore et encore le fossé des générations qui le nôtre. Dans cette version américaine qui ne cherche jamais l'effet pathétique ni la surenchère, on suit Robert essentiellement. Une rencontre avec un SDF, Bob, un peu sans âge, est-ce un vétéran d'une quelconque autre guerre, agira comme un révélateur, et comme un lien avec ce passé enfoui, dont les opinions sur le Vietnam et le Summer of love seront étincelles qui étei dront la communication fraternelle, déjà faiblarde.

L'appel du fleuve fait écho au drame vietnamien De Robert, pas précisément, un fait d'armes. Ainsi chacun revisite le temps passé. On hésite sur un coup de fil à donner, priant (qui de nous ne l'a pas fait) pour tomber sur ce merveilleux répondeur qui permet de dire quelque mots sans risques et ainsi mettre la balle du côté de l'autre. Délicieuses petites lâchetés. Quarante-sept années que les frères Quinlan, Robert et Jimmy ne se sont ni vus ni même parlé. Jimmy: "Entendons-nous sur un point. Evitons de nous disputer à propos du passé. Si l'on doit se mettre en colère, que cela concerne quelque chose d'immédiat." Robert: "D'accord mon vieux. Seulement on n'a que ça, le passé, toi et moi. Si on se met à parler d'autres choses vont ressortir."

Alors il me vient à l'esprit que seul un long silence s'impose quand un demi-siècle de scories recouvre la jeunesse des frères. Ce même silence convient aussi très bien à cette chronique. Lisez L'appel du fleuve, une Amérique de ratages et d'émotions. Ca me va plutôt.
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Robert, professeur d'université, vétéran du Vietnam, a une vie plutôt tranquille auprès de sa femme Darla. Lorsque sa mère lui annonce que son père vient de chuter, cela ne l'inquiète pas plus que cela mais le grand âge de ce vieil homme ne présage rien de bon...
Des souvenirs de guerre ressurgissent... Ceux qui le hantent depuis toujours, dont les images de cette dernière nuit à Hué, où il a fui et s'est réfugié dans un arbre...
Son père, qu'il appelle Senior, militaire durant la Seconde Guerre Mondiale, a voué un culte immodéré à l'armée et s'est fâché à vie avec son deuxième fils, Jimmy, qui a choisi la voie d'objecteur de conscience et a migré au Canada...

Ce roman explore les âmes tourmentées d'une famille marquée par les guerres de génération en génération, dont les relations intra familiales sont devenues complexes, faites de non-dits, de malentendus, de silence...
Subir une guerre est autre chose que de la faire, de la vivre, de tuer... et il est généralement très difficile d'en parler et même d'accepter qui on était alors et pourquoi on s'y est engagé.
Ainsi, lors de la veillée funéraire, les retrouvailles entre les deux frères a lieu et sont levés quelques pans de l'histoire de leurs relations contrariées...
Un beau texte d'une grande intensité dramatique.
Belle découverte que cet auteur qui m'était jusqu'à lors inconnu !
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
De son point de vue, on accorde bien trop d'importance aux liens du sang. Il faut vraiment être attaché à une sorte d'identité-celle que nous attribuent des parents, grands-parents, ou une fratrie- pour ne pas imaginer qu'un jour, une rupture puisse irrévocablement se produire. Pourtant, on s'éloigne de ses relations, même d'anciens amis proches. Pourquoi ? Parce que nos intérêts, nos goûts, nos idées, nos valeurs, notre personnalité et notre caractère- tout ce qui nous constitue réellement- changent, évoluent, et les liens se dénouent. De fait les amitiés se défont moins aisément: nous nous accordons au départ lorsque ces éléments sont compatibles. (p. 71)
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D'une façon ou d'une autre, tant d'hommes encore (...) ces vétérans, plus ou moins heureux, qui mènent semble-t-il une vie ordinaire, une vie respectueuse des valeurs (...) se sont dit que leurs meurtres constituaient des exceptions, des actes dissociés de ce qu'ils sont vraiment, puis ils ont réussi à poursuivre leur existence en tant qu'individus totalement étrangers à la moindre violence. (p. 82)
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- Les hommes sont les hommes. Ils ont leur façon de communiquer entre eux, de créer des liens. Mon mari et le vôtre, par exemple. Une relation père-fils très intense. Bien sûr, ils ont été soldats , l'un et l'autre. Est-ce pour cette raison que les hommes font des guerres ? Pour partager ce genre d'expérience ? N'ont-ils que ce moyen-là pour vraiment se sentir proches ? (p. 211)
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[Dialogue entre les deux frères à l'enterrement du père ]
- Tu avais raison, à l'époque. Senior [le Père ] était à la base de tout ça. Je voulais son affection. Tu as eu l'intelligence d'y renoncer, je m'en aperçois maintenant. Je ne suis pas parti au Vietnam pour voir la mort de près. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour l'éviter, pour ne pas la voir du tout. et certainement pour ne pas la donner. je me suis engagé afin de choisir un poste qui me convienne, un poste de gestionnaire bidon, planqué. Mais en faisant ça, je me suis condamné à ses yeux. J'ai obtenu le contraire de ce que je désirais. Il aurait aimé que j'aille joyeusement tirer dans le tas, comme lui. Et donc il m'a méprisé jusqu'à la fin de ses jours. (p. 259)
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Sans le droit de vote, sans moyens d'influence particuliers, mais avec le sentiment naissant de leur identité et la volonté de l'affirmer, ces femmes du XIXe siècle créèrent des clubs auxquels elles furent nombreuses à s'inscrire pour réfléchir et s'organiser. Des clubs d'histoire, de voyage, de lecture, pour s'instruire et évoluer. (p. 103)
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Robert Olen Butler : La fille d'Hô Chi Minh Ville
Depuis un ponton sur la Baie d'Ha Long, Olivier BARROT, parle du roman de l'américainRobert Olen Butler -illustré par une photographie de l'auteur- "La fille d'Hô Chi Minh Ville". Olivier Barrot lit un extrait du livre.
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