... entre deux rangées très denses d'imperméables, de capes cirées et de parapluies, pratiquement ininterrompues, même en rase campagne.
Ce sont les derniers, les déshérités, les affligés, les pauvres, les inconnus très à la limite dangereuse du temps maximum (vingt minutes tous les cent kilomètres).
Les pneus, très minces, sont lisses et tendres comme de jeunes serpents.
Comme il y en a (des morts), une armée imposante d’uniformes et de races mélangées, des hommes qui s’égorgèrent les uns les autres et qui à présent vivent l’un près de l’autre dans la sérénité, pacifiés par l’armistice suprême.
"J'avais à peine 24 ans lorsque ce livre, pareil à aucun autre, atterrit un matin sur mon bureau. Jeune journaliste au Monde, je faisais douloureusement le deuil de mes rêves de champion cycliste. C'était le printemps 1984. J'avais ravalé mes ambitions de maillot jaune. Une petite mort. Et j'avais troqué mon énergie de coureur amateur contre une foi sans limite dans mon métier de Rouletabille. L'enjeu était toujours le même : s'échapper pour aller plus loin, et voir du pays..."Eric Fottorino