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Le cyclisme est une passion, il a aussi sa culture car il va au devant des gens. Lorsqu'un écrivain de la trempe de Dino Buzzati qui ne connaît rien à ce sport, est invité à suivre la plus grande course à étapes de son pays par son journal, le Corriere della sera, cela donne des textes remarquables que j'ai pu lire grâce à Vincent.

Sur le Giro 1949 (Le duel Coppi-Bartali), m'a plongé dans un pays qui se relève très difficilement de la Seconde guerre mondiale. La course n'est pas négligée comme l'immense rivalité entre les deux campionissimi mais il parle de la vie des gens, de leur passion pour le cyclisme et de leur présence, tout simplement. L'auteur du Désert des Tartares décrit cela superbement.
Dino Buzzati, comme ses confrères journalistes, rédige son papier le soir puis le communique à son journal qui paraît le lendemain, sauf le lundi, à l'époque. C'est pourquoi ont été incluses, pour combler les vides, les articles de Ciro Verrati, du Corriere d'informazione, qui suit la course dans la même voiture. Ainsi, en lisant ce livre, j'ai eu un panorama complet de la course et surtout un ressenti très intéressant sur l'Italie et les Italiens, quatre ans après la fin de la Seconde guerre mondiale.
Pour être au départ de ce Giro, l'auteur est monté à bord du Saturnia, à Gênes, avec plusieurs coureurs, des directeurs sportifs, des mécaniciens mais sans les deux idoles. Une escale à Naples et c'est le Ville de Tunis qui traverse tout ce monde jusqu'à Palerme mais toujours pas de Coppi, ni de Bartali qui seront bien au départ, heureusement !
De Palerme à Catane, c'est la première étape et Dino Buzzati est comme un enfant qui découvre un autre monde : « Les pneus, très minces, sont lisses et tendus comme de jeunes serpents. » Ils sont 102 coureurs et ont 4 070 km à parcourir. Au bout de 2 km, quatre coureurs s'échappent puis Mario Fazio, originaire de Catane les rejoint avec trois autres car il sait que sa mère l'attend : « Elle y était. Exactement à la hauteur de la ligne d'arrivée, derrière le grillage métallique, le visage de sa mère, tout rond, apaisé, plein de bonté et de sérénité, en train de rire. » On la comprend : son fils a gagné !
Le lendemain, sur la route de Messine, ils passent par l'Etna et l'auteur fait parler le volcan qui retrouve le Giro dix-neuf ans après. Sur le continent ensuite, je ne peux passer sous silence l'étape Naples – Rome durant laquelle les fantômes du vieux Cassino se réveillent : « Comme il y en a (des morts), une armée imposante d'uniformes et de races mélangées, des hommes qui s'égorgèrent les uns les autres et qui à présent vivent l'un près de l'autre dans la sérénité, pacifiés par l'armistice suprême. »
Ensuite, arrivent les Dolomites et les Alpes après le passage dans Trieste avec des milliers de drapeaux vert-blanc-rouge. La course devient épique et je me suis régalé en lisant les exploits des coureurs et les impressions du suiveur qui rédige une page magnifique pour parler de la bicyclette, des pédales, des jambes du coureur, même le plus modeste, qui, malgré toutes les souffrances endurées, redoute le dernier dossard et la fin de carrière car seule la course est belle et honte à ceux qui la polluent !
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Non seulement, Dino Buzzati fait vivre ce Giro 1949 mais il fait également vivre les paysages parcourus comme les gens lors du passage au Monte Cassino.
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Ce livre est avant tout la rencontre de deux mondes: celui de la littérature et du cyclisme. D'autres avant Dino Buzzati s'y sont essayé, je pense notamment à Albert Londres ou à Antoine Blondin.
Dans le cas présent, l'auteur va s'attaquer à un monument, le Tour d'Italie, le Giro, et plus particulièrement l'édition de 1949 qui vit s'affronter 2 monstres sacrés : Fausto Coppi et Gino Bartali.
Mandaté par le Corrière Della Sera Buzzati va se transformer en reporter-journaliste chargé de faire vivre la course à des millions de passionnés. Pourtant son récit est bien loin du compte-rendu d'une course quelconque remportée par un coureur lambda dont on oubliera rapidement le nom. Sous sa plume, le cyclisme devient un art, les champions sont magnifiés. Coppi et Bartali se transforment en héros "Homèriens" dont le combat sans merci fera vibrer l'Italie tout entière.
Alors que le Giro fête cette année sa centième édition, ce récit mérite d'être redécouvert.
Certains diront que le cyclisme est gangrené par le dopage, qu'il s'apparente davantage à des jeux du cirque. Je peux entendre ce discours, mais c'est un aussi un sport magnifique, un vrai combat d'hommes. Dino Buzzati en fait ici la démonstration.
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Giro 1949, théâtre d'affrontements entre Fausto Coppi et Gino Bartali, les deux enfants chéris de l'Italie, deux champions qui divisent les italiens et italiennes. Pas forcément spécialiste de cyclisme, Dino Buzzati va couvrir ce Giro 1949 pour le Corriere della Serra et ce duel tant attendu entre le vieillissant Gino Bartali qui a régné avant-guerre (Vainqueur en 1936 et 1937) mais qui est aussi parvenu à s'imposer en 1946 et le “campionissimo” Fausto Coppi qui a gagné en 1940 puis en 1947.
En 1949, la seconde guerre mondiale n'est pas terminée depuis longtemps mais Buzzati n'en parle jamais (ou à de très rares allusions). En revanche, il nous conte le peuple italien et ses régions, de la Sicile à la Lombardie en passant - entre autres - par les Dolomites et le Trieste. A l'instar du Tour de France, c'est toute la diversité d'un peuple et de ses paysages qui défilent page après page.
La plume de Buzzati est parfaite pour nous conter ce combat de champions, faite d'allusion homérique comme lors de ce passage où un Coppi transformé en Achille s'apprête à achever son adversaire Bartali, Hector pour l'occasion.
On sent le génie de l'écrivain comme lors de cet épilogue grandiose où tout est là, la nostalgie et le vide qui s'emparent des suiveurs après 3 semaines intenses d'une course qui s'arrête brutalement. Et Buzatti de finir par une ode au Giro et à la bicyclette pour que cette dernière perdure à travers le temps et les âges. Dino, nous sommes en 2023 et la “divine bicyclette” continue d'attirer les foules…
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Pour les fans d'Italie, de mollets musclés et de fresque épique – et oui, tout cela à la fois dans ce recueil de chroniques écrites par Buzzati en 1949.

Prenez un écrivain déjà connu, Buzzati : son oeuvre la plus célèbre, le désert des Tartares, a déjà 9 ans. Considérez le fait qu'il est aussi – avant tout – journaliste au Corriere della Sera, quotidien milanais très diffusé. Prenez en compte le fait qu'il n'a absolument aucune connaissance du cyclisme, que c'est un sport auquel il n'a jamais pensé et dont, je pense, il se fiche pas mal.

Ajoutez dans le cocktail l'Italie de 1949, l'Italie d'après guerre, avec ses élans d'enthousiasme, sa ferveur populaire, ses quartiers détruits, ses villes emblématiques, ses campagnes tristes ou magnifiques – c'est selon.

Imaginez la mécanique, la dynamique d'un tour d'Italie d'il y a presque 70 ans, l'état des routes des cols (pas de bitume !), le poids des bicyclettes, la durée des épreuves (jusqu'à 10 heures !). Pas de télé, de survol en hélicoptère, de mesure en direct des distances et vitesses, mais des voitures et des motos qui font des aller-retours permanents sur des routes qui ne sont pas fermées à la ciruclation pour le passage du Tour, des myriades de reporters qui suivent le Giro dans des autos et le chroniquent le soir pour les grands journaux italiens.

Sur le Giro 1949 : le duel Coppi-Bartali, publié en français en 2017, réunit les chroniques écrites par Buzzati avant et pendant le Giro, tous les soirs depuis les différentes villes-étape pour le Corriere della Sierra.

De ce sport dont il ne connaît rien, il extrait une bataille épique, un duel au sommet dont il devine très tôt la fin avec une intuition étonnante. Par ce Giro il convoque le mythe de David et Goliath, les guerres de succession, mais aussi l'effort surhumain et vain de Sisyfe réalisé par tous ces coureurs qui poussent leurs bicyclettes en avant pour d'autres, pour le champion de leur équipe et qui n'y gagnent que l'oubli.

Très conscient de ses limites en matière de commentaire sportif, Buzzati s'attache surtout à des détails délicieux et drôles : l'histoire de la fanfare qui accueille les coureurs dans un mini-village, celle du vieil amateur qui essaye de suivre les coureurs d'étape en étape (« Un grand père un peu farfelu pédale dans le sillage des champions »), l'arrivée des heures après tous les autres de trois coureurs à Venise (« Les laissés-pour-compte du « temps maximum » », petit trésor d'écriture), un officier génois qui tabasse un groupe de journalistes, de juges et le directeur de la course car ils sont trop près de la ligne d'arrivée…

Mais plus que de tout cela, de vélo et d'anecdotes, Buzzati profite de ces chroniques pour parler de l'Italie d'après-guerre, de ses populations, des foules au bord des routes, des motivations des uns et des autres, de ses paysages. Avec une chronique toute particulière, « Les fantômes du vieux Cassino se réveillent pour le Giro », où le tour passe par un faubourg disparu, rasé par la guerre, dont les fantômes se lèvent pour saluer les joueurs. Ailleurs, il fait parler l'Etna ; routes, montagnes, bords de mer, beaux ou non, tous prennent vie pour saluer le Giro de Buzzati.

Vous ne vous intéressez pas particulièrement au vélo ? Vous recherchez de courts textes à lire de façon fragmentée ? Vous aimez l'humour subtile et la belle écriture ? Ce livre est fait pour vous – et moi, je vais m'empresser de l'offrir à Noël à une ou deux personnes !
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Quand la littérature rencontre le cyclisme sur les routes d'Italie d'après guerre, le sport prend des allures de roman d' aventure. Pourtant néophyte en la matière Dino Buzzati nous relate non seulement les faits mais aussi les comportements, sentiments des coureurs avec beaucoup de descriptions physiques et psychiques.
Les descriptions des personnages comme les spectateurs et les protagonistes de l'épreuve sont colorées et animées même si quelquefois un peu répétitives.
L' auteur brosse un portrait de l'Italie d'après guerre où comme en France le sport vrai non médiatisé et non argenté véhiculait un esprit de reconquête.
Le Giro 1949 n'a pas été des plus animés et n'a pas généré beaucoup de suspens. Ce qui fait que le reportage d'un point de vue purement sportif est assez pauvre. Même si pour pimenter son récit Buzzati a ajouter une équipe dirigée par Homère avec comme chefs de file Homère et Achille.
En conclusion un livre original résultat du croisement des 2 univers parfois éloignés que sont le sport et la littérature.
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1949, cette année-là, le monde peut s'embraser, Rita Hayworth se marier si cela lui chante, les Italiens n'en auront cure. Des Dolomites à l'Etna, le peuple transalpin a les yeux rivés sur le Giro et Buzzati s'apprête à faire le buzz. L'auteur du Désert des Tartares sort des murailles du fort Bastiani pour arpenter les routes ensoleillées de la botte italienne et faire le plein de vitamines. Il vient d'être bombardé journaliste sportif pour couvrir le Giro d'Italia, l'équivalent de notre tour de France. Des esprits pessimistes auraient pu lui prédire de longs moments de solitude, mais il n'en fut rien. Force est de constater qu'il releva le défi haut la main. Au royaume des mollets musclés l'écrivain débarque avec sa besace de lettré, observe attentivement et écrit. Là où ses confrères font bailler leurs lecteurs, il débarque avec son enthousiasme, son lyrisme et ses métaphores tantôt animalières, tantôt guerrières (Ô garibaldiens sans baïonnettes). Buzzati le novice inspiré offre aux coureurs leurs lettres de noblesse et prouve, comme plus tard Antoine Blondin, que sport et littérature peuvent faire très bon ménage ! Lisez ce livre sans appréhension, il changera votre regard sur la compétition cycliste. Prêtez-le aussi mais évitez s'il vous plait d'en faire des Fausto Coppi !
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A l'image de Blondin officiant sur le Tour de France, le regard d'un écrivain sur une épreuve sportive amène la chronique à des niveaux bien plus épicés et savoureux. Buzatti et le giro, une rencontre, un régal.
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Adorant le cyclisme et en pleine édition du Giro 2023 je me suis lancée dans ce livre qu'on m'avait prêté. Je n'ai pas du tout accroché est ce la plume de Dino Buzzati qui ne m'a pas plu ou tout simplement le Giro 1949 qui est trop loin pour moi et qui ne m'a pas entraîné ?! Je ne sais pas mais en tout cas j'en garderai pas un super souvenir
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