Merci tout d'abord à Babelio qui, avec l'opération Masse Critique, me fait souvent découvrir des livres dont je ne soupçonnais même pas l'existence.
Je ne reviens pas sur le résumé du livre, la quatrième de couverture est suffisamment complète. J'ai trouvé ce livre très intéressant. D'abord parce que la période m'intéresse. Ensuite parce que l'auteur a vécu les événements. Il ne théorise pas. Il les explique, tels qu'il les a vus, de manière très simple, très claire. D'ailleurs, l'épigraphe montre pourquoi et à quel point cet ancien soldat y tenait :
"Informer les générations montantes,
ne pas laisser les poussières de l'oubli recouvrir
un passé terrifiant afin d'en retenir les leçons
et ne jamais en revivre de semblables.
Tel est notre devoir de mémoire".
Je crois que tout est dit. On comprend dès lors que son but n'est en aucun cas de se mettre en valeur mais simplement de raconter les choses.
Le récit est ponctué d'anecdotes, ce qui rend la lecture encore plus agréable : "Mon collègue alsacien, Roland Hoerdt, qui a été mon radio-chargeur jusqu'à Paris sur le
Romilly, a emprunté à une ferme son unique grand chaudron pour cuire un poulet avec des frites pour fêter Noël avec l'équipage de son char. [...] Alors que le repas n'est pas tout à fait cuit, nous recevons l'ordre de partir immédiatement. Nous sommes désolés pour la dame, qui, pendant que nous nous en allons, sort de chez elle en criant quelque chose et en faisant de grands signes, sans doute pour réclamer le chaudron qu'elle voit partir sur le char" (P107). On a l'impression d'y être. Et cela nous montre aussi à quel point toutes les petites choses du quotidien ont marqué ces courageux combattants qui se raccrochaient à ces dernières pour ne pas sombrer.
Bien entendu, il n'occulte pas les moments les plus rudes : "[...] un obus de mortier tombe sur la tourelle de l'Austerlitz, décapitant Michel le Saout dont la tête dépassait à l'extérieur du char, et tuant Guingat également" (P63). Mais l'on remarque cette écriture pudique. Il aurait pu raconter cela avec force détails mais il préfère rester discret. D'abord parce qu'il relate l'atmosphère dans laquelle cela se passait - pas le temps de réagir ou de s'apitoyer - et, ensuite, je pense, par respect pour ses camarades tués au combat. Et ce qui ressort du récit, c'est la solidarité, l'amitié qu'il pouvait y avoir entre ces hommes.
Enfin, les documents insérés dans cet ouvrage apportent un éclairage supplémentaire.
Vous aurez compris que j'ai vraiment apprécié ce livre !
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