Quand j’étais jeune, je me battais pour être moi-même ; maintenant, je me résigne à être comme je suis.
Josep Maria Morreres
III. ET IN ARCADIA EGO, p229
Adrià, assis à la table des manuscrits, ne savait pas ce qui était fini et si cela l'affectait; il n'arrivait pas à comprendre pourquoi les grandes personnes étaient toujours en rogne parce que tu ne m'aimes pas, il commençait à découvrir que c'était la barbe cette histoire d'aimer, avec les baisers et tout le reste.
C'est incroyable, comme les choses les plus innocentes peuvent engendrer les tragédies les plus improbables.
Tu as remarqué que la vie est un hasard insondable? Des millions de spermatozoïdes du père, un seul féconde l'ovule qu'il faut. Que tu sois née ; que je sois né, ce sont des hasards immenses. Nous aurions pu naître des millions d'êtres différents qui n'auraient été ni toi ni moi. Que nous aimions Brahms l'un et l'autre est aussi un hasard. Que dans ta famille il y ait eu tant de morts et tellement peu de survivants. Tout est un hasard. Si l'itinéraire de nos gènes et nos vies ensuite avaient bifurqué à l'un des millions de carrefours possibles, on n'aurait même pas pu écrire tout ceci, qui sera lu par je ne sais qui. Vertigineux.
L'oeuvre d'art est l'énigme qu'aucune raison ne peut dominer.
Comme si le bonheur était une matière obligatoire.
Le problème c’est que le diable n’existe pas. Et Dieu, où est-il? Le Dieu sévère d’Abraham, le Dieu inexplicable de Jésus, Allah le cruel et l’aimant… Il suffit de le demander aux victimes de n’importe quel acte pervers. Si Dieu existait, son indifférence face aux conséquences du mal serait scandaleuse. (p.737)
Cela faisait trois ou quatre jours que le silence s’était abattu sur la maison. C’est terrible quand deux personnes qui vivent ensemble se taisent parce qu’elles ne veulent pas ou n’osent pas se dire des choses qui peuvent les blesser.
Chapitre 46, p693
Nous savons tous que la moindre opération militaire laisse un sillage de morts.
IV. Palimpsestus, Chapitre 34.
Regarde Celan. Regarde Primo Levi. Dessiner, comme écrire, c'est revivre.