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Anny Amberni (Traducteur)
EAN : 9782020344852
604 pages
Seuil (05/02/1999)
3.46/5   13 notes
Résumé :
Pour saisir dans leur totalité les aspirations du héros de cette histoire désespérément cubaine, Don Juan des années cinquante, "idiot de l'îlot" comme il se définit lui-même, rien de plus simple. Attrapez ce livre par la tranche et choisissez une page au hasard. Forcément, entre les lignes de ces multiples histoires d'amour, le nom d'une femme, jamais le même... Emilia et sa bouche gourmande, Zénaïda aux yeux violets, Delia et sa splendeur asiatique... prostituées,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Proche de la veine humoristique de Trois tristes tigres, Guillermo Cabrera Infante en emprunte également les excès langagiers, l'obsession lexicale associative et le brio. La Havane des années 1950 est le décor vivant de ce récit, une estampe à jamais saisie dans la fascination mélancolique qu'elle exerce sur l'auteur. La ville est reconstituée par la mémoire d'un homme en quête rétrospective de son enfance et de son adolescence, ainsi que de ses premiers émois aussi bien cinématographiques qu'amoureux. Roman délicieusement érotique dans un premier temps, La Havane pour un Infante défunt est aussi une chronique tendre et nostalgique d'une Havane surannée à jamais disparue. le protagoniste, narrateur à la première personne, y conte par le menu, tout au long des douze chapitre qui compose le livre, à la manière d'une carte du Tendre, son parcours amoureux semé d'allégresse, d'embûches et de défaites, autrement dit sa recherche effrénée de la femme idéale et de la félicité. Se succèdent, à un rythme parfois effréné, des saynètes charnelles et jubilatoires où un langage cru et dénotatif le dispute à une invention lexicale sophistiquée. Cependant, au-delà de cet apparent divertissement littéraire, ce livre aux nombreuses inspirations autobiographiques montre un auteur en rupture, rendant un émouvant hommage à l'amour, à la femme, à la sensualité et au désir.
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Un infante, peu habituée à ce terme, je croyais qu'il ne pouvait question que d'une infante, je me tourne vers le dictionnaire, "Infant est un mot issu du latin infans, qui signifie bébé, jeune enfant. Les enfants des familles royales espagnoles et portugaises étaient appelés infants de leurs pays.", "Infante (au masculin) ou infanta (au féminin), est un titre officiel que portent en Espagne les enfants non héritiers du roi", je rectifie donc et reconnais alors dans ce terme la référence à la colonisation de Cuba.
C'est un livre difficile.
Plus de 600 pages écrites serrées, sans laisser le lecteur respirer.
Les anecdotes s'enchaînent les unes aux autres sans autres liens que la mémoire de l'auteur et de la mémoire il en a ce Monsieur, il se souvient de tout même les plus simples rencontres sont décrites, décryptées jusqu'à l'os.
L'intérêt ?
Découvrir La Havane des années 40, qui ne semble pas bien différente dans le décor de celle d'aujourd'hui ... mais ce qui est montré est la montée en puissance de la sexualité de l'auteur.
L'auteur pourrait rédiger un annuaire des salles de cinéma de ce temps là, car la réalité d'aujourd'hui n'a plus rien à voir (1), et ses expériences pourraient servir de manuel de référence à qui se passionne sur l'industrie cinématographique de Cuba.
Cuba raconté par cet auteur peut il se résumer à sa simple vision :
"Depuis le temps où je partais en safari sexuel au Théâtre universitaire, beaucoup de choses s'étaient passées, entre autres des événements importants comme la perte de ma virginité, une relation intime avec une ou deux femmes, la prison pour cause de mots puis la prison des mots et même mon mariage comme conséquence de la sentence."
Est ce tous les événements qui ont bousculé Cuba avec son indépendance en 1902 ...depuis la vie a continué tranquillement ... Me jesais tout nous montre une autre vision de cette époque :
Le commerce avec les États-Unis domine l'économie cubaine pendant la première moitié du xxe siècle, permettant au gouvernement américain d'asseoir son influence politique sur l'île. Cet état de fait perdure jusqu'en 1959, lorsque le dictateur Batista est renversé par Castro. L'expropriation des sociétés et grandes propriétés foncières américaines à Cuba, et le soutien de plus en plus manifeste de l'URSS envers Castro conduit à la rupture par les États-Unis de leurs relations avec le gouvernement cubain. Les Américains échouent cependant ensuite à faire renverser Castro ; ce dernier se déclare alors ouvertement communiste et se pose en défenseur des peuples opprimés par l'impérialisme américain.

Un parcours épuisant dans La Havane d'hier, accompagné par un parcours d'éveil à une sexualité débridée, qui se termine par une scène d'apothéose où l'homme perd ses repères qui caractérisaient ce qu'il était devenu pour remonter le temps comme une deuxième naissance !


(1)
La Havane (AFP) :
Façades colorées, enseignes désuètes, titres des films affichés manuellement : les vieux cinémas de la Havane ne sont plus qu'une poignée mais continuent de charmer touristes et cinéphiles.
A l'occasion du Festival de cinéma latinoaméricain, organisé dans la capitale cubaine du 5 au 15 décembre, un photographe de l'AFP a immortalisé ces institutions, dont le nombre a chuté ces dernières décennies.
Sur les 106 salles de projection recensées en 1977, il n'en reste plus que 20, pour 2,1 millions d'habitants, selon l'Annuaire statistique de Cuba.
A l'image des vieilles berlines américaines qui sillonnent chaque jour La Havane, ces cinémas semblent tout droit sortis des années 40 ou 50, avec souvent les titres des films affichés, lettre par lettre, sur leur façade.
La crise économique des années 1990 due a la disparition de l'Union soviétique - la fameuse Période spéciale - a condamné à mort un grand nombre de cinémas, dont les bâtiments abîmés par le temps sont parfois encore visibles aujourd'hui.
Quant à ceux qui restent, le manque de ressources pour réparer ou moderniser les équipements de projection, ainsi que la nécessité d'économiser l'électricité n'ont fait que prolonger leur agonie. Ils ne fonctionnent généralement que du mercredi au dimanche, en fin d'après-midi et en soirée.
Ce n'est pas que les Cubains aient perdu le goût des salles obscures, ils sont d'ailleurs encore très nombreux à s'y rendre, encouragés par des tarifs modiques, dans le cadre de la politique socialiste de démocratisation de la culture.
Pour le festival, les cinéphiles peuvent ainsi acheter un abonnement de dix places pour l'équivalent de 42 centimes de dollar.
"Je suis allé dans beaucoup de festivals dans le monde et, honnêtement, c'est très difficile de trouver un endroit où l'envie de voir du cinéma est aussi frappante et spectaculaire qu'à Cuba", s'est exclamé le populaire acteur argentin Ricardo Darin en inaugurant le festival jeudi soir.
L'île souffre pourtant d'un manque de films, faute de moyens pour les acheter sur le marché international et en raison de l'embargo américain, appliqué depuis 1962, qui lui interdit d'en acquérir de ce pays.
Mais à Cuba, contourner l'embargo, notamment par le piratage, est un sport national et il n'est donc pas rare de voir apparaître sur les écrans havanais un film tout juste sorti à Hollywood.
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Nous suivons Guillermo Cabrera Infante, à partir de son arrivée à la Havane, dans sa vie et ses pérégrinations dans la capitale cubaine. Ou plus exactement nous le suivons dans ses activités érotiques, tous les autres aspects de sa vie n'étant qu'entreperçus au second plan, uniquement si elles sont nécessaires pour comprendre le seul sujet de son roman. Nous suivons donc le jeune, puis de moins en moins jeune, Guillermo, tout d'abord dans sa découverte de sa sexualité, filles, femmes entrevues dans la promiscuité d'un solar havanais, les attouchements divers inévitables dans ce genre d'endroits, puis sa fréquentation de cinémas, dans le but semble-t-il de se livrer à une chasse en règle aux femmes, chasse qui se borne surtout à des frôlements et harcèlements sur ses voisines féminines. On se demande même comment il a pu écrire des critiques de cinéma, ou fonder la cinémathèque, compte tenu de ses activités dans les salles obscures, il paraît impossible qu'il ait pu y voir vraiment un seul film. Et enfin, après tous ces longs préliminaires, nous suivons notre héros dans de véritables activités sexuelles, qu'il réussit enfin à vivre, après de très très longs tâtonnements. Perdre « son pucelage » lui prend beaucoup plus de temps qu'à une vierge sortant du couvent.

J'ai failli abandonner entre la 100eme et la 200eme page. Parce que le début n'est qu'un long catalogue, répétitif, de petites expériences finalement fort monotone, d'expériences assez semblables. Les habitants étaient nombreux, et déménageaient vite. Les petites filles, filles ou femmes qui intéressent notre personnage sont donc légion, et chacune a droit à ses deux ou trois pages, partant d'une description physique suivie de ce qui la relit au niveau érotique à notre jeune personnage. Cela tourne au catalogue, et à mon goût devient vite fastidieux. de même en ce qui concerne les aventures dans les cinémas. Je n'ai tenu que grâce à l'écriture, et à quelques scènes drôles, qui parlaient aussi incidemment d'autre chose.
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J'ai découvert cet auteur et ce livre par le biais d'un ami passionné par Cuba. Certainement pas une lecture à laquelle je serais arrivée toute seule, mais c'était un plaisant détour de ma bibliothèque « spontanée ». L'auteur se fait une fierté de retracer un portrait de lui-même depuis son enfance jusqu'à… vous verrez bien, et un portrait de sa ville fétiche, La Havane, sous le prisme de ses aventures érotico-sexuelles. On n'en saura donc pas beaucoup sur ses études de journalisme, sur ses critiques de cinéma, le cinéma lui-même n'est que le théâtre de dragouilles dans le noir (Cabrera Infante a d'ailleurs mis au point une véritable stratégie de l'approche dans les salles obscures). Il nous ramène toujours à sa préoccupation principale : son parcours érotique.
Tout cela est écrit avec énormément d'humour, il y a un vrai jeu sur la langue, très rafraîchissant. A la lecture, j'ai pensé que la traduction de cet ouvrage de l'espagnol au français constitue un véritable exploit car la version française semble avoir gardé toute son impertinence et la jubilation d'un écrivain qui s'émerveille et jouit inlassablement de la langue autant que des femmes. Dans l'ensemble, ce livre constitue un portrait intéressant de la Havane, sous un angle peut-être un peu obsessionnel, mais qui semble convenir à la culture mentionnée.
Le début avec son chapitre dense qui n'en finit pas, pas de pause, pas de césure, pendant les 150 premières pages, est un peu étouffant, mais une fois dépassé, la structure devient moins compacte.
Seul bémol qui m'a laissé un petit arrière-goût amer : une absence totale d'éthique ou de vision humaniste du narrateur, un opportunisme et une frivolité qui en dressent un portrait pas très flatteur, à mes yeux du moins. Mais, de toutes façons, vue la fin du livre, très surprenante et pourtant logique, on est en droit de se demander si ce livre n'est pas surtout une fable exotique n'ayant rien à voir avec une autobiographie.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J'aurais pu dire beaucoup de choses à Virginia sur la vie et la mort et d'abord lui raconter comment j'avais, à douze ans, sérieusement contemplé l'idée du suicide parce que je croyais avoir échoué à l'examen d'entrée en sixième et comment j'avais, assis près d'une fenêtre, envisagé d'y accéder en montant sur les pupitres et en me précipitant dans le vide. Mais je n'étais pas là pour faire des révélations à Virginia ni même pour lui dire comment les femmes me sauvaient invariablement de la mort lorsque, sorti de chez moi déprimé, doutant de tout et obsédé par le suicide, la seule vue d'une jupe, d'une paire de seins et d'une paire de jambes (j'hésiterais aujourd'hui à qualifier cela d'harmonieux) changeait mon état d'âme et faisait de l'almost Hamlet d'alors une ébauche (jamais venue à bien) de Don Juan.
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Le lendemain, bien avant dix heures, j'étais assis place Cadenas, au centre de l'université, face aux bureaux d'inscription. J'aimais l'atmosphère paisible de la placette, avec les moineaux qui sautillaient autour du banc, citadins ailés, vivaces, timides et téméraires à la fois. En attendant Carmina, il me vint l'idée d'une nouvelle que j'écrivis plus tard sur le thème de l'attente et de l'amour.
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Depuis le temps où je partais en safari sexuel au Théâtre universitaire, beaucoup de choses s'étaient passées, entre autres des événements importants comme la perte de ma virginité, une relation intime avec une ou deux femmes, la prison pour cause de mots puis la prison des mots et même mon mariage comme conséquence de la sentence.
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- Tu baises bien, petit Chinois, me dit-elle comme suprême compliment, mais sais-tu quel est ton dilemme ?
Et avant que j'aie pu me permettre de lui demander ce qu'était mon dilemme sexuel, elle laissa tomber son ultime sentence.
- Tu l'as vraiment très petite.
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