Au début, j'ai été plutôt séduite par ce « roman », on suit un lecteur (ou plutôt on est apostrophé par le narrateur comme si l'on était ce lecteur) qui va commencer un livre, celui qu'on tient entre les mains. Au fur et à mesure du livre de
Calvino, on découvre des incipit, ceux de différents romans mêlés les uns au autres par un amoncellement de problèmes d'édition plus saugrenus les uns que les autres. J'ai apprécié les pastiches de différents sous-genres littéraires,
Calvino est très talentueux pour cela, tout en reprenant certains points de départ semblables à chaque fois (rencontre, début d'attirance, danger pressenti), il nous fait assister à différentes histoires en germe. Car ce roman qui n'en est pas vraiment un parle de l'écriture, de la lecture, des différentes façons de lire (une comme Ludmilla, en étant happé par la narration, les événements, tous vécus comme réels, en totale immersion et empathie, une autre, comme sa soeur, avec un regard critique et distancié, prêt à débattre à partir du texte ou sur le texte, une autre, par amour et pour pouvoir ensuite en parler, comme un vecteur de communication et de sociabilité etc.), du monde de l'édition, du pouvoir des livres…
Alors oui, au début, j'ai aimé, je ne déteste pas les romans un peu « métatextuels » comme on dit, mais au bout d'un moment, c'était trop. Je voulais aussi lire un roman avant tout et non pas de la critique littéraire (pas très poussée de plus, je n'y ai pas retrouvé grand-chose de plus que dans "L'effet-personnage dans le roman" de Vincent Jouve) mal déguisée en roman. Et pourtant, dans le même genre hybride, j'ai adoré un des « romans » de
Pierre Bayard. J'ai apprécié les débuts de romans pastichés, j'aurais aimé qu'il en soit fait quelque chose ensuite mais la narration est au contraire partie dans tous les sens, dans des circonvolutions plus complexes les unes que les autres et moi, la complexité (ou plutôt l'apparence de complexité) pour la complexité, je n'y vois pas grand intérêt. Alors j'ai fini par avoir envie que ça se termine (ce n'est pas trop le but de l'auteur a priori) et par lire en diagonale vers la fin. J'en retiens tout de même de très bons passages et j'aime malgré tout cet auteur pour d'autres de ses romans mais celui-ci, vraiment, ce n'était pas mon préféré de lui.