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Jean Thibaudeau (Autre)
EAN : 9782020069410
188 pages
Seuil (01/09/1984)
3.91/5   454 notes
Résumé :
Les villes que voici n'ont leur place sur aucun atlas, et on ne sait à quel passé ou présent ou futur appartiennent ces cités qui portent toutes le nom d'une femme.
Peu à peu, le lecteur est conduit au milieu d'une mégalopolis contemporaine près de recouvrir la planète. Et tout au long passent des villes qui ne peuvent exister qu'en rêve : filiformes, punctiformes, dédoublées, effacées.
Relation de voyage d'un Marco Polo visionnaire auprès d'un Khan ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
3,91

sur 454 notes
Les Villes invisibles d'Italo Calvino ne sont pas du tout un roman simple, ni une oeuvre commune. Ni vérité, ni mensonge, finalement qu'est-ce qu'une ville dans notre imaginaire ?

Marco Polo tient ambassade auprès de Kublai Khan, grand empereur des Tartares. Parlant des villes qu'il a rencontrées, dont il a rêvé ou qu'il imagine dans le passé, dans le présent ou dans le futur, il nous raconte à sa façon une cinquantaine de villes toutes aussi étranges et merveilleuses les unes que les autres. Clairement, Marco Polo se place en observateur de ces espaces urbains et n'a de cesse de nous rendre compte de leurs aspects les plus concrets. Les discours entre les deux protagonistes viennent rythmer les chapitres clairement inégaux et difficiles d'accès, c'est pourquoi je conseille de lire cet ouvrage d'une traite.
En utilisant à plein cette variation urbaine sur le thème du Livre des merveilles de Marco Polo, Italo Calvino cherche à nous enseigner que le chemin le plus court vers ces villes n'est jamais celui que nous croyons. En usant presque aléatoirement d'additifs indispensables et inhérents aux villes (la mémoire, le désir, les signes, les échanges, le regard, le nom, les morts et le ciel), il nous emmène à la rencontre de villes imaginaires qui se révèlent être fortement proches de celles que nous connaissons. Il alterne également avec quelques visions plus spécifiques comme les villes effilées, les villes continues et les villes cachées, qui lui permettent de venir progressivement aborder les métropoles et mégalopoles contemporaines sur lesquelles il finit, en fait, par discourir.
Il me manque sûrement au moins un niveau de réflexion pour pleinement apprécier cet ouvrage atypique et pour en cerner la véritable portée. Toutefois, de par mes quelques recherches en géographie urbaine, je peux me permettre quelques parallèles avec, par exemple, la théorie des espaces dans la ville, par Guy di Méo qui voit la création de certains lieux spécifiques en fonction de notre psychologie et de notre rapport à l'espace (espaces genrés par exemple) ; de même, je ne peux m'empêcher de penser au « génie des lieux » de Jean-Robert Pitte, qui voit dans chaque lieu un espace spécifique au développement d'une nouvelle forme géographique spécifique. de la même façon, et pour sortir un peu de la géographie, il suffit de faire le parallèle avec les extraterrestres dans notre imaginaire : ils sont bien souvent (voire toujours) le fruit de nos visions anthropomorphisantes, de telle façon que nous cherchons toujours à retrouver ce que nous connaissons dans ce que nous découvrons.

En conclusion, je dirais qu'avec ce roman, atypique s'il en est et ô combien compliqué à véritablement cerner, Italo Calvino a sûrement, et avant tout, voulu insister sur le fait que les villes ont toujours été, sont par essence et seront encore demain des conteneurs de pensée où nous déversons notre propre inconscience. Par une prose volontairement complexe et onirique, presque faite pour perdre le lecteur, cet auteur italien a au moins le mérite de nous donner des clés plus ou moins claires pour développer notre imaginaire dans de nombreuses directions. À découvrir, mais surtout à relire posément !

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Après le truculent Marcovaldo puis l'extravagant Cosmicomix, je suis reparti avec Italo Calvino dans l'intrigant et exigeant Les villes invisibles.
Elles sont cinquante-cinq, ces villes de rêves aux états multiples: Elles sont issues des rêves, des passions, du temps et de cent autres éléments qui signent leur singularité dans un atlas des mots que déroule l'auteur.
Chaque ville est une surprise pour le lecteur-voyageur, qui la quitte pour la suivante. Il y découvre, le lecteur, des fragments de ses songes obsédants et des bribes de ville qu'il connaît pour s'y être rendu en vrai ou y vivre, pourquoi pas.
Ce livre, atlas en prose, est une invitation à continuer le voyage, l'itinéraire, avec ses propres villes à soi... À être l'empereur de terres inconnues ou/et le voyageur sans relâche qui se pose un temps ou fait escale pour tenter de raconter, de dire le difficilement exprimable.
Et, qui de plus appropriés qu'un empereur de Chine et un marchand vénitien pour deviser, entre les villes, de ces autres villes!?.. Dialogues du soir, entre les soieries, fait d'objets, de mots et de parties d'échec.
Et je sais que lorsque je rêverai d'une ville familière ou fantasmée, elle sera au moins en partie de ces cinquante cinq villes que Italo Calvino m'aura dévoilé. Cela, c'est un cadeau inestimable de ce magicien des lettres italiennes.
Oserais-je dire, j'ose, que Les villes invisibles s'il n'est pas indispensable me paraît essentiel et que j'envie déjà ceux et celles qui ne l'ont pas encore lu.
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Quand certaines lectures sont mues par des fils invisibles ... Pour finir par découvrir des villes invisibles.... et vous laissent des marques invisibles....

Parfois, on dit que le, hasard fait bien les choses... Mais est-ce vraiment le hasard... Quand en voulant lire un livre magnifiquement chroniqué, vous l'ouvrez et vous vous retrouvez face à des remerciements, qui comme une coïncidence sont placés une fois n'est pas coutume en début d'ouvrage.... Pour une raison inconnue, ces 3 lignes que voilà : "Je suis profondément reconnaissante pour l'élan que m'ont donné Hans Christian Andersen, J. R. R. Tolkien et Italo Calvino, car sans leurs mots galvanisants ce livre n'aurait pas vu le jour.", vous happent.... Ce livre c'est "Kalpa Impérial" d'Angélica Gorodisher....
Cette citation m'a fait bifurquer vers le livre "les villes invisibles", d'Italo Calvino, et quel livre !!!
Plus d'un mois après sa lecture, et sa relecture, l'empreinte de sa lecture est encore là... Comme une marque invisible....

Italio Calvino écrivit dans le liminaire de son ouvrage, "pourquoi lire les classiques" :

- Les classiques sont ces livres dont on entend toujours dire : « Je suis en train de le relire… » et jamais : « Je suis en train de le lire… » et Les Villes Invisibles est devenu un livre compagnon, que je suis en train de relire, dans lequel j'aime à me replonger ne serait-ce que pour y lire quelques phrases ;

- Sont dits classiques les livres qui constituent une richesse pour qui les a lus et aimés : mais la richesse n'est pas moindre pour qui se réserve le bonheur de les lire une première fois dans les conditions les plus favorables pour les goûter, et ce fut le cas pour Les Villes Invisibles ;

- Les classiques sont des livres qui exercent une influence particulière aussi bien en s'imposant comme inoubliables qu'en se dissimulant dans les replis de la mémoire par assimilation à l'inconscient collectif ou individuel. Et c'est ce qui se passe avec ce livre qui s'insinue et instille en vous, sans forcément s'en rendre compte ;

- Toute relecture d'un classique est une découverte, comme la première lecture. Je viens de le relire pour rédiger cette critique, tout en me disant que cette critique pourrait être réécrite ;

- Toute première lecture d'un classique est en réalité une relecture. Et c'est cette impression inconsciente que l'on ressent à la première lecture, j'ai ressenti cette impression indéfinissable de l'avoir déjà lu ou d'en avoir lu des bribes, peut-être dans d'autres ouvrages ;

- Un classique est un livre qui n'a jamais fini de dire ce qu'il a à dire. Là c'est une certitude car il contient tant de richesses, il recèle tant de niveau de lecture, il peut être lu dans l'ordre, par la classification des villes, par les discours entre Marco Polo et Kublai Khan ;

- Les classiques sont des livres qui, quand ils nous parviennent, portent en eux la trace des lectures qui ont précédé la nôtre et traînent derrière eux la trace qu'ils ont laissée dans la ou les cultures qu'ils ont traversées (ou, plus simplement, dans le langage et les moeurs), c'est sans doute de là que vient cette impression à la fois étrange et "dérangeante" de l'avoir lu...

- Un classique est une oeuvre qui provoque sans cesse un nuage de discours critiques, dont elle se débarrasse continuellement. Dans ce nuage on pourra opposer complexité et poésie, hermétique et descriptif, rêveur et fantasque, beauté et laideur, tant de sentiments opposés et complémentaires.

- Les classiques sont des livres que la lecture rend d'autant plus neufs, inattendus, inouïs, qu'on a cru les connaître par ouï-dire. Et effectivement j'en avais entendu parler, mais je ne pensais réellement pas être emmené de cette manière.

- On appelle classique un livre qui, à l'instar des anciens talismans, se présente comme un équivalent de l'univers. Là on peut dire que cette définition correspond à cet ouvrage tant il est un univers à lui seul et à nul autre pareil.

Notre classique est celui qui ne peut pas nous être indifférent et qui nous sert à nous définir nous-même par rapport à lui, éventuellement en opposition à lui. Impossible de rester indifférent face à une telle écriture, une telle lecture. Alors certes cela demande un peu de persévérance et d'abnégation mais la récompense est à la hauteur de l'exigence. Exigence qui s'estompe bien vite une fois le livre fermé.

Un classique est un livre qui vient avant d'autres classiques ; mais quiconque a commencé par lire les autres et lit ensuite celui-là reconnaît aussitôt la place de ce dernier dans la généalogie. La force de cet ouvrage pour qui sait être touché et être  sensible à cette écriture, c'est justement de devenir un classique tout en étant inclassable.

Est classique ce qui tend à reléguer l'actualité au rang de rumeur de fond, sans pour autant prétendre éteindre cette rumeur. Et est classique ce qui persiste comme rumeur de fond, là même où l'actualité qui en est la plus éloignée règne en maître. Ce livre une fois refermé a cette force qu'ont peu d'oeuvres. À savoir, vous marquer, vous rappeler qu'il est là, qu'il devient un de ces livres compagnons pour lequel un sentiment étrange est né lors de sa lecture. Comme une rumeur de fond, comme un sentiment difficilement descriptible

Ce livre ou plutôt ces livres car il s'agit de livres qui deviennent comme des continents imaginaires dans lesquels d'autres oeuvres littéraires peuvent trouver leur espace ; des continents de l'« ailleurs », alors qu'aujourd'hui on peut dire que l'« ailleurs » n'existe plus, et que le monde entier tend à s'uniformiser.
Où presque :
C'était l'aube quand il dit :
— Sire, désormais, je t'ai parlé de toutes les villes que je connais.
— Il en reste une dont tu ne parles jamais.Marco Polo baissa la tête.
— Venise, dit le Khan.Marco sourit.
— Et de quoi d'autre croyais-tu que je te parlais ? L'empereur ne cilla pas.
— Et pourtant je ne t'ai jamais entendu prononcer son nom. Et Polo :
— Chaque fois que je décris une ville, je dis quelque chose de Venise.
— Quand je te demande quelque chose sur les autres villes, je veux t'entendre parler de celles-ci. Et de Venise, quand je te questionne sur Venise.
— Pour distinguer les qualités des autres villes, je dois partir d'une première ville qui doit rester implicite. Pour moi, c'est Venise.
— Alors tu devrais commencer chacun de tes voyages par le point de départ, en décrivant Venise comme elle est, telle quelle, sans rien omettre de ce dont tu te souviens.L'eau du lac était à peine ridée ; le reflet des rames de l'ancien palais des Song se brisait en réverbérations scintillantes comme des feuilles qui flottent.
— Les images de la mémoire, une fois fixées par les mots, s'effacent, dit Polo. Peut-être ai-je peur de perdre Venise tout d'un coup, si je parle d'elle. Ou peut-être, en parlant des autres villes, l'ai-je déjà perdue peu à peu."

Et pour finir sur une critique toute "calvinesque"
Je songe à cette phrase que nous confie le narrateur de "Si par une nuit d'hiver un voyageur" et qui sied si bien à ce livre « Chaque fois que je tombe sur un de ces petits grumeaux de sens, je dois creuser autour, pour voir si la pépite ne s'étend pas en un filon. Ma lecture n'a pour cette raison pas de fin : je relis et je relis, cherchant chaque fois entre les plis des phrases la preuve d'une découverte nouvelle », et je crois bien que ma lecture de ce livre ne connaîtra pas de fin....

Une chose est certaine, grâce à celle qui se reconnaîtra, j'étais en train de lire un chef d'oeuvre mais je ne le savais pas encore...
Je lui envoie des remerciements, qui sont tout sauf invisibles
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Isadora, Dorothée Anastasie, Despina, Bersabée, Andria.... elles sont innombrables les villes que Marco Polo décrit au grand Khan.
Un espace qui se construit à travers ce qui nous échappe. C'est à dire le temps. La ville cristallise mémoire et désir.
Allez là bas. Se voir là-bas. Ailleurs. S'y rêver bien plus que d'y être véritablement.
Imaginer. Nous constituons nos villes en livre d'images. Aucune ville n'est semblable et pourtant toutes ressemblent à celles que nous reconnaissons. Un plan universel peut être que chacun développe en soi.
Soi dans le temps d'un espace.
Soi dans un autre ville, plus loin, là où réside tous les possibles que nous aurions pu connaître, et une multitude de nos possibles futurs que d'autres vivent au présent.
Les villes anticipent le devenir des hommes.
Le pont fait traverser le fleuve. L'homme traversera. le pont est là. Ce pont a son histoire. A l'homme d'empreinter le pont et de poursuivre l'histoire.
C'est ainsi que les hommes entrent dans les villes en projetant leur désir et en se soumettant parfois au désir de la ville.
La ville est une sirène qui fait perdre la mémoire à celui qui la façonne afin qu'elle puisse conserver son âme. Architecture mnémonique.
Prend garde conquérant ! La ville peut te transformer en esclave.
La ville tient registre d'elle même. Par les signes qu'elle porte en elle elle offre un nouveau langage à l'homme. Signe de pouvoir, de servitude, de magnificence, de plaisir , de rêve.
Tout fait signe dans la ville. Celui qui a reçu la lecture des signes d'une ville , où qu'il se trouve tentera de retrouver ces signes n'importe où. C'est le langage de la ville qu'il l'occupe à présent, qu'il a à l'esprit. Il ne sait plus voir dans un vol d'oiseau l'arrivée d'un orage mais à présent il reconnaîtra le visage d'un dieu dans l'écorce d'un arbre...
La ville pourrait elle parasiter nos pensées ? Pourrait elle faire naître devant nous quelque mirage ? Ainsi une ville se trouvant au bord de l'océan est pour le marin la porte du désert et pour le chamelier la porte de l'océan....
Et si les mirages n'étaient que l'écho d'un futur ? Puisque le passé n'est que l'embryon d'un devenir.
Les villes prennent le visage les désirs que l'on porte, les subliment, les anéantissent parfois. Troublante métamorphose. Mais non éternelle, car la ville a une âme mais conserve et retient provisoirement une mémoire. Tant il est vrai que la ville d'hier n'a absolument rien de commun avec l'actuelle. La ville change, grandit, croit, se transforme, elle perd l'âme que l'on croyait savoir.
On la garde en mémoire. Et puis une autre à la même place surgit. le même nom.peut être. Plus les mêmes habitants, plus la même ville, en autre devenu soi. Étrange histoire.
Puisque la ville est faite de mains, de savoir, de mémoire humaines. Est elle pour cela à notre image?
Innombrables villes, innombrables questions, innombrables possibles.
Ville repère, ville frontière. Elle marque la ligne où l'homme peut s'affranchir.
Il n'y a peut être pour finir effectivement que deux plans possibles. Celui de la ville qui forme notre désir et celui de celle que notre désir construit.
Ville piège, ville souricière. « Il n'est pas de langage sans pièges ».
Toutes les villes ont leur langage, et elle ont toutes leurs pièges.
Et ce qui les différencie pour finir ne serait ce pas uniquement par ce quoi elles s'associent ?
«  le mensonge n'est pas dans le discours, mais dans le choses ».
La ville ne ment pas et la décrire telle qu'on la voit suppose qu'on la sache telle qu'elle est.
Toute chose suppose son contraire.
Ainsi la blancheur des paons dans un parc nous explosent elle au yeux par la présence de la suie qui recouvre les murs.
Ville contraste, où le silence n'est que le réceptacle des mots.
Ville théâtre. Les rôles sans cesse redistribués. Laissant croire à l'éternité de l'intrigue. Même scène, même personnages. L'illusion d'un spectacle, où l'on ne s'aperçoit pas que les dialogues changent au fur et à mesure de la distribution des rôles. La ville avance d'elle même. On pense posséder une ville, on pense l'apprivoiser. Et puis elle vous devient étrangère. Les mots eux mêmes nous sont devenus étrangers.
Pourtant la même ville, les mêmes rôles, la même intrigue, et l'histoire avance.
Persistance rétinienne de la ville imaginée, persistance de sa mémoire. Nous fouillons les décombres d'un monde qui se recompose continuellement. C'est la seule condition pour que les villes survivent, elle se nourrissent en se développent sur les restes de nos mémoires.
La pierre d'une cheminée seigneuriale figée dans le mur d'une étable. La porte d'une étable servant de table dans un palais, un palais qui devient un musée, un musée qui garde l'alphabet des pavés, et des pavés de glace qui mènent vers des châteaux oubliés.
Ville souterraine, ville pont, ville céleste, ville canopée.
L'éternité des villes repose sur leur inconstance.
La possibilité d'une ville repose sur la probabilité du langage.
La ville n'est qu'un peut être, un modèle qui se tient en équilibre entre l'exceptionnel et la vraisemblance.
Fragilité d'une position qu'elle ne devrait jamais oublier.
« Il n'y a rien d'inhumain dans une ville sinon notre propre humanité. » écrit Georges Perec.
«  Ce qui commande au récit, ce n'est pas la voix : c'est l'oreille. » nous rappelle Italo Calvino.
«  Et par ta voix, j'écoute les raisons invisibles pour lesquelles vivaient les villes, et pour lesquelles, peut être bien, après leur mort, elles vivront de nouveau ».
Merveilleux récits, fabuleuses visions, une incroyable lucidité qui éclaire le spectre de notre imagination.
Il faut peut être écouter l'invisible pour percevoir une réalité.

À découvrir :
http://vimeo.com/111443875
http://vimeo.com/84457863 Urbanité/s de Jacques Levy

Astrid Shriqui Garain

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Marco Polo dialogue avec Kublai Khan, lui narrant son ressenti sur les villes imaginaires qu'il a visitées. Chaque petit chapitre compose, pour chacune d'elles : les villes et la mémoire, les villes et le désir, les villes effilées, les villes et le regard, les villes et les morts, à quelques variantes près. Je crois, que pour mieux apprécier ce texte, il faudrait être muni d'un décodeur. Je n'ai pas été transportée comme je l'espérais, il m'a plutôt ennuyée.

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critiques presse (1)
RadioFranceInternationale
19 décembre 2022
« Mille et une ouïes » est une exploration intime et sémantique du verbe « écouter » et des manières diverses de tendre l’oreille et de le dire.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
Citations et extraits (113) Voir plus Ajouter une citation
L'inferno dei viventi non è qualcosa che sarà; se ce n'è uno, è quello che è già qui, l'inferno che abitiamo tutti i giorni, che formiamo stando insieme. Due modi ci sono per non soffrirne. Il primo riesce facile a molti: accettare l'inferno e diventarne parte fino al punto di non vederlo più. Il secondo è rischioso ed esige attenzione e apprendimento continui: cercare e saper riconoscere chi e cosa, in mezzo all'inferno, non è inferno, e farlo durare, e dargli spazio.
L’enfer des vivants n’est pas une chose qui adviendra ; s’il y en a un , et c’est celui qui est déjà présent , l’enfer que nous habitons tous les jours, que nous créons en vivant ensemble. Il existe deux façons de ne pas en souffrir : accepter l’enfer et l’intégrer jusqu’au point de ne plus s’en apercevoir . Le second est à risque, et exige attention et apprentissage continus: chercher et savoir reconnaître quelle est la chose au milieu de l’enfer qui n’est pas l’enfer, la faire durer et lui procurer de l’espace.
( De la préface de la rétrospective de l’exposition Jeronimius Bosch au Palazzo Reale de Milan)
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Marco Polo décrit un pont, pierre après pierre.
- Mais laquelle est la pierre qui soutient le point ? demande Kublai Khan.
- Le pont n’est pas soutenu par telle ou telle pierre, répond Marco, mais par la ligne de l’arc qu’à elles toutes elles forment.
Kublai Khan reste silencieux, il réfléchit. Puis il ajoute ;
- Pourquoi me parles-tu des pierres ? C’est l’arc seul qui m’intéresse.
Polo répond :
- Sans pierres il n’y a pas d’arc.

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La ville pour celui qui y passe sans y entrer est une chose, et une autre pour celui qui s’y trouve pris et n’en sort pas ; une chose est la ville où l’on arrive pour la première fois, une autre celle qu’on quitte pour n’y pas retourner ; chacune mérite un nom différent ; peut-être ai-je déjà parlé d’Irène, sous d’autres noms ; peut-être n’ai-je jamais parlé que d’Irène.

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L'enfer des vivants n'est pas chose à venir ; s'il y en a un, c'est celui qui est déjà là, l'enfer que nous habitons tous les jours, que nous formons d'être ensemble. Il y a deux manières de ne pas en souffrir. La première réussit aisément à la plupart : accepter l'enfer, en devenir une part au point de ne plus le voir. La seconde est risquée et elle demande une attention, un apprentissage continuels : chercher et savoir reconnaître qui et quoi, au milieu de l'enfer, n'est pas l'enfer, et le faire durer, et lui faire de la place.
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Des phrases et des actes qui n'existaient qu'en pensées, tandis que tous les deux, silencieux et immobiles, regardaient monter lentement la fumée de leurs pipe. Le nuage tantôt se dissolvait dans un souffle de vent, tantôt restait suspendu en l'air ; et la réponse tenait dans ce nuage. Le souffle qui emportait la fumée rappelait à Marco les vapeurs qui embrument l'étendue de la mer et les chaînes de montagnes et qui, lorsqu'elles se délitent, laissent un air sec et diaphane qui révèlent des villes lointaines. C'était au-delà de cet écran d'humeurs volatiles que son regard voulait arriver : la forme des choses se distingue mieu de loin.
Ou alors, la fumée s'arrêtait à peine sortie des lèvres, dense et lente, et elle renvoyait à une autre vision : les exhalaisons qui stagnent sur les toits des métropoles, la fumée opaque qui ne se disperse pas, la chape de miasmes qui pèse sur les rues bitumineuses. Non pas les brumes labiles de la mémoire, ni la transparence sèche, mais le roussi des vies brûlées qui forme une croûte sur les villes, l'éponge gonflée de matière vitale qui ne s'écoule plus, l'engorgement de passé présent futur qui bloque les existences calcifiées dans l'illusion du mouvement : c'est cela que tu trouvais au terme du voyage.
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Vidéo de Italo Calvino
Toute sa vie, il a repoussé les limites du roman avec fantaisie et malice. Voici l'histoire d'Italo Calvino, l'un des plus grands écrivains italiens du XXe siècle, né il y a un siècle.
#italocalvino #litterature #cultureprime
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