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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre est un bijou d'une richesse inestimable. On ne remerciera jamais assez Catherine Camus d'avoir accepté de publier cette si belle correspondance.
Rarement j'ai lu des mots aussi beaux, rarement j'ai vu des sentiments aussi forts que ceux qui unissaient Albert Camus et Maria Casarès. J'étais émue, éblouie à chaque page, je voulais retenir chaque mot, chaque phrase et m'en imprégner autant que je le pouvais.
J'avais peur de me lasser de ces 1200 pages de lettres mais ici on suit leur vie comme une véritable histoire et j'ai eu du mal à les lâcher après ces quinze années de correspondance.
Quel bonheur pour les admirateurs de Camus de voir ce côté de l'auteur, d'avoir une véritable retranscription de dix années de sa vie, son travail, ses pensées. Un incroyable coup de coeur pour moi, à lire pour tous les amoureux de poésie et d'amour.
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Aujourd'hui, Saint-Valentin. Je viens de terminer la lecture de cette formidable correspondance, avec, n'ayant aucune honte à l'avouer, les larmes aux yeux. Depuis un mois, ces deux-là m'accompagnaient. Quel vide désormais !
J'imagine avec effroi le vertige ressenti par Maria devant le gouffre creusé par l'annonce de la mort tragique de son cher Albert. Son amant avec lequel elle avait vécu sans cesse, par pensée, par la correspondance ou la présence physique auprès d'elle. Sans jamais cesser de l'aimer.
L'amour qui unit ces deux prestigieux amants n'est jamais à mettre en doute. Alimenté par de longues périodes de frustration, il s'épanouit lors de leurs retrouvailles. Un amour qui se nourrit de ces échanges épistolaires et d'une complicité érotique partagée dans leurs chairs. Ni Maria ni Albert, tout en restant plutôt pudiques, n'hésitent à décrire leur désir. C'est un amour indestructible, et la confiance qu'ils avaient l'un est l'autre dans leurs sentiments n'a jamais faibli.
Ces lettres, quelle somme ! Nul doute que nombre de commentateurs de tous poils vont s'en emparer pour les analyser, les comparer, les critiquer. C'est vrai qu'elles resteront une mine pour les biographes, les historiens du théâtre, les amoureux de Maria Casarès, les admirateurs et, je le pressens, les détracteurs d'Albert Camus.
Nous suivons les déplacements de chacun d'eux quasiment au jour le jour. Nous pourrions aligner les séjours successifs de l'un et l'autre, tant en France qu'à l'étranger (et ils bougent beaucoup) et mesurer ainsi leurs « périodes » ensemble et répondre à la question : combien de jours ont-ils vécu ensemble, somme toute ? J'en connais qui se feront une joie de répondre à cette question.
Le Camus qui écrit à son amante n'est pas celui que le public connaît. C'est un homme confronté à la maladie, aux aléas du quotidien, aux affres de la création et à l'instabilité de sa situation familiale. C'est un homme amoureux qui cherche désespérément un équilibre pour sa vie personnelle. C'est un homme, tout simplement. Et si nous ignorions quel intellectuel il était, un homme ordinaire.
En revanche, nous découvrons Maria Casarès, une femme extraordinaire, franche, spontanée, naturelle, intelligente, indifférente à sa célébrité, ce qui ajoute à son charme, généreuse en tout, et fidèle à l'indestructible amour qui l'habite pendant douze ans (quinze ans et demi auxquels je retranche la coupure de trois ans et demi).
Dernière lettre du 30 décembre 1959 : Camus écrit : « Bon. Dernière lettre. »Certains y voient comme une prémonition. Il n'en est rien ici. Cette formule revient souvent dans ses lettres : 7 septembre 1948 ; 3 janvier 1949 ; 11 juillet 1950 ; 11 mars 1951 ; 24 août 1951 ; 12 décembre1954 ; 23 avril 1957, donc presque à chaque fois qu'il écrit à Maria avant leurs retrouvailles, sous-entendu : « Dernière lettre avant de nous retrouver ». Aucune prémonition ce 30 décembre 59. (Sa lettre à Catherine Sellers datée du même jour commence aussi par « Voici ma dernière lettre »)
En revanche, l'évocation de la mort est souvent présente dans les missives de l'année 1959 :
Le 2 juillet : « Non, la mort ne sépare pas, elle mêle un peu plus au vent de la terre les corps qui s'étaient déjà réunis jusqu'à l'âme. Ce qui était la femme et l'homme tournés l'un vers l'autre devient le jour et la nuit, la terre et le ciel, la substance même du monde — on peut s'oublier dans la vie, se détourner, se séparer, la vie est oublieuse — mais la mort est cette mémoire aveugle qui n'en finit pas — pour ceux qui veulent, qui consentent à mourir ensemble. »
Le 14 décembre : « Je te suis pas à pas, jusque dans la tombe et au-delà — à moins que je ne t'y précède. Qu'importe ! Un seul coeur aura battu en nous qu'on entendra encore, nous disparus, dans le mystère du monde. »
Quel style, pour un homme aux préoccupations ordinaires ! Bon. Je retire « ordinaire ».
Où l'on apprend leur détestation des pays nordiques et de la Belgique en particulier. Lettre du 8 octobre 1954 : « Aussitôt la frontière passée, dès le douanier belge, la vulgarité commence et l'ennui. Étrange peuple, vraiment, né de rien, semble-t-il et voué à d'épaisses tâches. Depuis mon départ, je n'ai pas vu non plus qu'en Hollande ou en Belgique un seul beau visage ». Plus loin, Maria Casarès enfonce le clou : « Voir la Belgique et mourir »
C'est sans doute de l'humour méditerranéen ! Je pourrais personnellement leur en vouloir et chercher à me venger. Après avoir écrit « le Belge égaré en Ariège », qui m'empêcherait d'écrire « L'Algérien égaré en Belgique » ? Hum…, humour belge !
Où l'on apprend que « le Premier Homme » devait comporter « cinq à six cents pages, au moins » (lettre du 18 septembre 1959), que sa rédaction ne commence guère qu'en mai 59 (lettre du 22 mai : « J'ai démarré le chariot embourbé ». Ce seront 144 pages manuscrites qui seront trouvées le 4 janvier 1960.
À la différence de Maria Casarès, Camus s'exprime peu sur son travail ni sur ses fréquentations, par pudeur, peut-être par précaution. Il cultive une sorte de secret, comme s'il avait cloisonné sa vie. J'imagine assez bien une grande maison où les portes de chaque pièce sont soigneusement maintenues closes. Dans la chambre « Correspondance avec Maria », personne n'entre.
À l'inverse, Maria raconte tout : son emploi du temps, ses projets, ses rencontres. Elle n'hésite pas à donner son avis sur ses lectures, les spectacles qu'elle voit (ça, Camus le fait aussi parfois), les gens qu'elle fréquente. Nous vivons avec les acteurs, les metteurs en scène, le public des admirateurs, partageons ses succès, ses extinctions de voix. Elle ne cache ni ses douleurs, ni ses efforts pour grossir un peu, ni les attentes de son désir. Une femme dont tous les hommes tombent amoureux, forcément. Elle, la tête froide, reste compréhensive et souriante, sauf avec les importuns qu'elle écarte sans ménagement. Je suis persuadé qu'elle est restée fidèle à son bel amant tout au long de ces douze années d'un amour d'abord passionné et douloureux, puis fort et serein, sûr de lui, indestructible, éternel.
Il faut saluer la publication de cette correspondance, et même si notre époque est friande de ce genre de dévoilement, celle-ci, entre Maria et Camus (nom et prénom volontairement omis) restera, plus qu'une révélation, le témoignage rare d'un amour sublimé.
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Le livre est juste derrière moi. J'ouvre, au hasard
« Et que pour sentir son coeur, il faut le mystère, l'obscurité de l'être, l'appel incessant, la lutte contre soi-même et les autres. Il suffirait alors de le savoir, et d'adorer silencieusement le mystère et la contradiction - à la seule condition de ne pas cesser la lutte et la quête »
Maria et Albert ont été amants de 1944 à 1959.
Leur amour est lumineux, leur correspondance éblouissante
« Mon Cheri. Je te quitte.Je me tais.
Cet amour que j'ai pour toi et qui rit.
Je t'attends »
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Quelle somme et surtout quel bonheur de lecture!!
Plus de 1200 pages de correspondances enflammées, furieuses, tendres, difficiles, tristes...Tous les sentiments y passent mais surtout, par ces échanges ici rassemblés, nous sommes le témoin d'un amour sincère et beau, qui nous autorise à entrer et connaitre le quotidien de 2 immenses célébrités, de part leurs personnalités, leurs oeuvres artistiques et leurs engagements. On vit leur passion, leurs tourments, leur sensibilité, leurs doutes, c'est passionnant et parfois troublant tant leur entente est incroyable et fusionnelle.
Cet ouvrage n'aurait jamais vu le jour sans le travail et la volonté de la fille d'Albert Camus, Catherine, qui nous offre ce merveilleux cadeau et si des hésitations elle a eu avant de se lancer, je peux lui confirmer que ce fut une formidable offrande qu'elle a fait aux lecteurs que nous sommes et à L Histoire littéraire et artistique en règle générale car tout le talent est là.
Bravo, merci et ce livre continuera d'habiter sur ma table de chevet tant je prendrai plaisir et relire au hasard une lettre quand l'envie me prendra...
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Des pages de lettres qui se succèdent, qui se croisent, pour conjuguer l'absence, des mots doux, forts, tremblants, charnels & vibrants qui s'enlassent afin de survivre au manque.
Intimement bouleversante, passionnée et passionnante, la correspondance de ces deux amants magnifique résonne longtemps dans le coeur.
Le caractère si personnel et universel à la fois de ce que ces deux là s'écrivent est fascinant, les mots s'alternent d'une subtilité, d'une élégance inouïes.
Un peu plus de 1300 pages, ça pourrait être un mausolée, mais tout le contraire, une source de jouvence.

Si le temps est gris, du café, un plaide et ce recueil est le meilleur moyen de faire passer le temps !
Sinon, les gens qui terminent cet ouvrage & reprennent leur vie comme si de rien n'était, va falloir qu'on me les présente hein, mystère de la science les sans-coeurs là !

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"La vie sans toi, ce sont les neiges éternelles, avec toi, le soleil des ténèbres, la rosée du désert…"
C'est à Paris en 1944 qu'Albert Camus et Maria Casarès se croisent pour la première fois chez Michel Leiris. Cette rencontre va donner naissance à l'une des plus belles histoires d'amour de cette époque. Ils deviennent amants en 1948 jusqu'à la mort accidentelle de l'écrivain en 1960. Pendant près de quinze années, Albert et Maria vont s'aimer passionnément. Séparés parfois par leurs engagements professionnels, ces deux monstres sacrés vont sans cesse s'écrire car nul ne peut les éloigner l'un de l'autre. Dans cette magnifique correspondance, ils nous révèlent l'intensité de leurs sentiments, leurs projets mais aussi leurs doutes.
L'écrivain lui ouvre son coeur et l'on découvre le véritable Albert Camus, un homme passionné et romantique. Lui et Maria nous offrent non pas de simples lettres, mais une bouleversante déclaration d'amour.
Plus de 1000 pages, d'échanges poétiques.
C'est un bijou littéraire.
À découvrir…❤️
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Si je devais attendre de finir de lire les plus de cinq cents lettres qui composent cette correspondance pour écrire une critique, je crois que je ne le ferais jamais. Non pas que cette correspondance soit interminable, non pas ! Bien au contraire, je n'ai pas envie de la terminer. Je la savoure, lettre après lettre, relisant certaines mots avec un engouement certain ! Cette correspondance est un diamant brut qu'il nous est permis de découvrir pour notre plus grand plaisir. Pour qui est admirateur du travail d'Albert Camus, c'est l'occasion de découvrir les pensées qui l'animaient lors de la rédaction de ses oeuvres, mais aussi de poursuivre certains développement de sa philosophie. Ces lettres sont aussi l'occasion de découvrir la magnifique plume de Maria Casarès. Les deux amants partagent tout ensemble, leur amour, l'attente parfois trop longue de ne pas se voir lorsqu'ils sont en voyage, les petits bonheurs du quotidien mais aussi ses déceptions. Tout y est magnifiquement retranscrit et c'est un vrai bonheur à lire !
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En ce temps terne et anxiogène du coronavirus, rien de tel qu'un bain d'amour...
Quel bonheur de lire cette correspondance truffée d'anecdotes avec l'ambiance de l'époque où l'écriture épistolaire régnait en déesse sous la plume pour attiser la passion sans cesse renouvelée... en tout cas ces deux-là se sont aimés et nous en font une démonstration qui nous rend presque envieux... Au fil du temps, des jours, des mois et des années on a plaisir à rentrer dans leur intimité et y croiser des êtres qui sont dans notre mémoire comme Gérard Philipe, Sartre, Colette, Cocteau et bien d'autres encore...
On a le coeur serré quand on pense à l'accident de Camus... leur histoire nous interpelle et nous confirme que le bonheur comme le malheur font partie de la vie et que la vie est précieuse et qu'il ne faut pas la gâcher... Quelle belle correspondance et quelle belle idée de l'avoir éditée, c'est du baume au coeur et à l'âme.
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Cette correspondance, ininterrompue pendant douze ans, montre bien le caractère d'évidence irrésistible de leur amour.
Jusqu'à la dernière lettre d'Albert Camus, le 30 décembre 1959, date fatidique du tragique accident de voiture qui emportera Albert Camus et Michel Gallimard vers la mort, l'écrivain et la comédienne s'écriront des centaines de lettres, luttant ainsi contre l'absence, parfois durant plusieurs mois, et les séparations. le temps des lettres est long, chaotique, douloureux : les lettres se perdent ou se croisent. Et, malgré la beauté de l'écriture, la teneur des propos, ce sont les moments de silence qui sont les plus beaux, les plus intenses ; car ils témoignent de l'amour vécu, des retrouvailles tant attendues des deux amants. C'est cette expérience du temps et l'épaisseur de l'absence que nous éprouvons en lisant ces lettres. C'est la fatigue de s'écrire qui est ressentie et la joie aussi, parfois les incompréhensions, mais surtout la nécessité de faire barrage au silence par les mots et de reconnaitre une histoire d'amour hors normes, profondément libre : un amour éternel pour une lutte éternelle, la conscience de ne pas pouvoir changer la réalité, l'héroïsme à accepter l'autre tel qu'il est sans jamais vouloir le transformer, le sentiment de la reconnaissance mutuelle : « parce que c'était lui, parce que c'était moi ».
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Coup de coeur.
Cet échange nous prouve que dans une correspondance, ce n'est pas toujours l'écrivain qui écrit le mieux mais nous y reviendrons. Malgré tout, quelques phrases de Camus m'ont marquée:
On dit quelquefois qu'on choisit tel ou tel être. Toi, je ne t'ai pas choisie. Tu es entrée, par hasard, dans une vie dont je n'étais pas fier, et de ce jour-là, quelque chose a commencé de changer, malgré moi, malgré toi aussi qui était alors lointaine...
Je sais cela maintenant et le besoin que j'ai de toi n'est rien d'autre que le besoin que j'ai de moi. C'est le besoin d'être et de ne pas mourir sans avoir été.
(1956) Ne t'excuse pas d'avoir parlé d'amitié. Je suis aussi ton ami et à un certain degré de chaleur mutuelle, les coeurs fondent ensemble dans quelque chose qui n'a plus de nom, où les limites disparaissent...
Il y a bien longtemps que je ne lutte plus contre toi et que je sais que, quoi qu'il arrive, nous vivrons et mourrons ensemble.
Comme je l'ai noté, la fin de la correspondance est plus sereine, Camus a d'autres relations et on le sent même si ce n'est jamais clairement dit, mais l'intensité des sentiments de Camus envers Casares perce toujours, à travers une certaine gravité:
Tu es ma douce, ma tendresse, ma savoureuse aussi, et mon unique. Nous plaisantons souvent sur nos flirts et nos sorties. Mais un temps vient, de loin en loin, où il faut cesser de plaisanter peut-être. Auprès de toi, le monde entier n'est pour moi qu'une ombre décolorée. Exception faite pour mes enfants, il pourrait s'évanouir sans que rien ne change. Toi seule est fixe, toi seule m'emplit.
L'intérêt de cette correspondance dépasse évidemment la relation amoureuse. Camus y évoque les pièces qu'il monte, les essais qu'il écrit, le roman qu'il ne finira jamais, ses doutes quand à l'écriture et la réception de son oeuvre, la dépression qui suit la fin du processus d'écriture :
"Les Justes" ne sont pas un succès (mes oeuvres d'ailleurs ne sont jamais des succès. C'est mon oeuvre qui en est un, provisoirement, et Dieu sait pourquoi).
J'ai aussi appris qu'il arrivait à Camus d'endosser un rôle pour quelques représentations.
Camus a beau être pour moi le symbole de la tolérance, il peut tomber dans les clichés, ce qui est drôle:
... j'ai cueilli un anglais sur la route de Grasse. Il allait de Rome à Londres, en auto-stop. Mais il n'était pas très causant et même plutôt pesant et emmerdeur comme beaucoup des fils de Shakespeare.
On apprend aussi que Camus aimait les corridas dont il se sortait vidé comme s'il avait "fait six fois l'amour", et qu'il aimait le foot puisque Casares s'excuse de lui faire rater un France- Suisse. On découvre en Camus un père aimant mais parfois agacé, déçu que ses enfants ne lui aient pas souhaité la fête des pères (en 1956).
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