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EAN : 9782732421162
130 pages
Editions de la Martinière (21/02/1997)
3/5   1 notes
Résumé :
« Je n’ai jamais vu quiconque se déplacer avec une telle aisance et avec autant de naturel. Quand elle entre dans une pièce, on oublie tout, il n’y a plus qu’elle ; lorsqu’elle s’en va, on dirait que l’air s’est brusquement raréfié, et son absence fait un tel vide qu’on se demande si le soleil ne vient pas brusquement de s’éloigner de la Terre : la lumière s’est comme appauvrie, et il m’est arrivé maintes fois, en la quittant, d’errer dans les rues de Manhattan comm... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Adolescent, je tapissais les murs de ma chambre de toutes les photos de stars que je découpais dans les magazines : je me suis toujours blotti dans la beauté de ces créatures d’un autre monde – je parle évidemment des actrices – comme je me blottissais dans la musique ou la littérature. Victime d’un besoin frénétique de bonheur, je ne tolérais du monde réel que sa sublimation ou son exorcisme. Le cinéma exonérait ces divinités des lois ingrates de la physiologie auxquelles était soumise notre espèce. Je voulais également qu’elles fussent épargnées par le temps et par la mort. C’est donc à mi-chemin entre la réalité et l’imaginaire que s’enracinait ma dévotion pour ces femmes qui, par ailleurs, vengeaient en moi le dégoût que m’inspirait la suprématie – toujours coriace – des hommes sur les femmes. On avait beau professer devant moi que les femmes exerçaient sur nous un pouvoir occulte, dans l’Histoire et dans notre vie, je pensais que ce pouvoir était de même nature que celui de l’esclave sur le maître, selon la fameuse dialectique de Hegel. Mais jusqu’à ces dix dernières années, je n’avais jamais éprouvé le besoin de confronter ce qui n’était jamais que des images à leur original en chair et en os. Non pas que ce fût la crainte d’être déçu par la « présence réelle » (comme on dit de l’Eucharistie) qui me dictât cette attitude réservée, mais plutôt mon désir de ne rejoindre ces héroïnes que dans l’espace idéal d’un écran – le mot signifiant à la fois ce qui montre et ce qui dissimule – où les répliques tombaient juste, où les expressions, les gestes, les situations supplantaient,même dans le désastre, cette vie trop pauvre, trop relâchée, sans miracle, qui nous oblige à lui opposer sa transfiguration par quelque artifice que ce soit. Et Dieu sait si le cinéma, merveilleuse machine à rêver, se prête volontiers, comme la musique, à cette alchimie intime. Après un beau film, se retrouver sur un trottoir constitue une des épreuves les plus redoutables à laquelle je n’ai pu opposer que la deuxième séance de projection.

Et puis il y avait l’Amérique, cette « Belle étrangère » que j’avais envie de tenir dans mes bras comme une de ces femmes éblouissantes admirées sur l’écran, dès après la libération de la France par le débarquement du 6 juin. Que de vedettes américaines ai-je ainsi capturées dans le vaste filet de mes rêves, pêchées au hasard des films qui me laissaient ensuite désarmé, suffocant comme un poisson sur le sable. Puisque mon besoin de merveilleux y trouvait tout son compte, ...
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