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EAN : 9782879621432
Editions PHI (01/01/2002)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Anthologie de huit poètes roumains traduits par Olivier Apert, Alain Paruit, Ed Pastenague et Odile Serre : Ileana Mălăncioiu, Virgil Mazilescu, Ion Mureșan, Marta Petreu, Mircea Cărtărescu, Mariana Martin, Daniel Bănulescu, Simona Popescu.
Contient des notices bio-bibliographiques en fin d'ouvrage.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
À ma connaissance, le seul livre aujourd'hui qui permet de découvrir en français Mircea Cartarescu comme poète. le titre de l'anthologie est emprunté à un poème de Simona Popescu (p. 116).
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La poésie est fugace, fugitive et comme dans un dessin de Escher, le sens de la vie comme de l'espace où s'exprime la vie, s'échappe.
Simona Popescu écrit dans le poème qui donne son titre au recueil :
"je suis un dessin de Escher dont je ne sors plus
je me sépare sans cesse de moi-même et me rencontre à nouveau
j'entre dans ma peau je me dépasse je regarde derrière moi".

Ileana Malancioiu invente les "mots au vitriol d'une femme que l'hiver a rendue folle". Virgil Mazilescu parle d'une " vieille quiétude un asticot du présent" et de "la satisfaction cette écharde dans la chair". Ion Muresan "chante la puissance noire de ma tête", une puissance comme le soleil noir de Dürer ou comme la bile noire de la mélancolie, un poème qui me fait penser non plus à Escher mais à la Chute de la Maison Usher. Marta Petreu confesse ses "petits caprices liquéfiés comme un cerveau mort" parce que "je demeure en moi je m'habite avec quelque indifférence".
"Dans cet espace l'imagination se décompose comme une maçonnerie" sous l'effet du " Laudanum Sydenheim". Il y a Mariana Marin qui écrit dans "Thérapie à l'époque de la peste brune" que le sort est de "disparaître un jour dans sa propre ordure, être oubliée et cachée comme une maladie honteuse, mourir dans son propre orgueil". Danuel Banulesco annonce : "Je m'en vais quelque part raconter un peu de sang" (titre d'un poème que j'ai particulièrement apprécié et que je retranscris dans les citations) mais ce recueil m'aura surtout permis d'acquérir quelques morceaux poétiques de Mircea Cartarescu - c'est d'ailleurs " le pohème de l'évier" retranscrit par Tandarica qui m'a donné envie de lire ce recueil de poèmes - mais aussi de découvrir Simona Popescu
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
MARTA PETREU

Exercices de soumission

Encerclée. Encerclée
Les armées concentriques de la terreur
manœuvrant autour de mon existence de quatre sous

Mon drapeau violet flotte dans mes yeux
Sous leur nez
sous les yeux avides impudents des espions
je donne des signes de liberté intérieure j'écris des poèmes
publiables au non

Arrête donc bon Dieu d'écrire des poèmes
arrête
arrête de faire flotter ton chiffon violet
en lambeaux
avec lequel en fin de compte
tu essuies tes chaussures

En moi la panique s'accroît

En moi la panique s'accroît et je répercute :
ces armées concentriques flaireront ma panique
feront la jonction avec elle

Mes yeux se décolorent comme un blanc d'œuf dur
le chiffon à poussière s'imprègne de poudre
devient blanc blanc
comme une robe de mariée
comme un message de paix dans une guerre de paysans

Arrête d'écrire des poèmes
m'ordonnent les haut-parleurs
des hymnes et des odes oui des hymnes et des odes
(sur les armées de la peur oui
sur les armées de la peur)

Oui. Oui. Oui.

Et j'arrête

(p. 55-56, traduit du roumain par Odile Serre)
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Mircea Cărtărescu :

clémentine, te rappelles-tu que nous tirions les draperies ?
Peut-être pas, mais quant à moi pendant des semaines m’ont poursuivi
tes zones érogènes
une caresse de nos mains
un tremblement de tes cils, bref toute la panoplie…
je savais très exactement quand tu ne pensais pas à moi : tu chantais alors
comme une dingue toujours la même chanson du far west :
« do not bury me far in the lone prairie
where the coyotes howl most scornfully » je me serais flingué
quand je t’entendais, et je te faisais des scènes pénibles
alors s’éveillait en toi l’envie sadique de me parler de tes anciens
amants, en me regardant de tes petits yeux jaunes si innocents que je doutais de tout et affichais une indifférence artistiquement badigeonnée : je tendais le bras et sortais de ta bibliothèque n’importe lequel de ces bouquins que, snobinard, tu amassais comme un écureuil sans penser les lire, sauf peut-être plus tard, et je me mettais à tourner les pages, mais tu me le prenais et tu m’embrassais, consolatrice : « qu’est-ce que t’as, tu files un mauvais coco ? » et puis encore ces zones dingues
et puis tes gauloises et mon black & gold
et puis les petits fours et l’amandine
et puis on se faisait une toile ou un resto cinq étoiles
oui, clémentine
je t’ai donné tout mon amour

(Trad. Alain Paruit, pp. 62-63, extrait de Clémentine, je t'ai donné tout mon amour)
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ILEANA MĂLĂNCIOIU :

Pastel

C'est le printemps. L'asthénie est en fleur
Qui doit mourir bientôt va mourir
S'il n'a pas encore fleuri
Le tombeau de mon père va fleurir.

Ma mère a planté des fleurs de toutes sortes
Pour que passe de temps comme passe la chair
Mais une idée germe à nouveau en moi
Qui me coûtera cher.

Je ne puis m'y arrêter en ce moment
Un vent printanier m'apporte au vol
Les mots au vitriol d'une femme
Que l'hiver a rendu folle.

(p. 14)
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MARIANA MARIN :

Le poème. À treize ans

J'écrirai maintenant le poème
qui déroutera l'assistance,
au besoin la piétinera.
Car en effet, Monsieur Brecht,
y a-t-il rien de plus noir
à treize ans
que de vouloir une amie
et devoir l'inventer
sous la forme d'un Journal
et l'appeler Kitty ?
Bavarder avec elle cachée
pendant deux ans dans un grenier d'Amsterdam,
et un matin les bottes ;
et à quinze ans Bergen-Belsen.

Et ensuite, ajoute l'histoire,
la paix a éclaté dans le monde !

( p. 75)
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Mircea Cărtărescu :

comme dirait ginsberg : je t'ai tout donné et du coup je ne suis plus rien.
je t'ai donné tout ce que je possédais sauf les sous, car les sous ne peuvent pas aimer
et maintenant nous vivons dans la même ville
mais nous ne mordons plus à la foire dans la même barbe à papa
car maintenant tu es lointaine
madame vous êtes maintenant une étrangère
ah clémentine,
ah clémentine,
ah clémentine je t'ai donné
tout mon amour.

(Trad. Alain Paruit, p. 63, extrait de Clémentine, je t'ai donné tout mon amour)
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Nicolas Cavaillès lit Mircea Cărtărescu.
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