AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Laure Hinckel (Traducteur)
EAN : 9782207259580
208 pages
Denoël (15/05/2008)
3.8/5   28 notes
Résumé :

Pourquoi nous aimons les femmes, c'est ce que s'ingénie à dévoiler Mircea Cartarescu dans ce recueil de nouvelles, petit joyau à la gloire de l'éternel féminin. Au fil des vingt histoires qui composent le livre, l'auteur distille sa vision de cette mystérieuse altérité : les femmes. Il raconte la beauté, l'incompréhension, la douceur, le désespoir aussi. Il raconte l'entêtement des hommes qu... >Voir plus
Que lire après Pourquoi nous aimons les femmesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

Ce recueil de 20 nouvelles est présenté comme un "petit joyau à la gloire de l'éternel féminin". Même si cette présentation est à mon avis un peu excessive, elle met en tout cas en lumière le regard d'un homme sur les femmes qui ont jalonné sa vie, et pourquoi, lui, aime les femmes. Un regard qui butine à travers les époques, les pays, les aspirations : un regard d'adolescent, d'amant, de mari, d'ami, d'homme ; un regard tour à tour tendre, nostalgique, fasciné, magnifié, coupable, onirique. 20 nouvelles, 20 regards, et quelques clins d'oeil.

L'écriture est brillante, inspirée (?) et pleine d'humour, voire d'autodérision. L'auteur semble se confier à nous et nous entraine dans une atmosphère calfeutrée. Il effeuille ses brides de souvenirs et portraits de femmes par petites touches juxtaposées, d'apparence désordonnées, qui ne révèlent leur essence véritable que lorsqu'on les contemple dans leur ensemble, avec un peu de recul. Car au delà de sa vision des femmes, et des émotions qu'elles lui inspirent, ce sont aussi des réflexions sur la complexité des sentiments, sur l'homme qu'il est, ou dit être, et sur le bonheur.

Ce recueil sur l'altérité féminine, sensuel et amusant, est vraiment un plaisir à lire et une bien belle découverte ! Un grand MERCI à Tandarica de m'avoir fait découvrir ce livre et cet auteur.
Commenter  J’apprécie          393
Très bonne traduction, quoique l'auteur, dont c'est incontestablement le livre le plus facile à lire, puisse en penser (voir cependant note 1 page 145). Malgré un titre et une couverture plutôt conventionnels, le féminin est représenté aussi par le livre (« cărţi » en roumain est féminin et les « Nouvelles » de Salinger un livre culte pour moi aussi), la présence des villes (Braşov, Paris, Amsterdam, Turin), l'anglais comme langue étrangère et la chanson. C'est aussi, à mon sens, le livre le plus drôle de Cărtărescu.
Commenter  J’apprécie          330
Ces vingt portraits de femmes sont stupéfiants de justesse. Décrite à travers les yeux d'un homme de passage, d'un amant, d'un mari, d'un enfant, d'un adolescent ou encore d'un amoureux éconduit, la femme est dégraffée de toutes ses coutures pour ne laisser entrevoir d'elle-même que les émotions qu'elle suscite auprès du narrateur. Dès les premières lignes, l'auteur prend ses lectrices à partie et instaure aussitôt une intimité qu'il maintiendra tout au long du recueil. Je suis séduite et surprise de ces anecdotes toujours inattendues, lucides, non idéalisées, masculines, tendres et triviales à la fois, ou frisant l'érotisme. Saisie, je me suis vue relire dans la foulée l'une des nouvelles, ma préférée, – de l'intimité – éberluée par l'improbable et magnifique transition qui amène l'auteur à débuter son récit dans le quartier rouge d'Amsterdam pour le conclure par l'une des plus belles déclarations d'amour qu'il soit à sa femme. Sa maîtrise littéraire est incontestable, sa capacité à transmettre les émotions les plus fines et les plus justes est sans mesure.
Je ne peux qu'encenser ce trop court et délicieux recueil et vous inviter à le lire à votre tour – homme ou femme, il vous ravira autant que moi je l'espère.
Lien : https://synchroniciteetseren..
Commenter  J’apprécie          170
"Ainsi donc, qui suis-je ? Celui des tests de personnalité? Mais ils ne font que me découper en fines diapositives. A moments différents, personnalités différentes. Or nous ne sommes pas un album de photographies, à l'intérieur de nous. Nous ne sommes pas des objets mais des processus. Je suis finalement ma propre recherche de moi-même. J'existe parce que je me recherche. Je ne me cherche pas pour me trouver : le fait que je me cherche moi-même est le signe que je me suis déjà trouvé."
(dans "Qui suis-je?")

Pourquoi nous aimons les femmes, question existentielle qui reflète bien le style de l'auteur qu'on sent fortement influencé par des romanciers comme Vladimir Nabokov (Lolita) ou James Joyce (Ulysse).
Dans plusieurs nouvelles le lecteur se fait plus voyeur que confident, et les premiers récits révèlent bien l'intellectualisation existentialiste de petites choses qu'on aurait pu deviner grâce au titre. Ce recueil, au style d'écriture trop peu généreux pour être authentique constitue une sorte de bilan de la vie de l'auteur s'approchant de la cinquantaine (au moment où il rédige ces nouvelles). Avec ce côté "flagorneur" , on soupçonne Mircea Cartarescu d'avoir voulu laisser une trace plus que pour rendre hommage à celles qui ont croisé son chemin.

Certes, je ne peux pas dire que c'est insipide ou mal écrit, mais ce n'est pas mon style de prédilection.
Commenter  J’apprécie          100
Quelle belle découverte que celle de ce livre, et de cet auteur. J'ai été tellement séduite que je l'ai offert autour de moi. Portraits de femmes, traces qu'elles ont toutes laissé dans la vie de cet homme. Ecriture fluide, brillante, qui permet de passer des putains d'Amsterdam à une inconnue ou à la femme de l'écrivain. Une puissance d'évocation qui rend compte de la complexité des rapports amoureux, sexuels, de la vision des hommes à propos des femmes, de cette quête inassouvie entre nous. L'un des plus beaux textes est sans nul doute pour moi, "De l'Intimité" véritable ode à l'amour pour sa femme, on voudrait se dire que l'on est aimé de cette façon, pour toujours. Justesse, finesse, lucidité, tendresse, sexuelle, tous ces textes ont cela en commun, et ce n'est pas si souvent. A lire absolument.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
La voute était inclinée, soutenue par le mur aveugle et noir du château. En dehors de cette zone maçonnée rectangulaire et sombre, le ciel débordait d'étoiles. C'était écrasant, il y avait plus de points de lumières que d'ombre entre eux, saupoudrés de manière diffuse, tassés dans un coin, plus espacés ailleurs, concentrés en taches de lumière ou dissous dans l'air glacé. Un froid terrible s'était abattu, et pourtant nous ne nous hâtions pas vers la porte d'entrée. Nous demeurions là, près de la voiture, à regarder ce ciel lumineux et magique, ce cosmos courbé sur la terre parfaitement sombre. Des glaçons et des icebergs de lumière glissaient là haut, ils se brisaient au dessus de nos têtes.
Commenter  J’apprécie          230
L'orgasme est au corps physique ce que le bonheur est à notre corps spirituel. C'est la sensation brève et accablante, l'illumination que recherchent les mystiques et les poètes. On ne peut être heureux pendant des jours ou des années entières. Pas même quelques heures de suite. Dostoïevski le décrit comme un prélude à l'épilepsie, Rilke parle de son "comble": c'est la beauté à la limite du supportable, au-delà de laquelle commence la douleur. Goethe a peut être eu la meilleure intuition des critères du bonheur: nous sommes réellement heureux lorsque nous voulons arrêter le temps, conserver l'instant pour toute l'éternité.
Commenter  J’apprécie          242
Dans les dix années qui suivirent, j'ai du sentir au moins sept ou huit fois, en divers endroits, le parfum qui me dispersait la cervelle. [...] Chaque fois, je me disais que j'allais courir après la fille au parfum aussi enivrant et monstrueux, la prendre par l'épaule, la retourner et lui demander: "D'où on ce connait?" ou "Comment s'appelle votre parfum ?" ou "Voulez vous m'épouser?", toutes questions qui me semblaient, dans mon exaltation, parfaitement équivalentes.
Commenter  J’apprécie          290
Je prie les lectrices distinguées de ce livre de ne pas me taxer de pédanterie, quand bien même je commencerais par une citation. Quand j’étais adolescent, j’avais la stupide habitude de les enchaîner, ce qui me valut, au lycée Cantemir, une réputation plutôt triste. Mes collègues s’amenaient à l’école avec des magnétos de dix kilos, passaient de la musique et dansaient en cours de français… Le petit jeune homme timbré qui nous tenait lieu de prof rassemblait les filles autour de lui et les mettait au courant de toutes les grossièretés en français… Deux types feuilletaient des revues pornos au fond de la classe… J’étais le seul, moi qui vivaient en compagnie des livres, à me prendre par la main et à balancer au tableau une citation de Camus, ou de T. S. Eliot, qui arrivait comme un cheveu sur la soupe dans l’atmosphère de débauche qui régnait dans notre classe poussiéreuse et délabrée. Assises sur le bureau du prof, jambes croisées si haut qu’on voyait leurs cuisses sous la chasuble retroussée, les filles ne se fatiguaient même pas à grimacer ou à pouffer de rire de manière méprisantes. Elles étaient habituées.
Commenter  J’apprécie          80
Je m'assis au bord du lit, terrorisé par l'idée d'une nuit de froid polaire. Mais alors je sentis un peu de tiédeur, une hallucination peut-être, s'élever de la literie. Je passai ma paume sur la couverture et je sursautai. En effet, elle était chaude ! Et en plus elle semblait relevée sur un corps massif, comme si quelqu'un dormait recroquevillé dans mon lit […] Car dans mon lit, enfoncé dans le drap, il y avait un mouton !
Commenter  J’apprécie          200

Videos de Mircea Cartarescu (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mircea Cartarescu
Nicolas Cavaillès lit Mircea Cărtărescu.
autres livres classés : littérature roumaineVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (70) Voir plus




{* *} .._..