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Jean-Marie Saint-Lu (Traducteur)
EAN : 9782743606459
220 pages
Payot et Rivages (26/02/2000)
4.05/5   10 notes
Résumé :
Dans la première phrase de ce livre, j'ai dit que je croyais n'avoir jamais encore - oui, jamais encore, l'incorrection est délibérée - confondu la fiction et la réalité, ce qui ne signifie pas que parfois il ne me soit pas difficile, rétrospectivement, de pouvoir éviter cette confusion. Je veux penser que ce n'est pas vraiment ma faute.
Rarement un auteur ne nous aura livré un texte aussi étonnant, curieux voyage à bord d'un bateau ivre tanguant entre la réa... >Voir plus
Que lire après Dans le dos noir du tempsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je suis assez inconditionnelle lorsqu'il s'agit de Javier Marías, ce livre-ci ne change pas la donne.

Le livre qu'avait commis cet auteur sous le titre 'Le Roman d'Oxford' utilisait plusieurs éléments proches de l'auteur, si bien que certains y ont vu, et je l'ai cru également je dois dire puisque l'auteur utilise la vie de son père et utilise un narrateur espagnol qui a enseigné à Oxford tout comme lui, un récit largement autobiographique jusqu'à l'aventure sentimentale que vit le protagoniste du roman.

Javier Marías s'en est ému et profite de l'occasion pour nous offrit de multiples digressions et variations dont lui seul a le secret. le lecteur ne sait plus très bien à un moment donné, où l'auteur l'emmène, mais qu'importe, le plaisir réside, pour moi, ici comme dans les autres oeuvres, à lire cette prose limpide et subtile à la fois.

J'ai beaucoup aimé.
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Ce livre de Marías est assez niché. Il commence par une réponse à la réception de son Roman d'Oxford que des lecteurs ont perçu comme un roman à clé, c'est-à-dire un roman dans lequel plusieurs personnages, y compris le narrateur, représentent des personnes réelles. L'auteur s'en défend. On veut bien le croire, mais assez rapidement la fiction se mêle de nouveau à la réalité.

L'ouvrage prend alors une autre tangente et devient une réflexion sur la mort et plus précisément sur la postérité, sachant que le souvenir de la très grande majorité des gens s'éteint avec la mort à leur tour de ceux qui les ont connus. L'écrit est-il la meilleure façon de laisser une trace ? Pour illustrer son propos, Marías évoque la mémoire de quelques quidams à partir d'informations dénichées dans des livres anciens et rares. Il nous parle aussi de proches disparus, notamment son frère mort à trois ans et sa mère, et de plein d'autres choses, au gré de sa pensée sinueuse.

Les histoires que Marías nous raconte ici ne m'ont pas toutes intéressée de la même manière, mais j'ai adoré le lire, comme j'écouterais un vieil ami. Aujourd'hui, il a rejoint lui aussi le dos noir du temps. S'il pouvait encore nous parler, il dirait sans doute « La belle affaire ! ».
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Dans le roman d'Oxford, Marias racontait son séjour à Oxford, décrivait les meurs locales, ses collègues, ses amours avec la femme d'un professeur, ses recherches de vieux livres, et évoquait l'écrivain John Gasworth dont un certain Hugh Oloff de Wet photographia le masque mortuaire.



Avec le dos noir du temps, il nous fait part de l'accueil reçu par son roman ("Cependant, le roman n'eut pas une mauvaise fortune, pour immérité que ce fut, même s'il y a eu quelqu'un pour le qualifier de nullité et même de plus mauvais livre de tous les temps, ce qui ne manque pas de mérite") et particulièrement à Oxford. Certains y virent un roman à clef, beaucoup s'y reconnurent, au point de générer une contrariété chez ceux qui n'y étaient pas! Marias craignait de vexer ou de se faire des ennemis, mais il découvre à sa grande surprise qu'un de ses amis désire figurer dans son prochain roman, que les libraires aimeraient jouer dans le film qui va en être tiré, etc...



Las! Javier Marias, eut beau insister, comme quoi le narrateur du roman et l'auteur étaient distincts, qu'il n'était ni marié ni père, rien n'y fit, on "découvrit" même qui était son amante fictive...



"Le sentiment que les livres me cherchent n'a pas cessé de m'accompagner, et tout ce qui est passé de mes pages fictives du Roman d'Oxford à la vie a également fini par trouver matérialisation sous cette forme, en forme de livre(...) . Tant de choses ont sauté du roman dans ma vie que je ne sais plus combien de feuillets il me faudra pour le raconter."



Tout se brouille de plus en plus... Voici l'histoire de Wilfrid Ewart, qui mourut d'une balle dans l'oeil à Mexico, puis revoilà Gasworth et de Wet. Même un hilarant passage avec Franco... mais où cela mène-t-il le lecteur?



"Si un lecteur se demandait ce qu'on peut bien être en train de lui raconter et vers où tend ce texte, il faudrait simplement lui répondre, je le crains, qu'il se limite à parcourir son itinéraire et par conséquent de tendre à sa fin, de même, d'ailleurs, que tout ce qui traverse le monde ou s'y produit. Mais je ne pense pas que ceux qui seront arrivés jusqu'ici se posent désormais ce genre de questions." (oh non, on est page 282)



Les coïncidences s'accroissent, " j'eus parfois le sentiment qu'il faut faire attention à ce qu'on invente et écrit dans les livres, car il arrive que cela se réalise."



Un roman un peu bizarre que j'ai dévoré, où on oscille entre fiction et réalité, sans frontières bien nettes..., entre passé, présent, futur(?), dans le dos noir du temps, selon l'expression empruntée à Shakespeare. (page 294)



Et Wikipedia m'apprend que:

Le 6 juillet 1997, Javier Marías devient roi d'un îlot des Caraïbes ; le monarque du Royaume de Redonda,Juan II (l'écrivain John Wynne-Tyson) vient d'abdiquer en sa faveur . [C'est un titre qui se transmet dans la sphère des lettres pour perpétuer l'héritage littéraire des rois précédents : Felipe I (Matthew Phipps Shiel) et Juan I (John Gawsworth ).] Javier Marías accepte de perpétuer la légende et prend le nom de Xavier I.



Quand je vous disais que réalité et fiction se mélangent...
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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La fiction du "Roman d'Oxford" a tellement envahi la vie de l'écrivain Javier Marias, que celui-ci s'est senti obligé d'écrire ce deuxième livre afin de s'expliquer.
Mais que le lecteur ne se laisse pas prendre au jeu littéraire infernal de Marias, parce que RIEN ne sera expliqué et la limite entre fiction et réalité sera encore plus nébuleuse. Marias a défini son livre comme un "faux roman" afin de brouiller encore mieux les pistes au lecteur.
C'est encore une longue suite de digressions sur d'autres auteurs, sur la littérature, sur la mort (quelques morts étranges chez des écrivains ou au sein de sa propre famille), car la mort est l'une des obsessions chez cet auteur.

En gros, dans ce roman nous avons trois parties : 1) l'explication dans "Le roman d'Oxford" de ce qui est fiction et ce qui est autobiographique, car le livre fut considéré comme un "roman à clefs" où chaque personnage était un personnage réel (ce qui est faux); 2) des portraits d'écrivains en rapport avec Gawsworth et l'histoire de l'île antillaise de Redonda d'où Marias est l'actuel Roi; et 3) des histoires très autobiographiques de l'auteur autour de la mort de sa mère et de son frère Julianin.
Du Javier Marias dans toute sa splendeur générique hybride.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Javier Marias nous livre ici une nouvelle et très profonde réflexion sur le langage. Mais aussi sur toutes les vies écrites qui seraient, selon lui, la seule postérité à laquelle nous puissions prétendre. Avec son humour habituelle, avec sa façon d'entremêler les anecdotes jusqu'à parvenir, in fine, à une admirable cohérence, Marias entraîne son lecteur dans une réflexion fine et intelligente. Ses autres romans, plus romanesques (notamment Ton visage demain) m'ont cependant parût plus fort.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ce n'est pas seulement que tout peut arriver de nouveau, c'est que je ne sais pas si, en réalité, rien n'est passé ni ne s'est perdu, j'ai parfois la sensation que le coeur de tous les hier bat sous la terre comme s'ils refusaient de disparaître tout à fait, l'énorme cumul des choses connues et inconnues, de ce qui a été raconté et de ce qui n'a jamais été dit, de ce qui a été consigné et de ce qui n'a jamais été su ou n'a pas eu de témoins ou a été caché, formidable masse de paroles et d'événements, de passions et de crimes et d'injustices, de craintes et de rires et d'aspirations et d'ardeurs, et surtout de pensées, qui sont ce qui se transmet le plus d'un intrus et d'un usurpateur à l'autre, et entre les générations usurpatrices et intruses, ce qui survit le plus longtemps et ne change presque pas et ne finit jamais, comme une ébullition permanente sous le sol mince où sont enterrés ou éparpillés en nombre infini les hommes et les femmes qui sont passés par là la plupart du temps, en se consacrant aux pensées passives ou oisives et les plus communes, mais on trouve également parmi ces dernières les plus énergiques, celles qui donnent un peu d'élan à la paresseuse et faible roue du monde, les désirs et les machinations, les attentes et les rancoeurs, les croyances et les chimères, la pitié et les secrets et les humiliations et les querelles, les vengeances ourdies et les amours repoussées qui arrivent trop tard au rendez-vous et celles qui n'ont pas été flétries, chacune d'entre elles accompagnée de ses pensées individuelles, senties comme uniques par chaque sujet pensant réitératif et nouveau venu.
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Sans les livres, ce serait presque comme si aucun de ces noms n'avait jamais existé ; sans les libraires qui sans cesse récupèrent et mettent en circulation et revendent les silencieuses et patientes voix qui cependant refuse de se taire à tout jamais et tout à fait, des voix infatigables parce qu'elles ne pâtissent pas de l'effort d'émettre un son et de se faire entendre, des voix muettes et résistantes comme celle qui maintenant remplit ces pages jour après jour tout au long de nombreuses heures où personne n'a de mes nouvelles ni ne me voit ni ne m'épie, et c'est comme si je n'étais pas né.
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Tout est si lié au hasard et si ridicule qu'on ne comprend pas comment nous pouvons doter de transcendance notre naissance, notre existence ou notre mort, déterminées par des combinaisons erratiques aussi capricieuses et imprévisibles que la voie du temps quand il n'est pas encore passé et ne s'est pas perdu, quand il n'est pas encore ambigu et qu'il n'est même pas encore du temps, cette voix que nous connaissons et écoutons tous comme un murmure à mesure que nous avançons, ou du moins le croyons-nous (...).
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Personne ne serait né, la belle affaire. Personne ne serait jamais mort non plus et il n'y aurait aucun de ses contes qu'on raconte sans cesse, pleins d'horreurs et de hasards et d'affronts, et de saluts provisoires et de condamnations définitives.
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Javier Marias parle de son livre 'Comme les amours' au festival Passa Porta en 2012.
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