Deux jeunes que rien ne prédestinait à se croiser se retrouvent "colocataires" d'une cellule de 10m2, condamnés à plusieurs années de prison pour leur implication dans des meurtres. Rien ne laissait envisager cette situation, ni pour Romain, embringué dans un cambriolage chez une "petite vieille" qui a mal tourné parce qu'elle est rentrée trop tôt, ni pour Laurent, fils de bonne famille qui en voulant protéger sa soeur Manon d'un dealer insistant a accidentellement tué celui-ci.
Romain n'était pas une "racaille", juste un enfant abandonné par une mère adolescente, qui avait grandi dans des familles d'accueil dont la dernière, très aimante, habitait juste un peu trop près d'une cité. Quelques mauvaises fréquentations, la volonté d'acquérir une indépendance financière, la malchance, et voilà un jeune de 23 ans dont l'avenir bascule. Quand il se retrouve dans la même cellule que Laurent, il s'en félicite d'abord : ensemble ils seront plus forts pour se défendre face aux détenus plus âgés et plus endurcis qu'eux. Mais très vite, il constatera avec un peu d'amertume qu'ils ne viennent pas du même monde. Laurent est bien plus instruit, c'est un étudiant qui lit beaucoup et qui ne se gêne pas pour le prendre de haut malgré les circonstances. Il reçoit la visite de son père et de la nouvelle compagne de celui-ci, ainsi que de Manon, sa soeur. Mais il a quand même un point commun avec Romain : lui aussi a été abandonné par sa mère, partie sans explication. Peu à peu les deux jeunes vont s'apprivoiser, se découvrir de façon plus approfondie et finiront par s'apprécier. Cette amitié leur sera précieuse pour supporter les difficultés de l'incarcération, tout comme le lien qu'ils établiront avec Serge, un détenu quinquagénaire responsable de la bibliothèque pénitentiaire. Bibliothèque que Romain va vite fréquenter assidûment pour se sentir "à la hauteur" de Laurent. La correspondance leur offrira également à tous deux un exutoire, et pour Romain, ses talents graphiques lui permettront de s'évader métaphoriquement. Ils parviendront à rester "
libres dans leur tête", même si leur corps est enfermé.
Un récit plein de poésie, jamais glauque ou lourd, même si l'ambiance carcérale est bien présente à certains moments. L'accent est mis sur la relation entre les deux jeunes hommes, et malgré des moments difficiles, les perspectives d'une vie "après" ne s'éteignent jamais. D'autres personnages ajoutent de la "chair" à l'histoire, que ce soit la famille d'accueil de Romain qui ne le laisse pas tomber (des passages très touchants avec Lucas, le petit frère de coeur), ou la correspondante de Laurent, une jeune fille qui par le biais d'une association a choisi d'envoyer du réconfort épistolaire à un détenu.
On vit l'histoire en temps réel puisqu'elle est narrée au présent, même si certains sauts dans le temps m'ont paru un peu abrupts. Mais le roman est court (157 p.), l'auteure a choisi de ne pas développer certaines périodes.
Mon petit regret : j'ai eu un peu de mal avec les rapports entre Romain, Laurent et les autres détenus, je pense que dans une prison où des condamnés pour meurtre sont détenus (une centrale en principe), les choses ne se passent pas aussi "facilement" pour des jeunes gens aussi éloignés de cette population qu'ils ne le sont. Même s'ils bénéficient de la protection de Serge, ça me semble un peu léger face aux caïds qu'on rencontre dans ce genre d'endroit. Mais ce n'était pas l'axe choisi par l'auteure, je respecte ce parti-pris.
Merci infiniment à
Stéphanie Castillo-Soler, alias mon amie Babeliote @Billie72 de m'avoir offert le privilège de découvrir son premier roman, j'espère qu'il sera suivi de bien d'autres !