"Je maudis une fois de plus les gardes de nuit enchaînées depuis tant d'années. Ca et les décalages horaires, ça vous bousille le nycthémère pour le restant de votre vie !"
Seul un médecin engagé dans sa vocation peut utiliser ce genre de phrase comme entrée en matière.
Et la suite logique ne peut que ressembler à celà :
"Ce paysage de roche et de glace, qui s'impose tant par son ampleur que par son aura, est le seul argument qui me permet d'aimer encore mon métier. le massif du Mont-Blanc me tient en son pouvoir."
La médecine, justement, un art qui varie en fonction des âges et des situations. Certains actes réalisés en urgence en montagne pourraient franchement être critiqués s'ils étaient fait hors urgence sur le plancher des vaches ou encore dans un centre médical avec tout le confort utile.
"C'est là qu'un toubib prend conscience de tout le pouvoir qui lui est attribué : disposer de telles drogues avec, en plus, le droit de s'en servir, me paraît toujours incroyable."
Les descriptions sont pleines de vie et de réalisme. La vie en montagne est loin d'être un long fleuve tranquille.
"Nous avions été dix à nous exciter sur ce secours qui nous avait pris près de neuf heures à plus de 3000 mètres d'altitude. Tout ça pour une simple fracture-luxation de la cheville. En hélico, une demi-heure aurait suffi, et on aurait réglé ça à deux. Là réside tout le paradoxe du secours en montagne."
"C'est là que l'incroyable m'apparaît : le mort, il n'est si mort que ça : il bouge !"
""Aucun mort par hypothermie ne peut être déclaré comme tel avant d'avoir été réchauffé.""
Texte drôle, du moins pour un médecin. Je ne sais pas si tout le monde réagira de la même manière aux différents traits d'humour présents dans ce livre. Les moments plus stressants feront ainsi réagir différemment les habitués du domaine médical et les "externes", du moins je pense.
Le texte est simple et technique à la fois. Les anecdotes sur la vie quotidienne des urgences en haute montagne sont parlantes et effrayantes à la fois, parfois même amusantes tant elles créent une sensation de stress pour la cause de l'urgence.
J'ai beaucoup aimé ce livre, malgré le vocabulaire montagnard qui m'était essentiellement inconnu. Cette lecture m'a donné envie d'escalader des montagnes, au propre comme au figuré. Il suffit de penser à prendre ses précautions avant de partir à l'assaut du défi.
"On a parfois la sensation désagréable que l'argent ne viendra pas tant qu'un ministre ne se sera pas éclaté la tête contre un sapin !"
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Ce récit aurait pu être intéressant, puisqu’il décrit le sauvetage d’alpinistes dans le massif du Mont-Blanc. Le Docteur Gauchy, né en Normandie, est médecin du PGHM pour les secours en haute montagne, également conseiller scientifique, entre autre, et a assuré l’assistance médicale sur des tournages de films comme Les rivières pourpres. Seulement sa prose est truffée de grossièreté et de non-respect pour ces gens dont l’intervention le fait vivre. Exemple de ses mots : Suspendu au treuil de l’hélicoptère comme un sac de patates, il va crever, je lui fous une troisième baffe, fais chier on est dans la merde, con, connard, etc. etc. A 100 kms du lieu de naissance de l’auteur on y trouve Edouard Louis qui a publié En finir avec Eddy Bellegueule qui a gêné quelques lecteurs par ses dialogues vulgaires, mais ceux-ci étaient appropriés dans ce contexte de pauvreté culturelle. Dans Docteur vertical le même langage puissance 10 et à toutes les pages. A la moitié du livre je n’ai pas pu aller plus loin.
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Lu quelques temps après la disparition de l'auteur. Un livre, sous forme de chroniques, qui relate les expériences de ce docteur pas comme les autres. Souvent drôles, malgré les interventions, jamais dérangeant. Un très bon moment... Reposez en paix, cher Monsieur Cauchy.
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Le nouveau livre du Manu Cauchy aux éditions Glénat: "Frisson fatal"