Voilà un moment que j'avais envie de lire une vieillerie, pas un vrai classique, mais un succès des années 70, oublié, un peu ringard, dépassé, noyé à tout jamais par la littérature d'aujourd'hui qui sort en librairie au rythme de la mitrailleuse et qui disparaît aussi vite, au bout d'un an ou deux à prendre la poussière sur les rayons.
J'ai cherché dans ma bibliothèque un vieux poche que je n'avais jamais lu. En parcourant au hasard certaines quatrièmes de couverture, je suis tombé sur celle du roman de
Patrick Cauvin, écrite par
François Nourissier, un vrai ringard, lui aussi. Et là, je me suis dit que j'avais sans doute raté quelque chose…
« Lui un peu voyou, elle un peu bêcheuse, ces deux bambins qui totalisent moins de vingt-trois printemps vont se rencontrer, se flairer, se reconnaître et vivre dans l'incompréhension générale ce qu'il est légitime d'appeler un grand amour. J'aime dans le roman de
Patrick Cauvin, outre toutes les qualités de fraîcheur, de légèreté, d'invention qu'il faut pour faire l'enfant sans faire la bête, j'aime ce qu'il dit sans avoir l'ai d'y toucher et qui va beaucoup plus loin que son joli récit ».
Séduit par cet avis enthousiaste, J'ai donc sorti le roman des oubliettes et je l'ai lu, d'une traite, en une soirée, et franchement, oui, je me suis dit que j'avais raté quelque chose.
Ce roman, écrit en 1976, évidemment, il date. Mais c'est une plongée dans l'univers du milieu des années 70, le langage des ados de cette époque est devenu maintenant celui des vieux, les grands-parents d'aujourd'hui, mais peu importe… C'est un monde révolu, sans internet, sans portables, sans téléphones, sans réseaux sociaux, mais après tout, on pouvait y vivre des aventures formidables quand même.
Le roman raconte la rencontre improbable entre deux enfants surdoués, un garçon et une fille, onze et douze ans, et la naissance d'un amour immense. Lui, banlieusard, issu d'un milieu défavorisé, comme on dit maintenant, un passionné de cinéma américain, qui déteste l'école mais qui est tout de même le meilleur de sa classe sans jamais fournir le moindre effort. Elle, fille de bourgeois du 16ème arrondissement, américaine vivant en France, passionnée par les mathématiques fondamentales et le théâtre classique. Surdouée également.
Les deux se rencontrent dans une ville thermale où leurs deux mères viennent en cure pour traiter des problèmes d'aérophagie récurrents.
Tout pourrait les éloigner. Cependant, ils vont se découvrir, se séduire mutuellement, puis s'aimer passionnément, en se moquant gentiment de tous les autres, les gens normaux, ceux dont l'intelligence ne plafonne jamais qu'à un niveau raisonnable. Ensemble, ils vont monter un projet fou et réaliser leur rêve, que je ne veux évidemment pas divulgâcher ici !
C'est un livre à lire avec des yeux d'enfant, il faut accepter le ringard des situations et du langage de ces jeunes qui auraient maintenant 60 ans, et se laisser entraîner sans résistance par cette histoire tout à fait rafraîchissante.