Il aurait fallu tout lire !
Tous les journaux, tous les bouquins, voir tous les films et ne pas louper une émission télé, ni une expo.
Y en a qui l'ont fait.
Ils savaient tout, ils avaient tout vu.
Comment ils ont fait ? ça ...
Si le moustachu l'avait su, il l'aurait fait aussi.
Mais, non, ce que connaissait le dernier des arracheurs de betteraves dans le Finistère, le moustachu l'ignorait.
Alors au lieu de lire ce qui se passait, il l'a écrit.
Et il a possédé tout le monde !
C'était la méthode
Cavanna ...
Et, en des temps fort lointains, des temps que les jeunots, intellecfesses et compagnie, n'ont pas connus, il n'était pas question de couper les poils du cul en quatre !
Alors, en 1969, le moustachu a décidé de jeter de très courtes chroniques d'actualité brûlante dans les pages d'un hebdo
bête et méchant, celui-là même qui en se faisant "Hara-Kiri" devint "
Charlie-Hebdo".
L'anarchie ! Hou la sale bête. Elle a du poil aux pattes.
Au secours maman !
Donc
Cavanna, le moustachu, investi de la plus noble des causes - "informer le public" - va écrire ici sur ce qu'il n'a pas lu, pas vu mais dont il a entendu parler !
C'est la méthode
Cavanna !
D'abord de la dérision et de l'ironie, puis de la dérision et de l'ironie.
Et, si vous saviez le temps qu'il lui a fallu pour pondre ces conneries qui ne ne vont même pas vous faire rire, si ça se trouve ! (c'est lui qui le dit, si si page 44).
D'autant que ça date un peu et que ses personnages principaux sont un peu passés de mode : Pompidou, Nixon, Mao,
De Gaulle,
Alain Delon et Napoléon ...
Ha ! Napoléon dont notre bon président a fait récemment l'éloge.
Un vrai français aime le vin rouge, le camembert bien fait et Napoléon.
Cavanna, lui, aime les deux premiers mais pisse sur Napoléon (c'est lui qui le dit, si si page 108).
Cavanna ne serait-il pas un français douteux, au contraire de notre bon président ?
Ce que semblerait prouver le fait que ses lecteurs sont futiles, capricieux et feignants (c'est lui qui le dit, si si page 80).
Bref ! "
De Gaulle : au musée", " Élections : crottes de biques", "Lune : je m'en fous", "Napoléon : à la poubelle", "anticléricalisme : de plus en plus désuet", "handicapés : j'ai déjà donné" ...
C'est de "l'humour : tant pis pour vous" !
Si vous n'aimez pas ça, le "Figaro est paru. Faut pas vous priver.
Mais au final, derrière cet humour et cette provocation,
François Cavanna évoque un monde dont on n'est toujours pas sorti, un monde divisé en deux et déjà organisé par des cons spécialistes (c'est lui qui le dit, si si page 139).
Le dernier mot est aux mégalomanes et aux mercanti, la gauche est éclatée, tout n'est que symbole et commemo, lobby et pub.
Que faire professeur Choron ? Que faire ?
Ce premier tome des pensées et divers états d'âme du moustachu est le premier d'une série de trois, il me semble.
C'est drôle et grinçant, intelligent et un peu désespérant ...