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EAN : 9791092888058
278 pages
Terria Films (21/07/2013)
4.5/5   4 notes
Résumé :
LE SYSTÈME DOG : À la fin du siècle dernier, le système carcéral a été réformé. Deux raisons principales à cela : éviter un encombrement des prisons et assurer des ressources financières à l'état. Désignés par le terme de "Dogs", les criminels sont donc "loués" ou "vendus" à des tiers. Ils ont un statut d'esclave.

DONATELLO MINAÏ : Donatello Minaï est un jeune Dog qui, depuis plusieurs années, appartient à une famille bourgeoise banale, les Des Rolles... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Donatello Minaï est le Dog de la famille de Rolles. Ses comportements, ses gestes, ses activités, tout dans sa vie est lié à ce collier qu'il porte autour du cou et qui permet de circonscrire sa présence à un périmètre donné, de transmettre des décharges électriques quand il n'obéit pas assez promptement, et d'y accrocher une laisse pour les promenades avec sa maitresse. Toute la journée, il sacrifie au dieu Planning, dans lequel sont minutées toutes ses actions, y compris la conception d'un petit Dog avec la blonde Lisa, petite fée aux ailes brisées, la Dogue d'une amie de Mme de Rolles.
Mais nul ne soupçonne que réside sous le placide visage du Dog servile un dernier espace de liberté. Comme le Léviathan dont il lit les aventures avant de s'endormir, une force rebelle pleine d'énergie se trouve en lui, qui n'attend qu'une occasion pour s'enfuir de ce présent sans espoir d'amélioration. Aussi quand, par une chaude après-midi de canicule, Mme de Rolles a un malaise, Don n'hésite pas à la faire chanter pour obtenir le code d'ouverture de son collier et à s'enfuir dans la Ville Grise. le Léviathan est lâché !

Si l'on évaluait l'évolution d'une société à la façon dont elle prend en charge ses prisonniers et ses personnes âgées (et personnellement, je trouve que c'est un bon indicateur), le niveau social de la Ville Grise, cadre dans lequel se déroule Dogs, frôlerait les pâquerettes. Les deux premiers chapitres de ce livre m'ont heurtée par leur violence. Qu'on se rassure, ces chapitres ne dévoilent pas des sévices sadiques inédits. Non. C'est la façon dont l'auteur, au travers de ces quelques pages, arrive à poser d'entrée de jeu un mode de vie dans lequel on nie, on efface, on déchoit des hommes et des femmes de cette caractéristique qui me parait pourtant inaliénable : être des êtres humains.
Les Dogs sont donc des êtres humains déchus suite au jugement d'un crime qu'ils ont commis. Rien à voir avec ces gentils toutous qui font la joie de la famille, trainant leurs puces du lit au canapé et attendant la queue battant d'un plaisir anticipé le remplissage de la gamelle ou la tournée des caniveaux. le Dog tient plus de l'esclave que du chien, ne s'en rapprochant que par son statut de bête sans espoir d'évolution (un Dog reste un Dog, imaginons quand on nait Dog…) et, de plus loin, par quelques expressions du langage courant comme "il fait un temps de chien" ou "il le traite comme un chien". le plus effrayant, dans cette acceptation commune du statut de Dog, c'est que, suite au "traitement" qu'ils subissent avant de rejoindre le chenil, adaptation réussie du conditionnement pavlovien (oui, oui, on reste dans le domaine canin), les Dogs sont les premiers à s'approprier leur condition, à l'assumer.
Après cette entrée en matière qui donne clairement le ton, le récit se déroule plus classiquement, avec la fuite de ce jeune héros et les différentes stratégies qu'il met en oeuvre pour tenter de rester libre. On suit les coups d'éclat souvent futiles de Don, en se disant que tout cela ne va pas bien se terminer. Et en effet, dans Dogs, il n'y a pas de pardon ou de grâce, et pas beaucoup d'humains ou de Dogs pour redonner foi en l'espérance d'un devenir meilleur et plus humain.

J'ai apprécié plusieurs choses dans cet ouvrage. En premier lieu, la matérialisation des différentes instances psychiques qui accompagnent Don dans son évasion et dans sa fuite : ce qu'il appelle l'Inframonde d'une part et qui se manifeste par des voix, et le Léviathan de l'autre, réservoir d'énergie, mélange de colère et de ressentiment, qui ne demande qu'à exploser. Psychanalytiquement (on ne se refait pas), ce sont de jolies illustrations d'un surmoi sadique et des forces pulsionnelles de l'inconscient.
Le récit se déroule sous un rythme régulier, avec des moments de tension et de relâche. Des informations sont données au fil de la lecture sur le fonctionnement de cette société, sur le système Dog, sur le passé de Donatello. le ton du récit est détaché, sans fioriture, presque clinique, impression renforcée par de nombreuses références à l'art cinématographique.
J'ai trouvé amusant le nom des chapitres : 26 chapitres, chacun commençant par une lettre de l'alphabet, déroulant l'abécédaire jusqu'à la fin.
J'ai moins aimé les "coquilles" typographiques de la version que j'ai lue (fautes d'accord par exemple), ou une propension importante à la répétition du sujet des phrases ("le Dog, il…"). J'ai trouvé également que la fin n'était pas à la hauteur du reste du récit, mettant en oeuvre une sorte de Deus ex-machina assez peu crédible par rapport au reste, et offrant au lecteur un dénouement en demi-teinte.

Quoiqu'il en soit, l'avantage d'une dystopie (car Dogs en est une) est de pouvoir pointer du doigt des dysfonctionnements, de mettre en relief les conséquences de possibles choix de société. Dans ce cadre, Dogs peut être lu comme une parabole sur les laissés pour compte de la société, les prisonniers bien sûr, mais aussi les SDF (des chiens sans colliers !), les personnes âgées, les malades. J'y ai vu également des références aux grands crimes contre l'humanité : le tatouage du numéro d'identification des Dogs rappelle celui des prisonniers des camps de concentration, et les appels à la délation sont légion pour retrouver le Dog en fuite. En filigrane, ce livre aborde également la non-prise en charge de la maladie mentale, celle du malade bien sûr, mais aussi la douleur, plus souvent tue, de son entourage. Des sujets graves, évoqués en pointillé, dans un texte fluide et non dénué d'un humour souvent noir.

Il me reste à remercier chaudement Guillaume Cazenave qui m'a proposé de façon très courtoise de lire ce "premier roman" (il a par ailleurs publié des recueils de nouvelles, des livres pour enfant, des albums de musique…). Je lui souhaite bonne chance dans sa recherche d'éditeurs (la maison d'édition qui publiait ce roman a déposé bilan) et attends avec impatience de découvrir la prochaine histoire qu'il aura envie de nous raconter !
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Pour mon plus grand plaisir, Guillaume Cazenave m'a contactée via Babelio pour me proposer de lire son roman, Dogs. Publié en fin d'année dernière, ce titre n'a malheureusement pas eu la mise en place qu'il méritait, son éditeur ayant été mis en liquidation judiciaire. Il n'est donc aujourd'hui disponible qu'en numérique. C'est donc sur mon tout nouvel Ipad que je me suis finalement plongée dans cette histoire...

Le "système Dogs" consiste à faire des prisonniers qui encombrent les prisons des Dogs, plus vulgairement des chiens. Tout y est, le collier, le maître, le chenil... Mais les Dogs s'apparentent bien plus aux esclaves, leur collier étant relié par une chaîne au maître, lui permettant d'électriser son Dog au gré de ses envies, ce dernier devant donc obéir à ses moindres caprices. le Dog n'a ni passé, ni avenir, il vit au jour le jour selon les tâches que lui attribuent ses maîtres. Il ne fait rien pour lui-même, a perdu toute notion d'espoir, d'optimisme, de bonheur. Donatello Minaï est l'un d'eux, survivant tant bien que mal auprès de la famille Des Rolles, dans un monde qui lui semble uniformément gris. Mais lorsque sa maîtresse le force à s'accoupler avec une Dogue femelle, Donatello commence à se poser des questions...

J'ai été très surprise par cet ouvrage et par l'histoire qu'il nous offre (peut-être parce que je suis très peu habituée aux uchronies). Dogs m'a proposé quelque chose de différent de ce que j'ai l'habitude de lire, et je trouve que c'est le genre d'histoire qui fait se poser pas mal de questions sur notre système carcéral actuel, sur les risques que nous avons de tomber un jour dans de tels excès, sur ce qui pourrait rendre cette fiction cruellement réelle. Donatello est attachant, on le découvre petit à petit, pas assez rapidement à mon goût, puisque j'avais très hâte de savoir comment il en était arrivé là. Mais j'admets que le suspense est nécessaire à l'histoire. On a tendance à l'apprécier, sans savoir quels sont ses crimes, ce qui est assez déroutant. J'aurais par contre apprécié un peu plus d'explications sur le "système Dogs" en général, le texte s'attardant plus sur le Dog lui-même, sa condition quotidienne, ce qu'il est et ce qu'il n'est pas (plus). Je me demande par exemple depuis combien de temps le système est en place, à partir de quel degré de crime on passe de la prison au chenil, plein de petits détails comme ça qui m'ont manqués tout au long de l'ouvrage...

Mais ces questions n'ont pas gâché mon plaisir de lecture (c'est quand même le plus important !), et j'ai été très curieuse tout au long de l'histoire d'en connaître l'évolution, de savoir où l'auteur veut nous emmener. L'action commence tout doucement pour s'accélérer jusqu'à la fin, et on ne s'ennuie pas une minute. Même si vous n'êtes pas fan de ce genre de romans, laissez-vous tenter !

Un grand merci à Guillaume Cazenave pour cette découverte de son roman et de son univers, et pour sa confiance.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Pendant que Donatello s’occupe de sa maîtresse, celle-ci lui caresse inconsciemment le haut de la nuque, à l’endroit précis où sont tatoués son nom et ses références. Contrairement à Félicia Des Rolles (née Galantine), le nom de naissance du Dog a des consonances plutôt étrangères ; le tatouage indique « Donatello Minaï » mais personne ici ne cherche – ou n’a cherché – à en découvrir l’origine exacte. Cela n’a d’ailleurs que peu d’importance, le Dog pourrait être le descendant unique de Moïse, de Jules César ou de Jeanne D’Arc que sa situation resterait identique. Ses maîtres – les Des Rolles au complet – l’appellent simplement « Don » ; Monsieur Martin Des Rolles, qui manie l’humour et la culture comme personne au sein de sa famille, s’amuse parfois à le nommer « notre cher Don Giovanni ». Félicia use à l’occasion d’un simple, banal et efficace « Dondon ». Les enfants, eux, font de même, modèle parental oblige.
Mais cela n’affecte pas Donatello. Il s’en détache le plus souvent. Tout comme là, maintenant, dans cette situation, quand il est genoux à terre, et qu’il entretient les pieds de sa maîtresse alors que celle-ci lui caresse docilement la nuque : le Dog essaie de ne pas réfléchir à sa condition, au fait qu’il soit un esclave. Il évite de se polluer l’esprit avec ce genre de pensées dangereuses.
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Donatello comprend que Martin avait certainement raison. Parce que faire des efforts - agir - c'est accepter et comprendre sa place dans le monde. C'est garder encore un peu d'espoir.
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Tout ce que passé et futur impliquent, Donatello doit l'évacuer dans une autre galaxie, au mieux à l'intérieur d'un colossal trou noir. Voilà pourquoi le jeune homme se focalise sur ce présent, voilà pourquoi il limite sa vie à la plus petite fraction de temps possible.
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[...] les hommes travestissent la nuit pour en dissimuler sa nature ténébreuse. Les hommes veulent dominer la nuit et la maîtriser, présume Donatello avant de conclure que "finalement tout cela n'est rien d'autre qu'une bête illusion". Parce qu'au bout du chemin, tout est nuit.
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Le Dog se demande alors si faire l’éducation d’un enfant ce n’est pas la même chose que tenir un chien en laisse ; montrer le droit chemin, retenir près de soi aussi longtemps que besoin puis, une fois à destination, lâcher prise, laisser vivre…
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Teaser du roman Dogs.
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