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Dominique Noguez (Préfacier, etc.)
EAN : 9782844121264
85 pages
Joëlle Losfeld (30/04/2002)
2.38/5   4 notes
Résumé :
« Atteinte directe à la liberté d'expression. Pour un texte littéraire. Julien Cendres a été victime d'une mésaventure policière. Un mouvement de soutien spontané a trouvé écho dans les média. » - Amnesty International « Après avoir adressé le texte À la splendeur abandonné à une revue belge, L'Espoir, Julien Cendres a fait l'objet de poursuites judiciaires... De nombreuses personnalités du monde littéraire se sont élevées contre cette atteinte à la liberté d'expre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le poème de Julien Cendres ne fait que quelques pages et pourtant il fait l'objet de ce livre intitulé "À la splendeur abandonné suivi de la censure, conversation avec Marguerite Duras".
Pourquoi? Parce qu'il a défrayé la chronique à la fin des années 80 ayant été censuré et son auteur brutalement arrêté. À l'époque, 27 journalistes et écrivains ont signé une pétition de soutien à Julien Cendres mis en garde à vue et perquisitionné.
On trouve donc dans ce recueil, outre une préface de Dominique Noguez, des réactions de soutien. Il s'agit de textes courts pour la liberté d'expression et à ce titre ils sont louables. On y trouve également un extrait d'un colloque sur la littérature érotique. Car si le poème de Julien Cendres a été censuré c'est parce qu'il est accusé de pornographie et d'attentat à la morale.
Pourtant, si le poète utilise des mots crus comme sa queue, ses couilles ou son foutre en évoquant des fantasmes, le plus choquant c'est qu'il utilise le mot «enfant». Est-ce de la pédophilie ? Je ne crois pas car ce texte reste un poème même si "A la splendeur abandonné" ne me touche pas du tout.
D'ailleurs, il parait (je ne l'ai pas vérifié) que le scénario du film réalisé par Edward Porembny autour du texte de Julien Cendres, intitulé « Victor Victor » donne une interprétation imagée du texte qui n'a rien d'équivoque.

Ce qui m'a interpellée dans ce livre, c'est la transcription de l'entretien téléphonique avec Marguerite Duras. Julien Cendres souhaitait la remercier pour son soutien et on assiste à une conversation surréaliste. À l'époque elle avait plus de 70 ans et n'était pas en bonne santé. Au téléphone, elle est complètement à l'ouest et ne se souvient pas d'avoir soutenu quiconque. Elle ne comprend même pas qui est à l'appareil. Ça ressemble à de la moquerie ce qui ne me plait pas mais comme elle avait le sens de l'humour, elle aurait pu rire de cette situation si elle avait eu l'occasion de lire ce texte.

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En 1988, une étrange affaire soulevait le monde des lettres, Julien Cendres, un auteur peu connu, s'est retrouvé en garde à vue, traité comme un criminel pour avoir écrit un poème érotique sur un jeune garçon et l'avoir envoyé à une revue belge, L'Espoir. le texte avait été refusé et gardé dans des archives que la police a ouvertes suite à une procédure judiciaire. le regard des enquêteurs est heurté par le texte, ils pensent tenir un dangereux pédophile et retournent à Paris pour perquisitionner son appartement. Consternés, des intellectuels français crient au scandale.

Ce petit livre a l'intérêt de rappeler une affaire étonnante et oubliée, en interrogeant, toujours, sur l'éternelle question de la liberté de l'art. Cependant, le combat enflammé des défenseurs de Julien Cendres apparaît très vite comme assez ridicule. Comme bien souvent, on a essayé de mettre de fausses problématiques sur un événement très mineur. Certes, la réaction des forces de l'ordre est choquante, mais révèle plus le symptôme d'une vaste chasse à la sorcière. Les accusations de pédophilie pleuvent à tout va, mais souvent là où il n'y en a pas.

Ridicule est la réaction des intellectuels qui s'emballent dans l'espoir de vivre une grande épopée littéraire digne des guerres d'opinion du XIXe siècle. le texte de la préface, par trop passionné, compare un écrivain plutôt secondaire, aux plus grands romanciers français. Car oui, si nous l'envoyons en prison, pourquoi ne pas en faire de même avec Lautréamont, Huysmans, Baudelaire, Rimbaud, et tant d'autres encore qui ont osé érotiser un jour de jeunes garçon. N'exagérons rien. Après ce qui n'est finalement que trois pages d'un poème très court à l'intérêt limité, et un fond dérangeant assez évident, nous pouvons lire quelques réactions des plus grands noms de l'époque. Elles ont au moins le mérite de montrer des avis variés. La plupart soutiennent par principe, mais certains osent préciser que le texte ne les a pas vraiment plongé en extase. Suit aussi la retranscription d'un échange avec une Marguerite Duras trop sénile pour avoir quoi que ce soit à dire.

Mais, avec le script d'une pièce de théâtre à la fin, où il s'agit de mettre très grossièrement en scène le poème, lu par un père de famille qui finit par se faire entraîner par la police, nous sombrons dans le ridicule.

Il n'y aura pas de nouveau « J'accuse », rien de plus qu'une tentative désespérée d'une partie de la gauche (sans doute) de créer un moment historique sur du presque rien. Pas sûr que tout cela ait une chance de résister au temps. En revanche, nous pouvons voir à quel point rien n'a changé en plus de vingt ans : nous aimons toujours brasser de l'air sur de faux problèmes.

Dispensable mais toujours amusant, le petit livre garde une certaine valeur documentaire, mais on ne peut que regretter son absence de matière face à ce qui est annoncé comme la presque « affaire du siècle » à travers de nombreuses coupures de journaux en quatrième de couverture. J'espérais en tout cas découvrir quelque chose d'un peu plus subversif. Défendre la liberté d'expression et des arts, oui. Mais, parfois, il est des petites injustices contre lesquelles il ne vaut pas tellement la peine d'insister, au risque d'en faire trop, vraiment trop. Si la raison est que notre société des arts s'ennuient, c'est même assez triste, finalement.
Lien : http://unityeiden.fr.nf/a-la..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les écrivains, plus ou moins explicites et trop souvent soumis à la censure, ont de tout temps écrit le désir. Écrire, c'est tenter de combler le vide que laisse le regard affamé, tenter aussi de vaincre la distance entre fantasme et réalité.
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L'érotique dans la littérature n'est en fait que l'imaginaire du sexuel, présenté avec des degrés de précision et de métaphoricité plus ou moins audacieux.
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« Le 9 mars 1988, Julien Cendres fait l'objet de poursuites judiciaires pour avoir adressé le poème A la splendeur abandonné à la revue L'Espoir. Nous protestons contre cette atteinte à la liberté d'expression. »
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Et vous, pourquoi vous obstinez-vous à faire en sorte que vos textes soient publiés ? Cela vous amuse ?
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