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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Javier Cercas ne m'était pas inconnu, j'avais vu plusieurs fois ses romans exposés dans les librairies dont « Terra Alta », mais je n'étais pas allée plus loin. Alors merci Idil (Bookycooky) pour m'avoir permise de découvrir cet auteur espagnol avec ce court récit de moins de cent pages.

A l'origine, « le mobile » faisait parti d'un recueil de cinq nouvelles écrites dans la jeunesse de l'auteur. Au final, Javier Cercas conservera uniquement celle-ci qu'il publiera en 1987.

*
Le récit commence par la présentation du principal protagoniste de cette histoire, Álvaro. Ses réflexions sur la littérature et l'acte d'écrire nous permettent de découvrir un homme tourmenté, fermé, obsédé.
« Il considérait que la littérature est une maîtresse possessive. Soit il la servait avec un zèle et une dévotion absolus, soit elle l'abandonnait à son sort. »

Puis l'histoire évolue et devient un thriller psychologique dans lequel, entre les dialogues et les monologues intérieurs, on est amené à s'interroger sur les personnes manipulatrices, sur les obsessions de chacun et leurs conséquences.

*
Álvaro, le narrateur de ce récit, conseiller juridique passionné de littérature, projette d'écrire un roman policier ambitieux qui bouleversera l'histoire de la littérature.
Pour cela, il choisit les personnages de son roman parmi les habitants de son immeuble, un retraité discret qui cache ses économies chez lui, dans un coffre-fort fermé à clé, et un jeune couple en proie à des difficultés financières.

« Álvaro se plonge dans son travail. Ses personnages l'accompagnent partout : ils travaillent avec lui, se promènent, dorment, vont aux toilettes, boivent, rêvent, s'assoient devant le poste de télévision, respirent avec lui. Il noircit des centaines de pages d'observations, d'annotations, d'épisodes, de corrections, de descriptions de ses personnages et de leur milieu. »

Impitoyable, insensible, inébranlable, l'écrivain va jouer avec ses voisins, comme un marionnettiste tirant les ficelles, les espionnant, les manipulant, influant sur leur vie, leurs choix et leurs décisions, dans le seul but d'en faire des pantins, de leur faire jouer le rôle qu'il leur a attribué dans sa fiction et amener ainsi le couple à commettre le meurtre du vieil homme.

« Malgré tous les revers du siècle, il fallait continuer à croire au roman. Certains l'avaient déjà compris. Aucun instrument ne pouvait capter avec une telle précision et une telle richesse de nuances la complexité infinie du réel. Quant au certificat de décès du roman, il estimait qu'il s'agissait là d'un dangereux préjugé hégélien ; l'art n'avance ni ne recule : l'art advient. »

L'atmosphère du roman s'épaissit jusqu'à la toute fin, surprenante, originale.

*
La force de ce premier roman, c'est avant tout dans la mise en lumière des mécanismes de création littéraire d'Álvaro dans une vertigineuse mise en abyme. Ce « roman dans le roman » entretient ainsi un jeu de confusion entre la fiction et la réalité dans un format court qui maintient l'immersion totale du lecteur.

Je dois dire que le déroulement de l'intrigue, l'ironie que l'on perçoit également, la tension si bien ajustée, piquent forcément la curiosité. Et, même si je suis restée vigilante, essayant de garder le lien avec le réel, recherchant les moments de bascule, lorsqu'est arrivée la dernière page du récit, j'ai été stupéfiée de m'apercevoir que j'avais été manipulée par l'auteur.
Quel auteur, me direz-vous ? A vous de le découvrir, mais cette dernière page justifie tout l'intérêt du roman.

*
Pour conclure, ce court récit se lit d'une traite pour mieux savoureux la chute. « le mobile » est une sorte d'expérience littéraire dans lequel la fiction et la réalité, dans un jeu de dupe, se fondent jusqu'au meurtre.
Cette première nouvelle, grâce à une habile mise en abîme, laisse présager de très belles lectures à venir. Une découverte originale qui permettra de reprendre son souffle entre deux lectures plus imposantes.
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Voici un court roman de jeunesse qui nous tient en haleine dans la démarche méticuleuse, attractive , attentive et passionnée du narrateur et son entreprise d'écrire une" grande oeuvre."
Son plan est précis et la routine efficace.

Cet homme simple en apparence met en scène Alvaro, employé dans un cabinet juridique dont le rêve exclusif et exigeant est d'écrire un grand roman en y travaillant d'arrache pied, en subordonnant toute sa vie à la littérature.
Il jette son dévolu sur ses voisins les Casares, ne reculant devant aucun stratagème quitte à prendre d'assaut la truculente concierge : commére à souhait, grande, mince, osseuse, servile et obséquieuse assidue à fréquenter ses voisins masculins à des fins légéres .......
En fait , tout au long l'auteur excelle à organiser vertige, dérapage et à faire plier le réel dans son infinie complexité ;
Oú commence la vérité ?
Oú s'arrête le réel ?
La littérature est une maîtresse possessive à servir avec un zèle et une obsession absolus, l'auteur sonde avec talent et lucidité ses méandres..

L'histoire et le récit de sa construction s'entremêlent tout comme le monde réel et celui de l'imaginaire, tout comme les doutes, la manière et les obsessions de l'écrivain.

Il brouille les pistesà souhait, tâtonne.
.
Les frontières entre l'écriture et la vie sont complexes, fragiles, ambiguës, imbriquées, subordonnées;
Et manquer d'inspiration est- il un crime ? Jeu intraitable du hasard et de la fiction?
Le suspense monte, l'histoire distrayante, un peu malsaine ( la manipulation des voisins pour les emmener vers un crime, une mécanique parfaite ) améne un final un peu attendu.....
Un récit fort original et savoureux, surtout une réflexion riche et inédite , importante sur l'écrivain;
Un exercice littéraire irrésistible qui pourrait déboucher sur une belle définition de la Vocation !
Petit roman mais sublime écriture !
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Premier roman de l'auteur et déjà il avait ce don pour la manipulation que l'on retrouva dans L'imposteur. Un écrivain, pour vouloir faire un roman aussi grand que Flaubert, va tenter de manipuler ses voisins pour les emmener vers un crime. Petit livre mais grande écriture.
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Écrire un poème lyrique ou bien épique ? Ou alors une épopée en prose ? Non, ce sera un roman.
Álvaro, homme solitaire et ponctuel, modeste conseiller juridique dans un... modeste cabinet d'affaires, veut soumettre sa vie, ses ambitions, ses intérêts, ses amitiés à la littérature, à l'écriture. Il pense que le genre romanesque est en voie de disparition, condamné à l'inanité. le seul moyen, pour lui, d'enrayer cette mort programmée est de "s'imprégner de tous les apports, et notamment techniques, que le siècle avait offerts et qu'il serait pour le moins idiot de gaspiller. Il fallait revenir au XIXème siècle ; il fallait revenir à Flaubert".
Cette filiation posée, reste à trouver le sujet du roman...

Álvaro réside dans un petit immeuble de quatre étages. Il n'entretient aucun contact avec ses co-résidents et...
Et si... Álvaro vient de comprendre : peu importe le sujet, cela n'a pas grande importance. Finalement, "Tout sujet est bon pour la littérature ; ce qui compte c'est la manière de l'exprimer. le sujet n'est qu'un prétexte".
Militaire à la retraite, Monsieur Montero est un homme âgé, silencieux et réticent. Il vit seul et ne quitte son appartement que pour aller faire ses courses. le vieil homme a une passion : les échecs. de leur côté, Monsieur et Madame Casares, forment un couple uni. Parents de jeunes enfants, ils vivent un bonheur paisible. Ávaro, lui, est leur plus proche voisin. Pour composer son roman, il va vouloir s'inspirer de leur réalité, de leur quotidien. Pour cela, il va utiliser des moyens pour le moins très détournés...

Une écriture dans l'écriture, un roman dans le roman, j'ai beaucoup apprécié ce petit livre de Javier Cercas, le second après "Les soldats de Salamine", le second d'un auteur que j'ai envie de découvrir encore un peu plus. Intrigue resserrée, récit linéaire puis circulaire, "Le mobile" a tous les ingrédients du roman qui, enroulé sur lui-même, se déploie habilement au fil des pages. L'écrivain réel (Javier Cercas) semble se confondre avec l'écrivain fictif (Álvaro). Qui de la réalité ou de la fiction inspire l'autre ?
Un petit roman savoureux.
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Il s'agit d'une longue nouvelle (de 86 pages) qui figurait à l'origine dans le premier recueil de textes publié par l'écrivain espagnol Javier Cercas. C'est le premier texte que je lis de cet auteur et j'ai été séduit d'emblée par son style direct et plein de cocasseries. Alvaro, le narrateur, jeune écrivain, nous fait part de ses interrogations sur l'écriture et les premières pages du récit pourraient figurer dans une anthologie consacrée au métier d'écrivain. La suite du récit nous explique comment Alvaro va réussir à écrire le roman qu'il a prévu d'écrire, dans lequel le personnage principal n'est autre qu'un jeune écrivain qui, pour trouver l'inspiration pour son prochain roman... Une belle mise en abyme racontée avec beaucoup d'humour.
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A la recherche d'éléments concrets pour écrire un roman, l'auteur se décide de s'inspirer de ses voisins. Mais un roman avec un meurtre… Alors, comment les motiver pour y trouver toute cette matière première.

C'est drôle et ridicule, comme une prétentieuse mise en abyme d'un auteur plein de malicieuse autodérision.
Lien : http://noid.ch/le-mobile/
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LE MOBILE de JAVIER CERCAS
Àlvaro occupe un modeste emploi de bureau à mi temps et quand il ne pense pas à Flaubert, il veut écrire un roman sur le couple et ses avatars. Pour cela, il va tout simplement étudier les locataires de son immeuble, et quand les événements ne lui plaisent pas, il va tout faire pour les modifier, il va manipuler les gens. Mais le marionnettiste est il sûr de ne pas se faire lui même manipuler?
Un court roman très finement écrit qui m'a tenu en haleine et qui pose la question toute simple: jusqu'où peut on aller pour faire oeuvre littéraire?
Cercas nous entraîne dans un labyrinthe à l'issue imprévisible et m'a convaincu de le lire dans d'autres romans. ( si quelqu'un le connaît merci de me conseiller des titres)
Découverte pour moi de cet écrivain espagnol, professeur de philologie et collaborateur au journal El Pais.
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Alvaro veut devenir un grand écrivain à la Flaubert.Son idée est de faire un roman sur le thème : l'amour, l'argent, le crime. le plan est précis. Il va s'inspirer de ses voisins pour construire les personnages. Un couple aimant et un vieillard. Il veut faire de ce couple les assassins de ce vieillard en les manipulant y compris la concierge qui va lui fournir toutes les infos dont il aura besoin pour son roman. La réalité et la fiction se mêlent invariablement. Très joli roman, un des premiers de l'auteur. Une belle découverte...
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Alvaro ne travaille que l'après-midi dans un cabinet juridique, ce qui lui laisse plein de temps libre. Lui, le passionné de littérature, veut écrire un roman. Il va penser ses personnages, son intrigue, le mobile,... , mais il va vite se rendre compte que prendre comme modèles des personnes bien réelles pour écrire son livre est beaucoup mieux.
Il va jeter son dévolu sur la concierge pour avoir des informations sur les gens de son immeuble, et ensuite se rapprocher d'eux. Enfin, surtout du couple d'à côté, les Casares, et de M. Montero un vieil homme bourru. Il va se mettre à les espionner, à s'immiscer dans leur vie pour parvenir à ses fins.

Un court roman bien remplit, pas trop long, ni trop court, qui tient en haleine le lecteur dans la démarche de son narrateur dans son entreprise d'écrire son roman et dans sa démarche criminelle. Tout y est !
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Dans ce court roman (96 pages) un homme simple, passionné de littérature, décide de faire réaliser en vrai par ses voisins, la sordide histoire de crime qu'il a inventée, sujet de son futur livre, afin que ses personnages soient les plus réalistes que possible. Dans son intrigue un couple en proie à des difficultés financières décide de tuer, pour le voler, un vieillard habitant le même immeuble. Autant dire que le récit est original et savoureux d'autant plus que la situation va totalement échapper à son auteur.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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