Jardin ancien
Revenir à ce jardin clos,
Qui derrière les arcs du mur,
Parmi magnolias, citronniers,
Garde l’enchantement des eaux.
Entendre encor dans le silence,
Vivant de trilles et de feuilles,
Le tiède murmure de l’air
Où flottent des âmes anciennes,
Voir de nouveau le ciel profond
Dans le lointain, la tour svelte
Fleur de lumière sur les palmes:
Toutes les choses toujours belles.
Sentir de nouveau, comme alors,
L’épine acérée du désir,
Tandis que la jeunesse enfuie
Revient. Songe d’un dieu sans temps.
Rive ancienne
Il a tant plu depuis lors,
Quand les dents n’étaient pas chair, mais jours
Tout petits comme un fleuve ignorant
Appelant ses parents car il sent le sommeil,
Il a tant plu depuis lors,
Que les pas s’oublient déjà dans la tête.
Les uns disent que oui, d’autres disent que non;
Mais oui et non sont deux petites ailes,
Équilibre d’un ciel au cœur d’un autre ciel,
Comme un amour est au-dedans d’un autre,
Comme l’oubli est au cœur de l’oubli.
Si, furieux, le supplice réclame des fêtes
Parmi les nuits les plus viriles,
Nous ne ferons rien d’autre que poignarder la vie,
Sourire aveuglément à la déroute,
Tandis que les années, mortes comme des morts,
Ouvrent leur tombe d’étoiles éteintes.
Comme la peau
Fenêtre orpheline aux cheveux d’habitude,
Cris du vent,
Atroce paysage entre cristal de roche,
Prostituant les miroirs vivants,
Fleurs clamant à grands cris
Leur innocence antérieure aux obésités.
Ces cavernes aux clartés vénéneuses
Saccagent les désirs, les dormeurs ;
Clartés comme langues fendues
Pénétrant les os jusqu’à trouver la chair,
Sans savoir qu’au fond il n’y a pas de fond,
Il n’y a rien, qu’un cri,
Un cri, un autre désir
Sur un piège de pavots cruels.
Dans un monde de barbelés
Où l’oubli vole en dessous du sol,
Dans un monde d’angoisse,
Alcool jaunâtre,
Plumes de fièvre,
Colère dressée vers un ciel de honte,
Un jour de nouveau ressurgira la flèche
Abandonnée par le hasard
Quand une étoile meurt comme l’automne pour oublier
son ombre.
Le vent et l'âme
Avec une telle véhémence le vent
vient de la mer, que ses sons
élémentaires infectent
le silence de la nuit.
Ce n'est que dans votre lit que vous l'entendez
insister pour que les fenêtres se
touchent, pleurent et appellent
comme perdu sans personne.
Mais ce n'est pas lui qui
t'a réveillé , mais une autre force
que ton corps est aujourd'hui une prison, c'était
un vent libre, et souviens-toi.
Souhaiter
À travers le champ tranquille de septembre,
du peuplier jaune sort une feuille,
comme une étoile brisée, se
tournant vers le sol.
Si c'est le cas, l'âme inconsciente,
Seigneur des étoiles et des feuilles,
était, ombre éclairée,
de la vie à la mort.
Avec vous
Ma terre?
Tu es ma terre.
Mon peuple?
Mon peuple, c'est vous.
L'exil et la mort
pour moi sont là où
tu n'es pas.
Et ma vie ?
Dis-moi, ma vie, c'est
quoi, si ce n'est pas toi ?