Je le redirai à chaque tome, pour apprécier la série "Vasco" à sa juste valeur il faut accepter les us et coutumes de la BD franco-belge à l'ancienne ici version
Hergé (et/ou être passionné d'Histoire, franchement ça aide beaucoup), donc pas la peine de râler sur tel ou tel truc qui appartiennent à une autre époque de la bande dessinée où les auteurs n'avaient guère leur mot à dire face aux préjugés d'une autre époque encore plus ancienne à laquelle appartenaient leurs éditeurs… Voilà pour la mise au point !
Ce 6e tome intitulé "Ténèbres sur Venise" et publié en 1987 reste un bon tome mais souffre du même problème que le tome 4 : il met trop longtemps à démarrer ! Vasco mets 17 pages pour arriver à Venise et participer à son game of throne : seules 3 d'entre elles étaient nécessaires, le reste auraient pu être résumé en quelques phylactères. Encore une fois on sent la BD coupé en 2 pour s'étaler sur 2 magazines avec des péripéties qui desservent le récit au lieu de le servir (le brave Tolomeï comme le vil Scalinger disparaissent complètement du récit une fois Vasco arrivé à Venise). On pourrait me rétorquer qu'il fallait bien voler le chariot des banquiers siennois, puis retenir le héros le temps que les méchants fassent avancer leur plan : on a la même chose dans le tome 3 et c'était résumé en 1 page voire 1 case, donc on est un peu dans une partie du jeu "Lemmings"…
Gilles Chaillet transforme le doge optimates Marino Faliero critiqué de tous côté et exécuté pour vouloir d'entendre avec Gênes en doge populares Marin Falier critiqué de tous les côtés et exécuté pour vouloir s'opposer à Gênes… Pourquoi ? En 1987 au coeur des années fric, en régularisant à outrance le monde connaît sa 3e crise économique majeur en moins de 15 ans (après 30 d'économie régulée sans aucune crise), la précarité et la pauvreté accompagne le chômage de masse qui ne cesse d'augmenter et les apprentis sorciers du TINA reagano-thathéro-macronien en ont rien à secouer : à mon avis ça doit jouer dans les choix effectués par
Gilles Chaillet. Bref le Doge recourt à l'argent siennois pour acheter l'alliance turque contre Gênes : il fait le choix du conflit indirect plutôt que du conflit direct. Mais il doit faire face à la société secrète des cavalerie della pace, des faucons déguisés en colombes qui regroupent ennemis intérieurs et ennemis extérieurs de Venise, un véritable panier de crabe où chacun entend étendre ses pouvoirs et ses richesses au détriment des autres (agents génois, seigneurs lombards, aristocrates vénitiens conservateurs et cerise sur le gâteau le Roi de Hongrie). Leur but est de déstabiliser le règne du doge en assassinant tous ses soutiens, pour les remplacer par les leurs qui auront tout le loisir de fabriquer dans son dos les preuves qui l'accuseront de fomenter un coup d'État, et Vasco qui arrive trop trad pour l'aider et qui se faisant duper par sa Milady de Winter et son Comte de Rochefort hâte sa perte… On suit alors la cavale du doge et de Vasco à travers tout Venise évidemment dessinée de main de maître par
Gilles Chaillet, mais si le jeune siennois brûle de le sauver, le vieux vénitien écoeuré par tous ces trahisons à la con pour 30 deniers d'argent jette l'éponge… Et oui on n'est pas chez Disney où les gentils gagent et son récompensés et les méchants où les méchants perdent et sont châtiés : fin tragique pour tous les populares, les optimates font la fête sans savoir que le Roi de Hongrie leur a taillé des croupières sans même avoir à tirer son épée, et les homines crevarices se lolent sur les de qu'il reste des dépouillent de leurs victimes en bon psychopathe qu'ils sont toujours été et qu'il seront toujours (si l'humanité veut survivre, il faudra les neutraliser)…
Vasco dans tout cela ? Sa naïveté a aussi ses bons côté puisque Sophie et Lorenzo jouent de leurs appuis pour lui sauver la vie...
PS : le fait que sur Babelio Sachenka soit le seul en plus d'être canadien à avoir chroniqué cette série historique à tous les sens du terme de la BD franco-belge est à la limite du scandale !