AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,86

sur 617 notes
Belle histoire que le témoignage recueilli par le narrateur au sujet des aventures de Tescelin Beuzaboc, "résistant" lors de la seconde guerre mondiale.
Le narrateur est biographe et réalise ce recueil à la demande de Lupuline, la fille de Beuzaboc. Il s'adresse au lecteur à la 1ère personne.
J'ai beaucoup aimé la façon dont le biographe introduit le doute dans les récits du père et le parallèle qu'il fait avec son propre père, plus réel celui-là.
J'ai déjà remarqué que la vraie souffrance des résistants se racontait rarement. Ils sont assez muets à ce sujet, envers leurs proches en tous les cas.
Les ambiances de l'entretien entre les 2 hommes sont bien ressenties et visualisées grâce à la description des scènes.
Et cette pauvre Lupuline qui n'ose pas affronter la vérité et qui s'est construite en partie sur la base des héros du récit.
Je me suis aussi retrouvée dans les récits que me livrait mon père mais lui, il y mettait tellement de fantaisie qu'on savait distinguer le vrai du faux .
Très réaliste et finement observé, ce roman de Sorj Chalandon
Commenter  J’apprécie          120
Quand le narrateur, ancien journaliste et maintenant biographe sur demande, accepte d'écrire les souvenirs du résistant Tescelin Beuzaboc, il ne sait pas à qui il a affaire sinon qu'à quelqu'un qu'il a croisé lors de funérailles, notamment celles de son père, et à qui il n'a jamais adressé la parole.

Or, l'homme, qui fêtera bientôt ses 84 ans, a bien voulu se plier au jeu. Sa fille Lupuline y tient tant, elle qui, soir après soir, pendant des mois, a écouté avec passion les aventures de son père, d'une tombe fleurie à un soldat allemand tiré en passant par une explosion qui lui a laissé une jambe sérieusement amochée. Elle qui, depuis des années, l'accompagne aux funérailles.

Or, si le père du narrateur était un résistant, un de ceux dont on trouve la trace dans les livres, dans les musées et dans des articles de journaux de l'époque, il n'en est pas de même pour Beuzaboc, lequel semble s'être inventé une vie pour obtenir l'admiration de sa fille.

Or jusqu'où faut-il aller au nom de la vérité? Peut-on, à 84 ans, avouer qu'on a menti?

C'est ce que raconte La légende de nos pères de Sorj Chalandon. Mais aussi ce que le narrateur n'a jamais pris le temps de faire, à savoir écouter son propre père et prendre en note son témoignage. Pour lui-même. Peut-être
aussi pour la postérité. En lisant ce que Lupuline avait écrit dans un cahier alors qu'enfant elle se nourrissait des aventures de son père, en faisant parler le vieil homme, c'est lui-même qu'il retrouve, cet homme qui, après la disparition de son père, a cherché des traces de celui qui s'était tu depuis longtemps.

En écrivant l'histoire d'un autre père, c'est au sien qu'il rend hommage.

Roman habilement construit, où mensonge et vérité ne cessent de s'affronter dans un combat dont l'issue pourra surprendre, La légende de nos pères tient le lecteur en haleine du début à la fin tout en soulevant la question entourant les raisons qui poussent à l'admiration. L'héroïsme ou la vérité? À chacun de répondre.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
Commenter  J’apprécie          120
Il y a longtemps que ça ne m'était arrivé : lire un livre d'une traite. J'ai ouvert La légende de nos pères et n'ai plus pu le lâcher avant le dernier mot. L'histoire contée par Chalandon, l'évocation des grandeurs et renoncements sous l'Occupation, l'accouchement douloureux et fascinant d'une biographie, la concision et la force de l'écriture, tout cela m'a transporté.
Si je n'ai pas accordé la dernière demi-étoile, c'est simplement que je n'ai pas retrouvé le formidable coup de poing qu'avaient été la lecture du Quatrième mur, du Jour d'avant ou de Mon traitre. Mais il est vrai que le sujet choisi aborde davantage l'intime.
Commenter  J’apprécie          111
« A l'enterrement de mon père, il y avait neuf personnes et trois drapeaux » (incipit). Il ne l'a pas questionné de son vivant, il savait peu de choses. Parce que ces hommes de l'ombre ne sont pas causant. Il ne lui reste plus qu'à construire la légende de son père.
Comment ? En entrant en biographie. le narrateur devient biographe familial. Les familles voulant laisser un témoignage, une postérité, une trace venait lui raconter leur vie ou un épisode, et lui mettait en forme, embellissait le texte, le rendait plus agréable à lire. Mais ce sont leurs mots, comme ceux qu'il aurait voulu entendre de la bouche de son père.
Un beau jour, il reçoit un courrier de Lupuline Beuzaboc. Elle souhaiterait qu'il rédige l'histoire de son père, résistant taiseux. Mais Beuzaboc a du mal. Il hésite. Il ne veut pas se confier, avant de se lancer. A la lumière de son propre passé paternel, Frémeaux note, s'interroge, questionne, recherche, comme s'il cherchait son père au travers de cet homme encore vivant. Comment construire une légende paternelle pour sa fille ? La conscience finit par prendre le dessus.
Encore un thème complètement différent de mes précédentes lectures de cet auteur, mais toujours une écriture qui va droit au but, qui touche. Toutes les émotions passent dans ses mots. La tristesse, le doute, l'amour. Les mots touchent car il met en scène des personnes qui pourraient être nous, nos pères, nos proches, son père, sa vie. C'est de la fiction, mais le ressenti est celui du vécu. Encore une fois j'ai été touchée par le personnage de Beuzaboc et par l'obstination de Frémeaux qui, sur ce travail particulier, ne s'est pas contenté des mots du conteur. Il fallait savoir ce qui se cachait derrière.
Commenter  J’apprécie          110
Encore un très bon roman de cet auteur.
Le narrateur vient de perdre son père dont il n'était pas très proche, à tel point qu'il réalise à sa mort qu'il ne connaissait pas grand chose de son passé de résistant. Il exerce le métier de biographe : il rédige et met en forme la vie de ses clients. Un jour, une femme appelée Lupuline lui demande d'écrire la vie de son père, un vieil homme de 84 ans, résistant également.
Le narrateur va alors rencontrer plusieurs fois le vieil homme et prendre en note les épisodes les plus marquants de son passé. Peu à peu va se créer un lien entre les deux hommes. Au fil des entretiens, le narrateur va se mettre à douter de la véracité du récit du vieil homme.
Un roman très touchant qui aborde les sujets de la transmission, de la mémoire, de l'héroïsme, de l'image que l'on veut laisser aux autres.
De très belles pages sur des thèmes universels.
Commenter  J’apprécie          100
Mon troisième Sorj Chalandon, après Mon traitre et Retour à Killybegs lus respectivement en 2013 et 2014. (ma première claque littéraire pour l'année 2016). L'auteur confirme ici son génie... une écriture fluide et limpide où les mots reflètent à merveille les émotions humaines, un récit riche d'enseignements tant par la complexité des personnages que par le contexte dans lequel ils évoluent... Je manque sans doute d'objectivité et mon sens critique s'en trouve peut être altéré, mais rarement un auteur ne m'a procuré autant de plaisir et n'a suscité chez moi autant d'admiration...
Commenter  J’apprécie          101
Ex-journaliste à Libération, Sorj Chalandon aborde de manière inédite les questions de la résistance, de l'engagement personnel et de l'intégrité. Une oeuvre plutôt étonnante par son sujet et sa façon de le traiter qui n'est pas une nouvelle histoire de combat et d'insurrection mais une réflexion plus poussée sur la vérité, l'héritage et l'intégrité d'un homme.
Un thème singulier, porté par une écriture franche et claire. Une oeuvre en miroir, entre héroïsme ordinaire et petites lâchetés quotidiennes, qui interroge sur notre place dans la résistance et sur le courage dont il faut parfois faire preuve dans la vie.
Le lecteur devient alors le témoin conscient des hésitations de l'auteur. Même s'il aurait pu être davantage plongé au coeur de ces problématiques, le livre reste, pour le lecteur, une belle découverte. Une oeuvre qui brasse des thèmes aussi forts qu'universels, à découvrir !
Lien : http://leblogdeyuko.wordpres..
Commenter  J’apprécie          100
Le sujet était intéressant, mais le traitement assez " minimaliste". Pour un résultat assez pauvre. ( comme ma critique d'ailleurs).
Commenter  J’apprécie          100
Ah ces pères qui se font mousser face aux jeunes yeux éblouis!
Lupuline, comme un petit Marcel Pagnol face au fameux doublet de bartavelles, rêvait de la Gloire de son père. Un livre pourquoi pas?
Ce père,Tescelin Ghesquièree alias Bauzaboc,à l'orée de la mort,ce grand résistant,elle le connait par coeur, elle connait le bruit des bottes, de ces salauds d' allemands, qu'il lui mimait le soir, elle connait "sa fable sur la bravoure" tissée d'anecdotes charentaises sous l'occupation,le voyage à vélo, le cimetière d'Annequin,les sabotages,les représailles,les aviateurs anglais,la blessure à la jambe gauche, l'ouvrier Fives,le lycéen Trompette...
Trompette?
Le narrateur, Marcel Frémaux, estime "avoir failli à son devoir de fils".Biographe, chargé en 2003 par Lupuline, la chirurgienne aux chaussures rouges,vingt ans après l'avoir croisée à l'enterrement de son propre père,Pierre Frémaux dit Brumaire, résistant aussi, arrêté,déporté, mais très peu loquace,d'écrire "La guerre de nos pères",il ne respire plus à l'évocation de ce nom car il se revoit petit,"marchant à grand bruit le pouce entre les lèvres.
La rencontre avec Bauzaboc, les confidences recueillies et ses propres doutes sur la véracité de ses propos va lui ouvrir certaines portes qui vont bouleverser et enclencher sa vie vers un jour nouveau.
Le thème du héros démythifié (présent chez Sorj Chalandon dans le traitre et Retour à Killybegs d'un autre ordre ici) prend toute sa valeur dans les yeux des enfants trahis. Connaissons nous bien nos proches ou uniquement à travers l'image qu'ils nous donnent à voir? Peut-on tout écrire? Peut-on tout pardonner?
La légende de nos pères:un livre fort à l'écriture sensible,qui parle de confiance et d'émotions qui montent en crescendo entre tendresse, colère et espoir dans un coeur à la fois léger et lourd.Qu'il est donc dur de faire un deuil!
Commenter  J’apprécie          100
J'ai retrouvé avec plaisir le style de Sorj Chalandon dans ce court roman: j'ai toujours l'impression d'être juste à coté du narrateur lorsqu'il nous raconte son histoire, comme une petite souris qui se serait glissée dans son esprit.

La résistance et surtout l'héritage de cette période pour ceux qui ne l'ont pas connue (la fameuse légende du titre) sont au coeur de l'histoire. Je trouve que la pudeur de ceux qui ont risqués leur vie pendant cette période est très bien représentée avec le père du narrateur. Avec en contre poids le personnage de Beuzaboc, dont le narrateur doit écrire la biographie, on comprends mieux la France de la Seconde guerre mondiale. C'est finalement seulement avec le recul de l'histoire que l'ont peut échapper à la légende pour toucher la réalité.
Commenter  J’apprécie          90





Lecteurs (1125) Voir plus



Quiz Voir plus

Sorj Chalandon

Combien de romans a écrit Sorj Chalandon jusqu'à présent (mars 2014) ?

2
4
6
8

11 questions
103 lecteurs ont répondu
Thème : Sorj ChalandonCréer un quiz sur ce livre

{* *}