Un grand merci à Babelio Masse Critique et aux éditions Flammarion pour
Vladimir Vladimirovitch, roman de la rentrée littéraire 2015, aux nombreuses critiques élogieuses qui m'ont amenée à participer à cette opération.
Bernard Chambaz nous livre la vie de Vladimir Vladimorovitch, plus exactement de deux Vladimir V. Une histoire, un double regard sur deux destins. Voici l'histoire du double, de l'homonyme du puissant
Vladimir Vladimirovitch Poutine. Un deuxième Vladimir V. qui mène une existence simple et banale et qui décide de raconter la vie du despote politique suite à la défaite de l'équipe de hockey russe aux Jeux Olympiques de Sotchi. Il le voit fragile et empli de tristesse, désemparé pendant la retransmission télévisuelle du match. Quelle est la vie de cet homme ? Cette question le taraude au point de commencer à noter sur un carnet les détails de la vie de ce personnage politique. du jeune Poutine à l'homme médiatique, Vladimir V. nous retrace sa vie : sa jeunesse, son ascension au sein des services secrets, du KGB au monde politique, sa perpétuelle mise en scène médiatique (lorsqu'il remonte des amphores, lorsqu'il participe à un combat de judo, il ne cesse de jouer avec les caméras).
Mais à côté de ce Poutine, dur et froid, il y a le Poutine qui s'effondre devant la défaite. Derrière ce masque, il y a un Poutine qui éprouve des sentiments, qui a une vie de famille. Malgré ses yeux en amande qui vous transpercent et vous glacent le sang, y-a-t-il un homme fragile ? Peut-il souffrir lui aussi ?
A travers des faits objectifs à la fois négatifs et positifs, son double nous décrit la vie de Vladimir Poutine avec une certaine volonté de véracité. J'ai apprécié le fait qu'il y ait des références à l'histoire de la Russie. Il y a toute une ambiance russe tout au long du roman qui est très plaisante. On sent le souffle de la grande Russie, sa force historique et sa beauté.
Les deux destins se mélangent, le lecteur est balloté de l'un à l'autre, tant que parfois j'ai eu l'impression que les deux personnages fusionnaient, ne faisait plus qu'un.
L'écriture de
Bernard Chambaz porte ce roman. Sa construction avec cette succession de chapitres relativement courts rend la lecture fluide et met en lumière des événements importants et symboliques dans la vie des Vladimir V. Par delà la forme de son écrit, l'auteur dénonce également le détournement du pouvoir politique, la puissance et la manipulation des médias et la souffrance infligée par ce despote.
Ce roman prend son sens au vu des événements politiques de ces derniers années : l'Ukraine, la position diplomatique russe en Syrie, la Tchétchénie…
J'ai regardé cette semaine l'émission « Entrée Libre » sur France 5 et, justement,
Bernard Chambaz était interviewé sur son nouveau roman et, plus particulièrement, sur cette envie d'écrire sur un personnage de Vladimir Poutine. En parallèle, le reportage intitulé « Les puissants, héros de romans » faisait un rapprochement entre plusieurs romans relatant la vie de personnages autoritaires, de dictateurs sous une forme romancée : le nouveau
Yasmina Khadra «
La dernière nuit du Raïs » (biographie romancée de Kadhafi) et le livre de
Josette Elayi relatant la vie de Saddam Hussein dans «
L'ombre de Saddam ». Alors, oui, pourquoi ce besoin d'écrire, de romancer la vie de ces despotes ?
A la lecture de Vladimir V., je me suis posée cette question à maintes reprises. Il me semble qu'il y a une volonté d'entrer dans la tête de personnages despotes et puissants afin de comprendre les mécanismes psychologiques qui régissent leur logique interne, une logique qui leur est propre.
Bernard Chambaz dit très justement en évoquant son ouvrage « se mettre à la place d'autrui en en éprouvant les souffrances » pour entrer dans les pensées les plus profondes et sombres de son personnage.
En résumé, c'est un bon roman, mais j'avoue que dans certains chapitres, il m'est arrivée de décrocher et de ne plus savoir qui était qui, mais peut-être était-ce justement l'effet escompté. Néanmoins, je recommande vivement ce roman pour l'originalité de cette biographie romancée.