Je ne résiste pas au plaisir de citer le très bel hommage rendu à
Jorge Semprun le 11 juin 2011. Ces textes sont tirés des fleurs du mal de
Charles Baudelaire – le voyage – et lus par
Cécilia Landman et
Michel Piccoli.
Et pouvons-nous ajouter ces quelques vers du même voyage :
Amer savoir, celui qu'on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd'hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image
Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui !
Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;
Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit
Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste,
Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,
[…]
Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
Avec le coeur joyeux d'un jeune passager.
Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres,
Qui chantent : « Par ici ! vous qui voulez manger
Le Lotus parfumé ! c'est ici qu'on vendange
Les fruits miraculeux dont votre coeur a faim ;
Venez vous enivrer de la douceur étrange
De cette après-midi qui n'a jamais de fin ? »
À l'accent familier nous devinons le spectre ;
Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
« Pour rafraîchir ton coeur nage vers ton Electre ! »
Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.
Le voyage //VII //
Charles Baudelaire //
Les Fleurs du mal