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EAN : 9782251446714
256 pages
Les Belles Lettres (14/04/2017)
4.33/5   3 notes
Résumé :
(Quatrième de couverture, extraits).
La Mésopotamie antique fait l'objet de passionnantes découvertes depuis le XIX°s. Berceau de notre civilisation, elle a vu naître l'écriture vers la fin du IV° millénaire av. J.C. Les centaines de milliers de textes qui nous sont parvenus de ces époques lointaines, nous font connaître un monde enchanté où tout, à divers degrés, est sacré. Chaque activité humaine implique l'intervention d'un dieu.
Dans ce contexte, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le Collège de France s'est associé aux éditions des Belles-Lettres (qui publient des textes classiques antiques grecs et latins, mais aussi chinois, en version bilingue) pour inaugurer cette nouvelle collection, "Docet Omnia", où paraissent en volume les cours de Dominique Charpin. Il consacre sa réflexion et son enquête aux fonctions économiques, sociales et culturelles des temples sumériens et babyloniens, qui n'étaient pas seulement des lieux de culte, mais des ateliers, des écoles, des tribunaux, etc... Dans un monde où les dieux sont partout, où sacré et profane ne sont pas encore nettement séparés comme plus tard en Grèce et à Rome, surtout chrétiennes, toute activité humaine, quelle qu'elle soit, affecte le monde divin et est inspirée par lui. L'enquête savante, mais toujours agréable à lire et très vivante, de Dominique Charpin, nous fait entrevoir un tout autre monde, un monde sans "religion" particulière, puisque tout est sacré. La langue et le style de l'auteur, de même que sa méthode, rendent ce livre accessible à tout amateur, même ignorant de l'histoire antique de la Mésopotamie. Un peu de curiosité suffit pour jouir de ce bon livre. Il faut saluer au passage la politique éditoriale des Belles-Lettres, vénérable maison d'édition qui ne cesse de se renouveler et d'atteindre de nouveaux publics, sans jamais abandonner son exigence scientifique et son souci de qualité. La beauté sobre de ce mince volume est là pour en témoigner.
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C'est en synthétisant les connaissances sur la fonction de certains temples qu'est déduite leur fonction générique. le temple est la maison du dieu, qui protège la ville avec sa "maisonnée" (un groupe de dieux mineurs qui gravitent autour de lui).

Le temple de Gula à Isin mène ainsi à la conclusion qu'il s'agissait d'un centre de cure, de soin ; Šamaš, dieu du soleil, mais aussi de la justice, aurait été le créancier ultime (la banque centrale, quoi), mais l'absence de temples de Šamaš dans toutes les villes et la découverte de tablettes indiquant des prêts au nom d'autres dieux mène à penser, par généralisation, que tout dieu principal de la ville où l'on se trouve est en mesure de prêter de l'argent ; lieu d'exercice de la justice, le temple peut aussi faire office de prison. Kittum est une divinité secondaire des poids et mesures. Dans son temple, on pèse l'argent et on le scelle dans de petits sacs pour en garantir la valeur. Ainsi, l'argent "libre", qui doit être à chaque transaction pesé, accède à une valeur officielle. Les temples de la déesse Nisiba, puis du dieu Nabu, sont dédiés à l'écriture : on y apprend être scribe et l'on y conserve les tablettes dans des archives ou des bibliothèques - mais ce stockage pourrait avoir été généralisé dans d'autres temples. Enfin, les temple d'Ištar, déesse de l'amour et de la guerre, auraient été des "lieux de plaisir".

Il ressort que les temples auraient été des endroits ouverts où l'on se rend pour les activités de la vie quotidienne. La séparation du profane et du sacré n'ayant pas cours en Mésopotamie ; toute activité étant en lien avec la religion, puisque la réalité est fournie par les dieux qui l'organisent et la font exister.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Nos catégories "sacré" et "profane" sont à l'évidence inadéquates face aux réalités mésopotamiennes mises en évidence dans ce livre. Les dieux mésopotamiens n'étaient pas conçus comme "patronnant" différentes activités, c'était plus que cela : Gula ne peut être décrite comme la patronne des médecins, elle guérissait parce qu'elle était LE médecin par excellence. Cette façon de comprendre nous est plus facile lorsque le nom de la divinité renvoie à une notion abstraite, comme Kittum, "le Droit", peut-être plus justement, "la Norme"; elle nous est moins évidente dans le cas du dieu Nanna/Sîn lorsqu'il s'incarne en taureau. Mais c'est la seule manière de comprendre qu'Ishtar, déesse de l'amour physique, était plus que la protectrice des prostitué(e)s, elle était LA prostituée. Les Mésopotamiens concevaient leur civilisation comme donnée par les dieux : les notions de création et d'invention leur étaient donc foncièrement étrangères. L'artisan ne créait pas une statue, c'était le dieu Enki/Ea qui la façonnait par ses mains. De la même manière, le médecin ne guérissait pas le malade, c'était la déesse Gula qui agissait par son intermédiaire. Les vaches étaient engrossées par le dieu Nanna en tant que taureau, leur lait était ensuite recueilli et traité dans les laiteries du temple. Enfin, ce n'était pas la femme qui procurait du plaisir à son bien-aimé - mais la déesse Ishtar elle-même. Comme l'a très bien souligné N. Veldhuis, nous avons affaire à une civilisation dans laquelle la religion n'avait pas encore émergé comme une constituante autonome : toute activité humaine y était donc par nature religieuse. C'est de cette façon que les temples doivent être vus : non pas comme remplissant des fonctions "profanes", mais au contraire comme signifiant la dimension éminemment sacrée de toute activité humaine. La "mythologie" ne fait que rendre explicite cette dimension.

Conclusion générale, pp.201-202.
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On sait que des devins interrogeaient les dieux sur la façon dont il fallait les représenter, allant jusqu'à leur demander le nombre de paires de cornes devant orner leur tête. De la même manière, les instruments de musique étaient divinisés : on considérait leur rôle comme plus important que celui de l'exécutant. L'auteur, ou l'interprète, ou encore l'artiste devait (sic) constamment s'effacer, car la création était ressentie comme quelque chose qui dépassait l'individu.

p. 176
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On a vu que Nabu avait pris dans le courant du deuxième millénaire le relais de Nisaba et de Haya comme divinité tutélaire des scribes. Il n'était pas seulement le scribe des dieux, mais également le scribe de la "tablette des destinées". A ce titre, c'est dans une annexe de son temple (à Assur ou à Kalhu) que l'on écrivait et scellait les documents d'Etat.

p. 132
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Nous avons vu au précédent chapitre de quelle façon les temps de la déesse Gula, dont la santé était la spécialité au sein du panthéon mésopotamien, fonctionnaient comme centres de cure : les plaies des patients y étaient léchés par des chiens élevés dans des chenils, on les pansait avec des onguents préparés dans l'herboristerie, les gens à bout de force venaient s'y reposer.
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L'association du chien avec un être surnaturel guérisseur n'est pas limitée aux civilisations de la Mésopotamie ou du monde classique ; elle s'est prolongée au-delà de l'Antiquité, notamment dans la monde chrétien avec saint Roch, protecteur contre la peste, toujours représenté accompagné d'un chien (d'où le nom de roquet !).
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Videos de Dominique Charpin (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dominique Charpin
Dominique Charpin, professeur du Collège de France sur la chaire Civilisation mésopotamienne, introduit son cours de l'année 2023-2024 : Droit et vie juridique dans la Haute-Mésopotamie du XVIIIe siècle av. J.-C.
Découvrez la suite du cours : https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/cours/droit-et-vie-juridique-dans-la-haute-mesopotamie-du-xviiie-siecle-av/introduction
Abonnez-vous à la chaîne @Histoire-Archeologie-CdF et retrouvez la playlist de ses enseignements : https://www.youtube.com/watch?v=dlJOPaKCUeM&list=PL5b90dlv07HSclEZF2P6Ek9bgBugyEvaI&pp=gAQBiAQB
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