Un roman tout en noirceur, qui plonge le lecteur dans un enfer sur terre, symbolisé ici par une guerre sans nom qui ne revêt à terme que peu d'importances : l'idée étant que les deux protagonistes vivent déjà un tel enfer dans leur quotidien et s'imposent un chemin de pénitence (que n'auraient renié les mythes anciens), même pas tant en recherche d'absolution que dans le but d'identifier leur mal que de jeter une lumière révélatrice sur ce qu'ils sont.
Écorchés vifs de par leur histoire, leur vécu, Ferwin & Ann sont conçus dans un moule similaire, des personnes ayant du suivre et créer un chemin propre et différent du fait d'expérience de vies difficiles ou traumatiques, et qui à un moment donné ont l'intelligence de percevoir leur différence mais craignent de savoir à quel point ils baignent dans la part obscure de l'humanité ...
Proche dans sa construction et son propos de la trilogie du mal,
Prédateurs va plus loin en un sens en nous confrontant à un contexte tout entier construit autour des peurs et des instincts primitifs de l'homme et des protagonistes en souffrances et qui ne savent pas s'ils n'ont pas déjà passé la frontière du non retour : tout est sombre, à vif dans ce livre qui est un purgatoire dans son ensemble, avec pour scène la plus révélatrice la confrontation entre Ann et le tueur qui lui permet d'enfin se faire une idée de sa nature propre ...
Ecrit de main de maître, dans une construction très cinématographique, ce thriller pur sang (sans rire) s'inscrit davantage dans une réflexion sur la nature humaine et sa part sombre poussée à l'extrême que dans une légitime recherche d'un coupable : comme de fait, les révélations finales en seraient presque décevantes, les héros en premier sont presque déçu de voir se matérialiser tout l'aspect grotesque du coupable, tout entier qu'ils étaient dévoués à se projeter dans cet enquête dans les abysses !
Sombre à souhait, une lecture qui perturbera certains, mais tend à nous rappeler à quel point l'humanité peut être son propre prédateur.