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Jean-Pierre Chauveau (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070324378
512 pages
Gallimard (04/05/1987)
4.33/5   6 notes
Résumé :
Soixante-dix poètes sont réunis dans cette anthologie pour témoigner que la poésie du XVIIe siècle, qu'elle ait été religieuse, burlesque, morale ou galante, précieuse ou populaire, compose - n'en déplaise à Boileau - un paysage riche et varié.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce gros recueil donne un aperçu sur l'oeuvre de 70 poètes du XVIIème siècle. Certains d'entre eux sont restés célèbres, mais beaucoup d'autres sont complètement méconnus. Qui a entendu parler de la Céppède ou d'Abraham de Vermeil, par exemple ? Dans sa longue préface, Jean-Pierre Chauveau essaie de combattre le préjugé bien ancré selon lequel, après l'éblouissante floraison poétique du XVIème siècle, la production du siècle suivant a été pauvre et décevante. J'ai fait un sérieux échantillonnage du livre et, de fait, j'y ai trouvé quelques poésies agréables ou étonnantes. Mais force est de constater qu'une majorité d'oeuvres m'a laissé assez froid.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
(p. 333) Le chemin du Marais au faubourg Saint-Germain

Parbleu bon ! je vais par les rues.
Mais je n’y vais pas de mon chef,
Ni de mes pieds, qui par méchef
Sont parties très malotrues:
Je marche sur pieds empruntés.
Ceux dont mes membres sont portés
Sont à deux puissants porte-chaises
Que je loue presque un écu.
Ah ! que les maroufles sont aises,
Au prix de moi qui suis toujours dessus le cul !

Non que s’asseoir sur le derrière
Soit laide situation;
Car parmi toute nation
On s’assied en cette manière;
Aussi ne dis-je que s’asseoir
Soit une chose laide à voir;
Mais de dire qu’elle soit bonne,
C’est ce que je ne dirai point,
Avec la douleur que me donne
Mon derrière pointu qui n’a plus d’embonpoint.

Revenez, mes fesses perdues,
Revenez me donner un cul.
En vous perdant, j’ai tout perdu.
Hélas, qu’êtes-vous devenues ?
Appui de mes membres perclus,
Cul que j’eus et que je n’ai plus,
Étant une pièce si rare,
Que l’on devrait vous tenir cher !
Eh ! que la coutume est barbare
De porter vêtements afin de vous cacher ! (…)

(Paul Scarron)
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(p. 381) à Monsieur de Molière

Maudit soit le premier dont la verve insensée
Dans les bornes d’un vers renferma sa pensée.
Et, donnant à ses mots une étroite prison.
Voulut avec la rime enchaîner la raison !
Sans ce métier fatal au repos de ma vie,
Mes jours, pleins de loisir, couleraient sans envie
Je n’aurais qu’à chanter, rire, boire d’autant,
Et, comme un gras chanoine, à mon aise et content,
Passer tranquillement, sans souci, sans affaire,
La nuit à bien dormir, et le jour à rien faire.
Mon cœur, exempt de soins, libre de passion,
Sait donner une borne à son ambition ;
Et, fuyant des grandeurs la présence importune.
Je ne vais point au Louvre adorer la fortune
Et je serais heureux si, pour me consumer,
Un destin envieux ne m’avait fait rimer.
Mais depuis le moment que cette frénésie
De ses noires vapeurs troubla ma fantaisie,
Et qu’un démon jaloux de mon contentement
M’inspira le dessein d’écrire poliment.
Tous les jours malgré moi, cloué sur un ouvrage,
Retouchant un endroit, effaçant une page,
Enfin passant ma vie en ce triste métier.

(Boileau)
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L'Oiseau dont l'Arabie a fait si grande fête,
Est de ce grand Héros le symbole assuré.
Le Phenix est tout seul. Le Christ est figuré
Seul libre entre les morts par son Royal Prophète.

Le Phénix courageux se porte à sa défaite
Sur du bois parfumé : l'Amour démesuré
Fait que Christ a la mort sur ce bois enduré,
Qui parfume le Ciel d'une odeur très parfaite.

De sa moelle après le Phénix renaissant
Enlève tout son bois, et l'emporte puissant
Sur un Autel voisin des arènes brûlées.

Par sa Divinité le Christ ressuscitant,
Sur l'azuré lambris des voûtes étoilées
Elèvera son bois de rayons éclatant.

La Ceppède
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(p. 70)

Puissant sorcier d’Amour transformé en abeille,
Je vous conjure fleurs de ces bords verdoyants,
Et vous flots argentins doucement ondoyants,
De laisser reposer la belle qui sommeille.

Je veux roder trois fois autour de son oreille,
Et me percher trois fois sur ses crins roussoyants,
Je veux baiser trois fois ses beaux yeux foudroyants
Et sucer tout le miel de sa bouche vermeille.

Mais elle est éveillée, et ses beaux doigts de lis
Me donnent jà la Mort pour les baisers cueillis,
Pressant mon corps froissé contre ses lèvres closes.

Ô heureux enchanteur, puisque tes jours de fiel
Finissent doucement par une mort de miel,
Couché dans un tombeau et de lis et de roses.

(Abraham de Vermeil)
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(p. 170) LA NUIT

O Nuit tant de fois désirée,
O Nuit de moi tant espérée,
Cause de ma félicité,
O Nuit à mes yeux favorable,
Fais que, dans l’horreur effroyable
De l’ombre et de l’obscurité,
Je puisse adorer, cette nuit,
L’astre qui me brûle et me luit.

Epands sur la terre tes voiles,
Et cache du ciel les étoiles,
Qui semblent allumer le jour:
Je n’ai besoin d’autre lumière
Pour ma visite coutumière
Que celle de mon amour;
Car route autre clarté me nuit
Que celle de l’œil qui me luit.

Oubli de nos peines passées,
Charmes de nos tristes pensées,
Repos des esprits langoureux,
Qu’attends-tu pour sortir de l’onde ?
Ne vois-tu pas que tout le monde
Est plein de pauvres amoureux,
Ennemis du jour et du bruit,
Qui ne désirent que la nuit ? (…)

(le comte de Cramail)
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