Les Editions du Félin « L'histoire et sociétés » ont eu l'ingénieuse idée de publier « En lutte contre les dictatures »de
Roselyne Chenu. Cet essai remarquable empreint des entretiens avec Nicolas Stener est un outil capital. La préface d'
Alfred Grosser, explicite encense l'inauguration du Congrès pour la liberté de la culture en 1950. le seuil d'entrée étant « le manifeste aux hommes libres ».
Roselyne Chenu prend la direction de ce congrès de 1964 à 1974. Ce dernier, essentiel, valeureux, est force nécessaire. Son premier pas rassemble 118 intellectuels. Pluriels les destins de ces hommes et femmes sont néanmoins issus d'oppressions. Résistants dès la première heure, au nazisme, fascisme. Ils sont aussi parfois des anciens détenus de camps de concentration etc… Ce congrès pilier fondateur, était matière à rassembler l'épars. Promouvoir les actions non pas clandestines mais faire en sorte que la culture s'écarte des griffes de la censure. Des non-dits ont circulé affirmant que la CIA était la maîtresse de jeu de ce congrès. Ce à quoi
Roselyne Chenu a répondu en citant
Paul Valéry : « le mélange du vrai et du faux est énormément plus toxique que le faux-pur. » Plusieurs comités recentraient ce congrès. le plus important étant celui de l'anti franquisme. L'enjeu était de taille : Encourager la pensée libre, (ne pas confondre avec les libres penseurs) et la communication extérieure. le summum de ce congrès était de loin la résistance littéraire. Commander des livres, les envoyer, non pas sous le manteau, mais par des moyens plus subtils, telle était la gageure.
Roselyne Chenu dans ce congrès était secrétaire internationale, collaboratrice de Pierre Emmanuel. Elle a été cette grande et belle personne. Combattante, brillante, son temps n'avait d'égal dans ce congrès que force et vigueur. Rencontrer dans cet essai ces intellectuels qui voulaient briser les murs des silences et autodafés transforme le lecteur en passeur de devoir et de conviction. Des intellectuels tels que Camus et Josselson ont échangé cette phrase culte : « Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude. »Cet essai incontournable est un chant de gloire. Il semble le Phénix qui renaît de ses cendres ainsi qu'une arme culturelle. Un hymne à la culture, un plaidoyer de survivance. Ne pas oublier que les intellectuels seront toujours les veilleurs. Les écrivains des êtres épris de liberté. Il faut croire en ce congrès et se dire que chaque jour il peut renaître contre vents et marées. La phrase finale de
Victor Hugo lors de son discours de 1862 à Bruxelles « La pensée est plus qu'un droit, c'est le souffle même de l'homme. Qui entrave la pensée attente à l'homme même. »Le lecteur attentif retiendra de cet essai l'envergure soudée des intellectuels pour une culture libre, humaniste et juste. Il est honoré par cette lecture, assis face à
Roselyne Chenu dans une écoute altruiste. Il en ressort grandit. La contemporanéité de cet ouvrage est urgence. Il se passe tant d'évènements dans le monde !!! Lire cet essai est un acte noble, de haute morale et citoyen. A lire sans faute !! Merci du fond du coeur à Babelio et l'opération Masse-critique pour l'envoi de ce grand livre messager.