Le dernier crâne de M. de Sade

L'ultime roman posthume de Jacques Chessex imagine les derniers jours du Marquis de Sade, enfermé à Charenton, et les tribulations de son crâne de 1814 à novembre 2009 (l'auteur est ironiquement décédé en octobre de cette année-là). Un texte qui se veut cru et subversif, mais qui s'avère sans grand intérêt stylistique, un peu pervers, un peu fantasque et un peu ennuyeux. Triste fin pour l'un des grands auteurs romands.

outre les descriptions fortes et crues des pratiques sexuelles et de la déchéance du marquis, on sent que l'auteur a pour lui une certaine admiration. Je me demande même dans quelle mesure Jacques Chessex n'a pas pris un malin plaisir (sadique ?) à ses descrptions scabreuses. Il a un détachement par rapport aux pratiques de son héros, mais est lui aussi attiré par l'aura de ce personnage, comme tous ceux qui l'entourent d'ailleurs.
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1814, Charanton.
Malgré un corps complétement délabré, le divin marquis n'a rien perdu de sa vigueur: visites de sa maitresse Constance, examens cliniques des médecins, jeux masochistes avec la petite Leclerc, urologie, scatologie, blasphèmes...

Malgré (ou à cause) de sa vigueur, le marquis meurt finalement. Son corps est enterré, puis déterré.
Son crâne passe de mains en mains, pour finir en Suisse où il cause encore des horreurs.

Il est assez plaisant de lire un récit plein de grossièretés et d'abjections.
Mais on oublie bien vite ce qu'on a lu.

Les derniers mois de la vie de Sade, prisonnier choyé d'un asile de fou. Sentant la mort s'approcher, il veut encore jouir de la vie et, aidé par une jeune demoiselle, experimente sur elle et sur lui ses dernières tortures. Mais le voilà qui se met à rayonner... enterrées dans un coin du jardin, les chairs du marquis fondent et laissent place à un crâne lumineux.
Chessex imagine alors le parcours de ce crâne aux pouvoirs magiques.
Conte historique puis philosophique, ce 'dernier crâne' est vite lu. le style est fulgurant, brutal, tranché. Un chat est appelé un chat et tant pis si le lecteur doit renvoyer son petit déjeuner devant la crudité de certaines scènes!
A lire en ayant une bonne connaissance de la fin du marquis peut être un plus: il est souvent fait allusion au Journal que tenait Sade, sorte de résumé de ces amusements avec une jeune lavandière...

"Le dernier crâne de M. de Sade" est un roman surprenant parce qu'il a été écrit juste avant la mort de Jacques Chessex, comme un hommage au bouillonnant et lubrique marquis. Il ressemble a un livre testament qui lui sert de prétexte pour parler de sa propre mort. D'ailleurs, il fait dire au crâne de Sade « HODIE MIHI, CRAS TIBI » "Aujourd'hui moi, demain toi" qu'il traduit par "Aujourd'hui à moi de mourir, mais demain à toi". Ce qui est formidable c'est que ça n'est pas morbide, le roman est même drôle.
J'ai pourtant lu d'excellents livres ces dernier temps et je pensais que ça ne pouvais pas durer mais il est bien dans la lignée ; j'espère que ça ne va pas s'arrêter.

Tout le talent intrigant de Jacques Chessex dans cette réflexion sur la mort et "les vanités", à travers les derniers jours sulfureux du divin marquis et les pérégrinations de son crâne à l'apparence parfaite et aux pouvoirs maléfiques. La passionnante et émouvante introduction de Pierre Leroy, inédite, spéciale à l'édition poche, apporte beaucoup à la genèse du récit, en évoquant aussi les circonstances de la mort édifiante de l'auteur.