Le monde de
Chessex, sulfureux, religion plus que sexe (et c'est peut-être pour ça que je n'arrive pas à retrouver le génie de
L'ardent royaume), la culpabilité, un amour qui devrait sauver, qui sauve, qui détruit, Dieu cruel, calviniste à vomir, l'amour pur, la chute, la mort. En y songeant, j'y vois le plus mauvais livre de
Chessex, un transport toujours retenu, un narrateur antipathique, quelque chose d'à côté, le diable protestant qui pourchassait mes ancêtres catholiques. Certes, la bassesse des peuples soumis, un canton de Vaud déconstruit, ça sonne juste, mais j'en appelle à la joie, à la sève ruisselante des arbres printaniers, aux dorures qui se pompent aux Fêtes-Dieux grandiloquentes, aux Saints-Nicolas clinquants, aux rococcesques enluminures des angelots qui se fifrent aux plafonds
De Saint-Pierre et de Saint-Michel, j'en appelle en définitive à ce qui manque à ce roman, j'en appelle à la tentation que
Chessex cache trop, j'en appelle à une littérature romande qui soit enfin fribourgeoise.