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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"(...) La mécanique du récit est tranchante, parfaite, sobre, sans fioritures. Dans cet agencement, chaque personnage est un continent. le seul qui semble incapable d'évolution et conserve sa stature monolithique est le doc, le père du père. Ce roman court, parfait, sec et mélancolique, qui ressemble à une improvisation manouche, fait comme Karl quand il boit : “…plus il raconte et plus ça devient vrai, comme le sont parfois les rêves.” Et finalement, vrai ou pas, comme il est posé dès le départ, on s'en fout. On est invité dans une variation, pour un éblouissant tour de piste dans différentes temporalités, dans la mosaïque brillante des souvenirs possibles, la sensorialité intense des tricotages de l'esprit. (...) quand on l'a lu, on a envie de le relire encore et encore, comme on revient à une anamorphose, ou à certains tableaux. Parce que la langue de Séverine est lumineuse, claire, à la limite de la brutalité parfois, servie par une économie du récit toute en équilibres délicats, dépouillée, limpide. Un univers."
Les papiers de Lonnie in DM
Lien : https://doublemarge.com/clou..
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Clouer l'ouest, c'est l'histoire d'un retour, celui de Karl. Vingt ans après avoir quitté le village du plateau de Millevaches où vivent les siens avec la ferme intention de n'y pas revenir, la vie, les dettes, le forcent à rentrer au moins provisoirement. Mais en retrouvant cette famille qui s'est depuis deux décennies construite – ou a fini de se déconstruire – sans lui, Doc, le père honni, brutal, autoritaire, Odile, la mère aimée qui ne sort désormais plus du monde cotonneux dans lequel la plongent les médicaments, Pierre le frère souffre-douleur fou de nature qui vit à l'écart du monde, Karl vient bousculer l'équilibre précaire sur lequel à continuer à se bâtir en son absence la communauté villageoise qu'il retrouve.
Clouer l'ouest se construit sur des allers-retours entre l'enfance de Karl et le présent, entre les vieux rêves, les rêves brisés et ceux, bien moins ambitieux – au moins d'apparence – auxquels il aspire maintenant :
« le Doc fera un chèque, il en a largement les moyens, et ce sera plié. Il lui dira bonne chance et il pourra repartir, régler ce qu'il doit à l'autre. Il ira à Marseille et trouvera un boulot. Il habitera non loin de Sabine et Thierry et Angèle. La mer le narguera encore, mais ce sera sans importance, alors. Plus aucune importance pour la vie nouvelle. Il achètera des rideaux pour les fenêtres du petit appartement qu'il louera pour pas trop cher. Voilà à quoi il pense : aux rideaux colorés qu'il achètera pour les fenêtres du petit appartement au fond d'une impasse tranquille. S'il croit aux rideaux qu'il accrochera, tout est encore possible. Il n'a pas besoin d'avoir peur. »
Il ressort du roman de Séverine Chevalier une violence latente, la conviction du drame qui se joue ou qui, commencé il y a bien longtemps, finit de se jouer. Il en ressort aussi l'atmosphère froide et désolée des lieux et du coeur des femmes et des hommes qui prennent chair sous la plume de l'auteure. Car – et il faut vraiment lire Clouer l'ouest pour bien comprendre ce que les mots du chroniqueur peineront à dire – Séverine Chevalier a ce talent qui consiste a faire entrer dans des phrases dont chacune est finement ciselée a l'aide de peu de mots et avec des mots simples, tout ce qu'il y a à dire des lieux, des personnages, des sentiments.
Clouer l'ouest est un livre magnifique pour ce qu'il dit et pour ce qu'il est. Lecture émouvante et plaisir esthétique de la phrase et des mots justes que vient par ailleurs appuyer une maquette tout aussi belle et simple.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Une magnifique trouvaille, voilà comment je pourrais qualifier le dernier roman de Séverine Chevalier intitulé Clouer l’Ouest que l’on peut considérer comme un des grands romans noirs de l’année 2014. En principe lorsque je découvre un livre par le biais d’un blog, je me garde d’en faire une chronique car j’estime que la trouvaille appartient à l’animateur du site. Mais pour Clouer l’Ouest c’est une autre histoire. Il y a tout d’abord l’envie de faire découvrir au plus grand nombre un ouvrage magnifique qui, de par le fait d’une superbe mais petite maison d’édition, peinera probablement à sortir du lot. Aussi modeste que soit la démarche, cette chronique permettra peut-être de favoriser sa diffusion. Il faut lire Clouer L’Ouest et il faut s’imprégner de l’écriture de Séverine Chevalier. Et puis il y a le plaisir de parler de quelque chose de beau qui touche au sublime.

Après des années d’errance, Karl le joueur compulsif et désargenté retourne au sein de cette famille honnie qu’il n’a plus revue depuis plus de 20 ans. Doc, le père haï, L’Indien, frère ami et ennemi tout à la fois, Odile, mère perturbée et emmitouflée dans un nuage de médicament, ce sont ces personnages parmi d’autres que Karl va retrouver sur le froid plateau de Millevaches au cœur d’une forêt enneigée où rode la Bête Noire toute aussi hostile et craintive que les hommes. Un animal solitaire que les chasseurs ne parviennent pas à abattre. Cet animal blessé, reflet des hommes qui le traquent sera-t-il enfin abattu ?

On le voit, au niveau de l’intrigue il n’y a rien d’original avec l’éternel conflit entre père et fils et tous ces ressentiments cachés qui minent les relations des membres d’une même famille. Mais si l’on sait déjà que tout cela va mal se terminer, l’enjeu du roman consiste à savoir comme cela va se dérouler. Et il faut l’avouer, Séverine Chevalier installe dans une construction narrative extrêmement bien élaborée un suspense qui nous tient en haleine tout au long d'un magnifique récit. Les personnages également sont finalement assez stéréotypés mais l’auteur parvient à développer une interaction entre tous ces protagonistes qui dépassent les clichés habituels et c’est par petites touches que l’on pénètre dans l’intimité de ces hommes et de ces femmes rongés par la désillusion, les regrets, l’orgueil et la folie.

Mais c’est bien évidemment au niveau du style que la magie de Clouer l’Ouest finit par emporter le lecteur dans un torrent de phrases toutes plus belles les unes que les autres. Et quand les phrases ne suffisent plus, il reste quelques mots qui résonnent encore après avoir achevé ce roman beaucoup trop court. Alors on prend le temps de relire quelques chapitres, de s’imprégner une fois encore de cette atmosphère où la mélancolie heurte le désespoir. Un bel équilibre de descriptions, d’introspections et de quelques dialogues fait de ce roman un véritable bijou de justesse et de perfection.

Il faut bien que les choses se soient passées d'une certaine façon.

Longtemps je ne me préoccupais pas de la scène blanche. Elle me hantait en sourdine et je faisais taire ses murmures, ou les laissais cogner, légers aux parois d'une minuscule boîte enfouie au plus profond de moi. Le bourdonnements de l'extérieur remplissaient leur office de fossoyeurs efficaces, diligents. Je ne savais pas qu'alors, les cadavres refusaient de se décomposer.

Clouer l'Ouest

Severine Chevalier

Séverine Chevalier c’est une écriture hors du commun qui se mérite tout comme celle des grands auteurs dont elle fait désormais partie.
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Écrire un roman, c'est organiser la rencontre entre la vie que l'on observe, réelle ou inventée, et les mots que l'on maîtrise. Écrire avec talent, c'est effacer cette rencontre : les mots deviennent la vie, la vie est dans les mots ; plus rien ne les sépare. Et plus rien ne nous sépare de cette vie, réelle ou inventée ; ni le support du livre, ni le travail de la personne qui l'a écrit.
Séverine Chevalier a du talent. Pour écrire et pour s'effacer derrière ce qu'elle écrit. Elle maîtrise les mots, c'est indubitable, leur pouvoir d'évocation, leurs doubles sens, leur rythmique ; mais elle sait en user avec une sobriété désarmante. Elle ne fait pas de l'esbrouffe : elle fait de la littérature.
Dès le début de son histoire, elle nous happe puis disparait, elle tisse ses phrases pour nous prendre dans sa toile, puis se replie dans un coin de cet ouvrage, comme pour nous regarder nous débattre. Elle nous place ainsi en position de témoins directs de ce petit monde sombre de la campagne limousine. Nous y sommes, les pieds dans la neige, le regard dans la brume, nos pas dans la forêt, nos corps sur de vieux sièges ou sur des lits étroits, dans des pièces sombres ; nos coudes sur le comptoir du rade du village, nos yeux dans les yeux de ses protagonistes.
Pour construire ces figures, multiples et si diverses, il en faut aussi, du talent. Et il est là. Il est dans la justesse des portraits psychologiques, dépeints par touches légères et en évitant toujours les écueils de l'excès. Pour les personnages les plus pitoyables, pas besoin de misérabilisme ; pour les plus attendrissants, pas besoin de guimauve ; pour ceux qui vivent hors du cadre, enfermés dans leur cerveaux fracturés ou leur solitude forcée, rien de plus que quelques fragments de leurs journées ou de leurs nuits, de leurs pensées ou de leurs paroles ; et pour façonner un salaud, pas besoin de lâcher les chiens : là encore, quelques parcelles de vie suffisent.
L'intrigue est de la même eau : tout s'assemble parfaitement, mais surtout progressivement, avec la lenteur ouatée de la neige qui envahit les lieux, avec la délicatesse impitoyable de la nuit qui enserre peu à peu les maisons et les bois, les hommes et les animaux, avec le rythme mesuré de ces gens simples et taiseux, ancrés dans leurs habitudes, dans leur isolement, dans leurs souvenirs, leurs douleurs, leurs rancoeurs, leurs haines et leurs fidélités.
Restée cachée tout au long du récit, pour nous laisser en compagnie de ses mots qui instillent peu à peu un mélange de venin et d'espoir, l'autrice se tenait aussi en embuscade. Et quand elle fait surgir un dénouement saisissant, nous restons sans défense.
Alors, vous l'aurez compris : il faut lire ce livre ; mais pas n'importe comment.
L'intrigue si finement agencée vous poussera à faire défiler les pages ; mais la beauté du texte, la ligne claire avec laquelle les lieux et les gens prennent vie sous nos yeux, toute cette poésie vous donnera envie de vous attarder. Alors suivez plutôt cette seconde voie, prenez votre temps pour vous laisser pénétrer par les décors, l'ambiance, les liens entre personnages, les relations entre les hommes et la terre, la forêt, ses occupants.
En optant pour la lenteur, vous verrez aussi que les questions, les non-dits, les aveux, les faibles éclairs d'espérance s'ancreront plus puissamment en vous ; et le suspense n'en paraîtra alors que plus délectable.
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« Il faut bien que les choses se soient passées, d'une certain façon » Leitmotiv que je retrouve au fil des pages de ce livre. Et c'est ainsi que les choses se sont passées.
Presque envie de parodier la chanson de Brel « Ces gens-là » pour parler de cette famille.
D'abord, il y a l'aine, Karl, parti pour l'Océan, qui revient après vingt ans d'absence, avec pour tout viatique une dette de jeu et une fille muette
Et puis, il y a Pierre, surnommé l'Indien, frère puîné de Karl et, par là-même son souffre-douleur. Petite chose quasi obèse dans son enfance, devenu taiseux, vivant dans sa cabane, chassant à l'arc (d'où son surnom).
Et puis, il y a le père, le Doc comme on l'appelle au village. Docteur, il l'est. Méchant, aussi. Mais bon, ce n'est pas seulement de sa faute. Son propre père a tout fait pour. Cet homme n'a jamais connu l'amour, alors, comment voulez-vous qu'il en donne à ses propres garçons.
La mère, quant à elle, s'est perdue dans le sentier chimique des médicaments que lui fourgent son doc de mari pour oublier le départ de Karl, « pour flouter un peu le réel ».
Et puis, il y a la vieille, la mère, celle qui est à l'hospice, perdue par la grâce d'un alzeimeur et Joël le frère du Doc avec son chien Tak. Ah, j'allais oublié Henri Des Courts, père du Doc, sa belle gueule de salaud dans son cadre en bois

Et puis, il y a Angèle, la petite, la muette qui regarde et écoute, qui a compris que l'amour, la tendresse, la sécurité elle les trouve chez Pierre et non chez Karl
Et la nature omniprésente, la forêt enneigée où vivent les animaux sauvages que le Doc aime tuer comme des trophées avec son équipe de chasse. Pierre aussi les chasse, mais lui, préempte, les pistent avec son arc et sa patience. le père et le fils pistent un vieux sanglier, un solitaire que chacun voudrait ajouter à son tableau de chasse.
Karl, au café, retrouve son ancienne amoureuse, Mariline, qui vit avec Serge, son vieux copain, revenu cassé de l'Afghanistan.
La narratrice est la fille de Karl « J'ai cinq ans et je suis seule, dans la forêt. J'ai froid aux pieds. Je tiens à la mais un arc en plastique rouge rafistolé avec du scotch. Il y a du blanc et des arbres noirs, puis, deux détonations, au loin. Deux en une. C'est tout ».
Il y a beaucoup d'images lorsque je lis ce livre.
La blancheur de la neige dans la forêt, les arbres noirs, les sapins, le silence.
Le Doc qui le jour de Noël, alors que les garçons étaient petits, tirent deux coups de fusil en l'air pour tuer le Père Noël « Comme ça il viendra plus nous faire chier, le Père Noël… le Doc se rassoit et leur sourit »
Angèle qui, lors des obsèques de la grand-mère, quitte la main de son père pour prendre celle de son oncle.
Karl a genoux, quasi à plat ventre devant son père pour lui soutirer l'argent et régler sa dette de jeu et le père assis dans son fauteuil imperturbable, dédaigneux sous le portrait de son propre père.
La mère qui refuse ce nouveau Karl et qui enlève toutes les photos de SON Karl qu'elle pose sur la neige, tout comme elle le fera plus tard avec ses habits.
Le sanglier, le solitaire qui déambule entre les pages du livre traqué
Karl à la recherche d'un viatique qui va même tenter de voler les bijoux de la grand-mère agonisante.

Il y a le décalage entre la violence, la brusquerie qui sourd des personnages et la dentelle de l'écriture de Séverine Chevalier qui raconte tout ceci. Pourtant, les mots sont durs, bruts qui diffusent une atmosphère de malaise, comme un brouillard épais qui vous tombe sur les épaules. Rien n'est net et tout est soupesé à l'aune de la haine familiale. Pourtant, les mots se font légers comme la neige qui tombe et se dépose en un épais tapis. La noirceur est contrebalancée par la blancheur de la neige, Angèle, si angélique, qui traverse l‘histoire.
Une histoire qui ne se laisse pas oublier facilement, le sortilège marche encore même plusieurs semaines après avoir fermé le livre. « Il faut bien que les choses se soient passées, d'une certain façon »


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Vingt ans que Karl a fuis. Vingt ans que le plateau des Millevaches est le souvenir d'un passé douloureux. Un passé dans lequel il a fait du mal au frère, abandonné la mère, haï le père.

Mais c'est une nouvelle fuite qui va obliger Karl à revenir parmi les siens, dans des vies où plus personne ne l'attend. Chacun s'est accommodé de ses douleurs en dressant des cloisons opaques, floutées au fatalisme.
En arrivant avec ses besoins urgents et sa puce de cinq ans, mutique, dans ce paysage noir enneigé, hanté par une bête blessée qui rôde, Karl va raviver les secrets du passé qu'hommes et femmes se trainent dans une routine malsaine.


Je ne sais pas comment Séverine Chevalier fait pour écrire comme ça. C'est à la fois incisif et poétique, énigmatique et cinématographique. On a une impression de non-dits permanents, et pourtant, avec ses phrases parfois courtes, non verbales, ses italiques, ses pages de mots posés là, ses métaphores subtiles…

Séverine Chevalier m'a complètement embarquée dans son histoire. J'ai suivi Karl dans son passé et dans son présent, j'ai aimé le lien qui se crée entre cette petite fille mutique et ce frère taiseux, qui se comprennent dans leur silence. J'ai aimé cette noirceur sans facilité, ce drame sur fond de ruralité et d'humanité. J'ai aimé ce roman, tout simplement.

Lien : https://carpentersracontent...
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Plateau des Millevaches. L'indien vénère sa forêt, son père chasse, Odile son épouse a des petites boites, son frère Joël pleure sa femme, Serge le Sergent est suicidaire, son épouse Mariline nettoie le bar, la petite Angèle est avec papa Karl qui rentre au pays. Leur destin est tout tracé.

La suite sur : http://bobpolarexpress.over-blog.com/2016/01/il-fallait-bien.html
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Karl est de retour. Après 20 ans et accompagné par sa fille, il revient sur ses terres, le plateau de Millevaches. C'est dans ce cadre enneigé que le fragile équilibre de la ferme familiale vacille suite à son retour. C'est toute une petite communauté reculée qui voit le retour de cet homme d'un oeil méfiant. Les non-dits ressurgissent tout comme les souvenirs. Karl est taciturne et les raisons de son retour restent floues. Ce qui est certain c'est que les tensions (re)naissent et que le roman noir peut se déployer à partir de là, sous la très belle plume de Séverine Chevalier. Une écriture toujours au plus près des sensations de ses personnages. Parfois des phrases courtes. Parfois un mot. Rien n'est laissé au hasard dans ce roman, du rythme à l'atmosphère. Un sacré bouquin dans lequel on retrouve toute la singularité de l'autrice.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Un style remarquable qui ne laisse aucun mot au hasard. Admirable.
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« Clouer l'ouest » - Séverine Chevalier.
Éditions La manufacture de livres – collection Territori

Encore un livre de chez Pierre Fourniaud, avec Cyril Herry aux manettes.
Bon.
Si t'as lu le texte de Monsieur Bukowski, tu vas comprendre.
Écrire avec ses tripes, c'est difficile. C'est difficile, mais quand tu y arrives, c'est juste magique.
Parce que le lecteur, tu l'éparpilles pas (comme disait Raoul).
Quand tu l'as accroché, il te suit jusqu'au bout de l'histoire où tu l'emmènes.

L'histoire, c'est celle d'un retour. Pas celui de l'enfant prodigue. Sûr que non. le retour du fils qui est parti, il y a longtemps. Il a tout brûlé. Sa vie d'abord, et d'autres choses encore, mais comme d'hab, je te dis pas.

Vingt ans.

C'est long, vingt ans. T'as le droit d'espérer que les choses ont changé. Que le plateau de Millevaches, même s'il a le rôle principal du film, tu vas faire qu'y passer pour récupérer deux ou trois choses.
Et puis tes souvenirs aussi.

Mais Karl, il a plus rien.
Sa fille, Angèle, mais elle parle pas. Il l'a laissée quand il est parti. Mais il l'aime. Il l'aime grand comme ça.

Karl, il veut juste accrocher des rideaux à ses fenêtres.
Le vieux, Doc, c'est pas un père facile. Une espèce de Pater Noster médecin qui chasse et qui tue. Une brute. Celui sans doute par qui tout est arrivé. Celui par qui tout peut arriver.

Puis, y a l'indien. le frère. Un taiseux.
« Il n'a jamais autant parlé, il pense, peut-être parce qu'il a l'impression qu'elle entend parfaitement ce qu'il tente d'exprimer avec des mots. Il a l'intuition qu'elle comprend aussi entre les mots, et derrière, et dessous, alors il les pose soigneusement, comme des balises, pour explorer et partager un territoire. »

Des allers vers le présent, des retours vers le passé.
Des rêves. Juste des rêves.

Tu comprends au fil de ta lecture que ce qui existe aujourd'hui, le drame que tu vois approcher, il s'est mis en place il y a longtemps.

Tu comprends que Séverine Chevalier c'est une nana qui écrit parce qu'elle a pas le choix. Quand t'as des choses comme ça à l'intérieur de toi, faut les laisser sortir. Des mots simples qui disent les maux. D'une simplicité tellement désarmante que tu comprends aussi que ce qui dit Bukowski, ça concerne très peu d'écrivains.
Elle en fait partie. Elle fait partie de ces auteurs qui laissent s'envoler la prose vers la poésie.
J'y connais que dalle en poésie, mais là, j'ai pas eu le choix.
Tu vas le commencer, et tu vas pas pouvoir le lâcher.

T'es prévenu.
Une dernière chose, pour finir de te laisser sur ta faim :
« Mon frère et moi avons posé nos mains sur les leurs, et il y a eu ces quatre mains blotties comme de petits animaux sur la table, dans le silence. Et l'ombre d'autres mains, peut-être, sous le figuier.
Aujourd'hui, je me demande si ce sont vraiment les mots, qui sont importants. »

Tu vois ce que je veux dire ?

Lien : http://www.leslivresdelie.com
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