La famille Cockburn a beaucoup de sang sur les mains… Personne ne fera jamais d’enquête, n’écrira jamais tout cela, trop dangereux ! Nous sommes en 2010 mais l’Australie occidentale c’est encore le far-west. Les comptes se règlent dans le bush ou dans l’outback, à mains nues ou à coups de fusil. Alors on apprend un décès accidentel par hasard, ou une disparition mystérieuse sur une plage éloignée. Je pourrais vous montrer des articles de journaux. Les médias en font état mais ne vont jamais plus loin… La loi et l’ordre, tu parles, ça c’est la façade ! Dans l’arrière-pays, du côté des filons juteux, là où l’on trouve tous les minéraux dont le monde entier a besoin pour sa survie, le cuivre, le nickel, le fer, même l’or, du côté de ces mines, tous les coups sont permis.
Comme le Mardi gras était passé, c’étaient les soldes. Les soutiens-gorge en lamé, les minijupes pour gros culs, les perruques extravagantes, les boas roses et les sequins pailletés se vendaient pour presque rien. Il est bien connu que ces garçons ont du goût et qu’il n’est pas question de remettre l’année prochaine des fringues à la mode cette année. Cet horrible sentiment de « déjà vu », expression qu’ils emploient en français dans le texte avec un accent très grave sur le à et un vu velouté comme un baiser mouillé, ne saurait être de leur fait.
Quand c’est sorti dans la presse, la famille Cockburn a fait jouer ses relations et son pouvoir. Ils ont des intérêts dans les médias, des ramifications partout et ils sont liés à tous les tycoons de Western Australia, tous ceux qui contrôlent l’information. Alors j’ai beau avoir des soutiens nombreux, des universitaires, des hommes politiques, même l’évêque de Geraldton qui est aussi un ami, une chape de plomb est retombée sur mes demandes. Plus aucun journal, aucune télé n’en parle jamais.
Côté filles, en revanche, zéro. Certaines étaient très belles, longues jambes et seins parfaits, elles avançaient aux bras de conductrices de travaux en sueur. Il essaya de leur lancer à son tour quelques regards appuyés mais c’était comme s’il était complètement transparent. Échec et mat. Il aurait rêvé que l’une ou l’autre se précipite vers lui et l’embrasse violemment. Ou même qu’elles lui mettent la main au paquet. Ce qui finit par arriver.
S’enfuir c’est une chose mais aller down under, de l’autre côté du monde, c’en est une autre. D’autant qu’il ne savait pas par quel bout prendre l’affaire. Il avait besoin d’en apprendre plus sur l’avocat, pas seulement ce qu’on racontait dans le journal ou même sur Google. Là, il avait trouvé quelques détails d’une carrière de défenseur du droit, tout-terrain, tous pays, tous continents. Un peu trop rectiligne.
Un aller retour dans le noir 2018 - 10 ans - par Hervé Claude