Mon cœur ,petit animal encagé,se cogne à ses barreaux de chair.La cave tente de me charmer avec son sortilège de moisissure et de salpêtre,de buée sourde,sirène des profondeurs au baiser de nuit qui m’oppresse et m'enlace .
J'aime le brouillard car il me permet toujours d'entrer au plus profond de moi-même.En marchant au-dehors,dans une nature qui ne me livre que ses marges immédiates,quoique déjà dévorées par l'abrasion d'une gomme invisible,le monde devient une simple projection de l'âme,une hypothèse pénétrante et un peu froide .Je suis seul.Intiment seul,et je me replie sur cette pensée comme le fait un escargot dans sa coquille.
Avant que mon aimée n’ouvre les yeux, avant même qu’elle ne me voie, qu’elle ne me sourie, ce que je veux étreindre en respirant sa peau et sa chevelure, c’est notre présence commune qui fait de ce réveil le recommencement de notre amour, l’aube ressuscitée d’une durable harmonie
Sans doute au ciel s'enivre-t-on de ces vapeurs, mais sur terre, nous, qui ne sommes plus des anges et pas encore des démons, devenons grâce à elles des faunes hébétés zigzaguant à vélo, riant pour rien, heureux, ivres de cette brise d'alcool et ivres de la vie.
Draps frais
... et qui font de moi,sous les toits, dans les premiers pas du sommeil, dans ce lit tendu de ses draps nouveaux que mes grands-mères et grand-tantes ont paré jadis de fleurs, de courbes et d'arabesques avec leurs patientes aiguilles, un voyageur céleste et rassuré, un être vulnérable qui se sait pour un temps entouré et heureux. p.84
Creuser c'est apprendre à mourir.
La forme d'une ville change plus vite, hélas,que le coeur d'un mortel.