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Alain van Crugten (Traducteur)
EAN : 9782020579261
864 pages
Seuil (14/02/2003)
3.63/5   107 notes
Résumé :
Paru en 1983 (Het verdriet van België). Louis Seynaeve, élève dans un pensionnat de religieuses, puis dans un collège de jésuites, est un enfant précoce qui cache ses blessures intimes sous une carapace d'indifférence. Avec une lucidité inquiétante, il regarde les adultes se débattre autour de lui: en ces temps troublés (1939-1947), la ville de Walle, à deux pas de la frontière française, est le théâtre d'un écartèlement. Les Flamands sont pris en tenaille entre leu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Le chagrin des Belges, c'est une histoire sur l'Occupation allemande, encore, une énième. Seulement, celle-là, je l'ai trouvée originale. de mémoire, je n'avais rien lu de semblable. D'abord, pas de combats ou très peu, l'intrigue se déroulant loin du front, dont les personnages n'obtenaient des nouvelles qu'à travers les médias. Et les rumeurs. de toutes façon, elle ne constitue pas le moteur de l'intrigue, mais plutôt un élément inévitable pour aborder un moment crucial de la Belgique. Parce que, évidemment, avec un titre pareil, ça ne peut se passer que dans le Plat Pays. Ça aussi, c'était nouveau, mais j'y reviendrai plus tard. Ensuite, la situation juive n'y est abordée que superficiellement. Bien sûr, il est impossible de passer complètement à côté de ces Juifs pourchassés et de l'Holocauste mais ils tiennent un rôle plutôt secondaire. Donc, c'est avec beaucoup de curiosité que je me suis lancé dans cette oeuvre magistrale de Hugo Claus.

En introduction, j'écrivais que c'était une énième histoire sur l'Occupation mais, en même temps, ce n'est pas vraiment ça. La première partie du roman, le chagrin, commence au milieu des années 30 et se dirige tranquillement vers la fatidique année 1939. Il n'y est pas vraiment question de guerre, c'est essentiellement un roman d'apprentissage. le jeune Louis Seynaeve se promène entre le pensionnat chez les soeurs, où il poursuit son éducation, et sa famille. Une enfance qui paraît ordinaire, passionnée par la lecture, d'où une imagination débordante, mais pas si innocente : avec ses amis, Louis forme une société secrète pour résister aux règles sévères de son établissement. Les rumeurs d'un conflit imminent ne l'effraient pas vraiment. En fait, le pire danger pour ce jeune coeur sensible est le monde des adultes qui l'entourent. Bien malgré eux…

Pourtant, quand la guerre arrive et que les Allemands occupent la Belgique, les choses ne semblent pas aller si mal. On remarque très peu les nazis, qui ne sont ni méchants ni cruels. Les Flamands se chargeront eux-mêmes de le devenir… Ainsi, la deuxième partie du roman s'intitule assez pertinemment Les Belges. Elle se déroule de 1939 à 1947. Louis n'est plus un enfant mais un adolescent, et il voit ses parents, son grand-père paternel, sa multitude d'oncles et de tantes, tout le voisinnage, même certaines religieuses, se retrouver au milieu de conflits moraux. Ils agissent par lâcheté, pragmatisme, cupidité, perversion, stupidité et entêtement. Ils collaborent avec l'ennemi et plusieurs de ceux qui refusent de le faire agissent par mesquinerie et non par conviction. Et Louis, en fin observateur, ne pose pas de jugement. Je suppose que c'était important pour Hugo Claus.

Ainsi, l'Occupation n'est qu'un prétexte. Oui, elle amène le lecteur à se poser plusieurs questions d'ordre existentiel, voire moral. Toutefois, elle permet surtout de mieux comprendre les tensions qui divisent son pays natal, la Belgique, et les revendications nationales flamandes qui sont expliquées en détails par l'auteur. Sans top de lourdeur, heureusement, du moins si le lecteur ne s'embourbe pas avec les entités politiques, acronymes et personnalités locales. En ce sens, le bouquin appartient également au genre du roman historique.

Je termine ma critique sur deux remarques. La première, Louis, devenu adulte, se lance dans l'écriture. Puisque les dates de naissance du jeune homme coïncident avec celles de l'auteur Hugo Claus et que certains éléments de l'histoire semblent coïncider avec sa vie, on peut supposer que le chagrin des Belges et, ne serait-ce que partiellement, autobiographique. J'ai fait quelques recherches qui corroborent un peu cette hypothèse. Cela explique le réalisme (jusque dans les moindres détails) et la densité du roman. Surtout, et c'est ma deuxième remarque, on vantait la richesse de son vocabulaire et la virtuosité avec laquelle l'auteur maniait les niveaux de langue en néerlandais, en particulier à travers les dialogues. Je suppose qu'une partie se perd dans la traduction, même si celle-ci était excellente. Bref, un oeuvre incroyable à tous les niveaux.
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Deux dimensions essentielles s'entrecroisent dans ce récit. Une dimension subjective, liées à l'univers intérieur du personnage principal du jeune héros, Louis Seynaeve, enfant puis adolescent, sensible et imaginatif, réinventant le monde selon ses envies et angoisses. En même temps une dimension historique, nous sommes entre1939 et 1947, donc la guerre mais aussi toute la dimension, quasi inconnue pour moi, des revendications de l'identité flamande, qui semble toujours très actuelle.

Nous suivons Louis et sa famille, d'abord à l'internat tenu par des religieuses où il est pensionnaires, inventant tout un univers pour lui-même et ses camarades, dans lequel des religieuses sont retenues contre leur gré dans des chambres secrètes, où des objets de la vie quotidienne deviennent des talismans. Et évidemment les premiers émois. Et les questions, les relations compliquées avec les parents, et toute la famille (très nombreuse). Et évidemment tous les bouleversements apportés par la guerre, même si les événements sont comme amortis par le regard de Louis, qui compte tenu de son âge n'est pas en mesure de tout comprendre ni savoir mettre sur les choses les mots d'adultes, et à qui surtout son imagination baroque fait transformer les choses pour en faire par moments un récit presque de conte, même si c'est un conte cruel, où la souffrance et les morts ne manquent pas. Ce procédé de faire raconter cette histoire par un enfant et adolescent, très imaginatif qui plus est, fait que l'auteur n'a pas à prononcer des jugements de valeur, des condamnations, à faire la morale en quelque sorte, même si on peut parfaitement lire entre les lignes et nous faire notre propre jugement.

Nous avons droit à une extraordinaire galerie de personnages, mi-monstrueux mi-attendrissants, décrits pas les petits gestes et les propos quotidiens, en même temps transformés par l'imagination de Louis en une sorte de bestiaire de livre enluminé.

C'est un véritable tour de force, que les 800 pages du roman tiennent leur promesse et que le procédé de l'auteur, du regard de Louis, innocent et baroque, ne finisse pas par lasser, et de tourner à vide, de devenir répétitif. Mais j'ai eu envie de suivre jusqu'au bout cette histoire, et je trouve la fin vraiment réussie, une dernière trouvaille qui donne en même temps une sorte de perspective à tout ce qui précède…
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Louis Seynaeve est un garçon comme les autres : il rêve beaucoup, se fantasme en héros, souffre de l'oppression de ses parents et des autorités scolaires et religieuse. Pensant son enfance c'est la Deuxième Guerre Mondiale et l'invasion de sa Flandre par les nazis. Ce livre montre les souffrances flamands, ceux qui ont souffert de privation et qui sont passer à travers le conflit sans trop de difficulté. Certains Flamands hésitent entre défendre l'idéale de la Belgique fédérale, ou se tourner vers leurs conquérants. Les Allemands sont du groupe linguistique et ont beaucoup plus en commun avec eux que les Alliés, et même à la limite les Wallons. le jeune Louis découvre la sexualité, l'hypocrisie des adultes,l'embrigadement et son désir d'écrire.

Ce roman épais et assez autobiographique, l'auteur y dépeint l'oppression de l'Église et de la société bien pensante dans la Belgique de sa jeunesse, de 1938 à 1947. Il faut un peu connaître le pays pour s'y retrouver dans les références culturelles. le style varie d'un moment à un autre, de la réalité à l'imaginaire. Parfois on pourrait penser comme nous les wallons que les expressions et la manière d'écrire sont des belgicismes flamands comme nous les wallons des belgicismes wallons Louis le narrateur découvre ses talents littéraires . de plus, les aventures de l'adolescent sous l'occupation et la libération sont plus intéressantes que celle du jeune garçon limité aux quatre murs de son Institut catholique.
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Chronique provinciale forte et complexe, à la fois roman initiatique et fresque historique. de 1939 à 1947, huit ans de la vie d'un jeune Flamand, Louis Seynaeve, de sa famille et sa ville natale, Walle (Courtrai). Dans ce roman, le réalisme le plus cru côtoie l'étrange, la drôlerie n'exclut pas l'émotion, l'anecdote foisonnante ne cache pas le sens. Beaucoup de dialogues, certains "en belge" car il est évident que la mentalité d'un peuple et ses contradictions s'expriment naturellement dans le langage qu'il pratique.
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On entend beaucoup de la France, de l'Angleterre, de l'Allemagne, des États-unis et du Japon des années 1934-45 mais trop peu de pays comme la Belgique et pourtant!

Des plus intéressant cette position des flamands qui, pour promouvoir et défendre leur culture face aux francs, baissaient les yeux sur certains faits et gestes de ceux qui représentaient les nazis.

Tout aussi éclairant cette position où ont acceptait l'Allemagne d'Hitler pour se protéger du menaçant communisme.

Adviendra ce que nous connaissons… la Belgique sera envahie par l'Allemagne.

Le roman débute dans un couvent-école, un peu dans le style de « Au revoir les enfants » de Louis Malle.

L'écolier flamand Louis (ce prénom choisi par l'auteur évoque clairement un côté Français) devient grand mythomane et écrivaillon. Ses expériences, comme tout enfant grandissant en temps de guerre, se teintent évidemment de tensions et de traumas.

Roman de type historique et de 745 pages!

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
[...] c'est alors que le sol s'était fendu et que des veines ocre étaient apparues, ensuite étaient venus les Nerviens qui en avaient tiré de la terre pour construire leurs fours et consolider leurs huttes, plus tard un ancien Belge avait eu l'idée de cuire des blocs de glaise mouillée pour en faire des briques, alors que les Grecs utilisaient du marbre, ça a toujours été ainsi, les Belges préfèrent bricoler avec des boîtes d'allumettes, les autres construisent en marbre, en porphyre et en granit.
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- L'Anglais ne connaît que ce qui est anglais. C'est comme ça avec les insulaires.
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(Le lapin a reçu de Dieu, à la création, un sourire qu'il perdit ensuite par négligence. Depuis lors, il cherche en vain ce sourire évaporé, en reniflant et en plissant le nez.)
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Les Allemands, ça ce sont des ingénieurs et des poètes en même temps.
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- Quand quelqu'un a faim, il est capable de tout.
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Videos de Hugo Claus (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hugo Claus
10 mars 2010 :
Mot de l'éditeur : Philippe Dutilleul trouve autant de raison daimer la Belgique que de motifs de la détester. le délitement du pays le désole. Il livre ici un portrait acide de ce pays où rien ne va tout à fait comme cela devrait, où lon sest habitué à vivre de petits arrangements. Un pays miné non seulement par les tensions nationales et les querelles communautaires, mais par un passé chargé daffairisme, de fraudes, de scandales jamais vraiment élucidés, comme laffaire Dutroux ou celle des tueurs du Brabant-Wallon
Le réalisateur du tonitruant « Tout ça ne nous rendra pas la Belgique » stigmatise une opinion publique amorphe, manipulées par les ambitions politiciennes des uns, assommée par la médiocrité des autres. Il renvoie dos à dos les autruches wallones et les incendiaires flamands. Il sinsurge contre un pays qui senferme peu à peu dans une logique dapartheid. Il peste contre un roi à la petite semaine qui na ni la carrure de son père ni celle dun Juan Carlos en Espagne.
Pourtant, assure-t-il, le Royaume de Belgique pourrait être formidable. le pays de Rubens, Ensor et Magritte, de Brel et dHugo Claus, des frères Dardennes et Jacko van Dormel, de Frankin et Geluck ne manque ni de talents ni dhumour. La Belgique, écrit Dutilleul, cest aussi un art de vivre, une bonhomie, une forme de simplicité, voire un goût du burlesque qui se moque du complexe de supériorité du voisin français
Lauteur Philippe Dutilleul, journaliste à la RTBF, est lun des réalisateurs du fameux magazine « Strip Tease » devenu aujourdhui « Tout ça (ne nous rendra pas le Congo) ». Il sinscrit dans une tradition du journalisme social, insolent, dérangeant. le 13 décembre 2006, il stupéfiait la Belgique avec un reportage fiction annonçant la scission du pays.
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