En lisant le résumé, on y est allé un peu à reculons : encore un livre sur un enfant qui disparaît ? Mais
Paul Cleave est un de nos auteurs de référence : du polar bien noir, avec un humour tout aussi noir, bien construit, bien écrit, on y va.
La première moitié du roman est très classique. En effet, un enfant disparaît. Zach, 7 ans, gamin qui peut sembler attachant au départ mais s'avère très difficile. Une fugue ? On peut le penser. Un infanticide commis par des parents dépassés ? C'est ce que croient la police, les médias, l'opinion publique. le couple de parents, Lisa et Cameron Murdoch, auteurs de polars à succès, sait comment commettre un crime parfait. Alors pourquoi autant de maladresses de leur part ? Et ces excès de colère mal maîtrisés du père, cohérents avec la minutie requise pour un meurtre prémédité ? C'est trop gros. le couple fusionnel se fissure, si prévisible.
On reste alors sur notre faim, malgré l'attrait du personnage de Cameron Murdoch, une vraie figure d'écrivain, avec un univers mental bien fouillé et des expressions typiques d'auteur, comme "Et-si...", "Mr Manches-retroussées", etc. Lorsqu'il est le narrateur (un chapitre sur deux), on apprécie davantage que lorsqu'il est simple acteur dans l'enquête de police. le livre aurait gagné à être resserré dans cette première partie, un peu trop convenue.
Puis arrive la seconde partie du roman. Un tournant. On retrouve le
Paul Cleave qui sait jouer avec nos nerfs. On en oublie les quelques "rebondissements" qu'il nous a livrés, comme le surprenant recours à un médium, la chanson parodique de "haters", l'inévitable piste pédophile, pas à la hauteur du Cleave qu'on connaît. Etait-ce pour mieux nous cueillir avec la suite ? On l'espère. En tout cas, après, il ne nous déçoit pas. Cameron Murdoch s'avère être un personnage plus complexe que le père colérique et aveuglé par la douleur brossé dans les chapitres précédents. D'autres personnages également (la mère, un des enquêteurs) changent totalement de dimension. Belle démonstration, s'il en était, qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Valable pour les personnages du roman, valable pour le lecteur.
merci à #NetGalley